Avec la pandémie, le piratage et l'espionnage des smartphones sont à la mode
Le Covid19 n'a pas seulement bouleversé le monde du travail, de la santé, des transports partout dans le monde. Il a aussi durement mis à l’épreuve nos équipements informatiques qui connaissent une utilisation intensive et sont plus que jamais sujets aux attaques et piratages des “hackers” qui profitent du télétravail massif et du passage au “tout numérique” imposé par la distanciation sociale. Au “cybercrime” s'ajoute la “cybersurveillance”, car les employeurs se servent aussi des smartphones pour mieux espionner et contrôler leurs employés. Dans ce contexte anxiogène, où tout doit se faire en ligne, les smartphones sont-ils en réalité nos pires ennemis?
Le télétravail pousse les employeurs à se servir des smartphones pour surveiller la performance des employés
Sous prétexte d'aider des services débordés, ou de garantir des mesures de sécurité (filtration de documents sensibles, stockage des données...), des logiciels sont mis en place pour espionner les travailleurs, analyser leurs performances… et bien sûr s’assurer qu'ils sont effectivement en train de travailler. Anicet Mbida, expert en cybersécurité, cite quelques exemples d’outils informatiques légaux (ActivTrak, InterGuard, Teramind, Desktime ou InnerActiv) qui permettent d'espionner les salariés à condition que l'employeur respecte les conditions d'utilisation.
En France, Uber, et Deliveroo traquent aussi leurs employés, grâce à la géolocalisation de leurs téléphones portables pour garder un oeil sur leurs performances. Si les livreurs à vélo vont un peu trop doucement, ou s’ils font des pauses, les employeurs peuvent en être informés grâce aux données émises par leurs portables.
Les smartphones sont-ils vraiment des outils d'espionnage accessibles aux hackers?
Cette surveillance est accrue dans le contexte actuel, mais elle n'est malheureusement pas nouvelle. Les révélations du célèbre lanceur d'alerte Edward Snowden datent de 2013, et le grand public a tendance à les oublier. Il révélait alors qu'un programme de l’agence de renseignement américaine NSA appelé Optic Nerves permettait à l'administration américaine d'enregistrer des images des webcam de n'importe quel utilisateur des “tchats” vidéo de Yahoo. Techniquement, cela est possible pour toute application ayant accès à la webcam d'un ordinateur, ou à la caméra d'un smartphone. Snowden a même lancé une application permettant convertir un smartphone en outil de cybersecurité pour surveiller un endroit a distance.
Depuis ces révélations, les géants du Web et les réseaux sociaux ont été accusés d'espionner leurs utilisateurs, de les enregistrer et de les surveiller sans leur consentement. En 2018 Mark Zuckerberg, a dû démentir ces accusations et affirmer devant le Congrès américain que Facebook n'avait « jamais utilisé les microphones des téléphones pour influencer la publicité et le fil d'actualités ».
Plus récemment, le 17 septembre dernier, une utilisatrice américaine d’Instagram a déposé une plainte contre Facebook (propriétaire d’Instagram) pour des soupçons d’espionnage des utilisateurs d’Instagram via les caméras des iPhone, même lorsqu’elles ne sont pas activées. Selon Facebook, il s’agit uniquement d’un bug , Instagram n'accédant pas à la caméra de l'utilisateur tant que son accès n'est pas requis pour créer une nouvelle story ou prendre une nouvelle photo. Facebook a rassuré ses utilisateurs en assurant que « ce bug » a été résolu.
Une application pour vérifier que l’appareil photo de votre smartphone ne vous espionne pas
Il existe heureusement de moyens d’être avertis d'un possible contrôle à distance de votre smartphone. S'il s'agit d’un iPhone doté d'iOS 14 , l’utilisateur pourra voir petit point vert sur l'écran si l'appareil photo ou le microphone sont actifs. Pour les utilisateurs Android , une application permet d'afficher un voyant si le microphone ou l'appareil photo ont été activés.
Sommes-nous plus facilement espionnés en temps de pandémie?
Avec la pandémie, les tendances montrent clairement que les outils numériques ont brusquement pris une place plus importante dans tous les domaines de la vie quotidienne. Le gouvernement lui aussi incite les citoyens à utiliser des outils numériques qui utilisent leurs données personnelles, comme l'application StopCovid, même si le Premier Ministre Jean Castex ne l'a pas encore téléchargée. Le succès de cette application n'est pas au rendez-vous, et très peu de gens l'utilisent, mais c'est un nouvel exemple de technologie créant une anxiété toute logique, concernant un éventuel risque d'atteinte à la vie privée ou d’espionnage.
Contre ce contrôle, une lutte s'organise, à commencer par les livreurs, qui créent des coopératives pour échapper à la tyrannie de la surveillance des plateformes et à la “souffrance psychologique” liée à ces entorses au droit du travail. Les syndicats de salariés commencent eux aussi à s'emparer de la question. Mais du côté du grand public et des citoyens lambdas, il n'y a pas encore de mouvement de protestation d'ampleur, et l'on semble, pour l'instant, accepter cette surveillance et ce contrôle tacites.
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