"Bliss" : quand les patients atteints de cancer s’évadent grâce à la réalité virtuelle (VIDEO)
On le sait: les traitements pour combattre et soigner les cancers ou les graves pathologies ne sont pas de tout repos. Longs et éprouvants, ils sont difficiles à supporter pour une grande majorité de patients, provoquant dans la plupart des cas un isolement. Partant de ce constat, Mélanie Péron a eu l'idée originale d'utiliser la réalité virtuelle pour réenchanter leur quotidien, pour leur permettre de s'évader pendant quelques instants. Après plusieurs années de développement, cette ancienne bibliothécaire documentaliste a mis au point, par le biais de son entreprise sociale L'Effet Papillon, une application en 3D qui immerge le patient dans un monde doux et onirique. L'objectif: accompagner les malades et les proches à mieux gérer les étapes du suivi médical (salles d’attente, consultations, examens médicaux lourds).
D'abord développé sur ordinateur, le projet, baptisé Bliss, s'est ensuite poursuivi sur smartphone et casque de réalité virtuelle afin de faciliter son utilisation, les anciens équipements n'étant "plus pertinents pour des personnes épuisées qui ont déjà plein d'appareillages sur les bras", explique-t-elle à FranceSoir.
Concrètement, le patient, équipé d'un casque Gear V de Samsung, est immergé pendant quelques minutes dans un monde "zen" où il évolue au milieu des prairies, lacs et arbres. Pour la version alpha, qui arrivera prochainement, il y aura des petites bêtes et même des interactions avec les yeux. "Suivant l'endroit où il posera les yeux, des choses se passeront". En parallèle, "du son binaural" (musique qui peut favoriser l'entrée dans de nombreux états de conscience, de la méditation à la concentration, NDLR) ou son 3D sera également intégré dans l'application. "Notre objectif, c'est de rester dans des choses très douces, contemplatives, méditatives", ajoute-t-elle. A terme, de nombreux autres environnements, réalisés par des infographistes et développeurs de la société Enozone basée à Laval, devraient être disponibles (bord de mer, forêt, fond marin, etc.). "J'aimerais bien qu'on puisse aborder la thématique du cancer ou de la fragilité sans être en larmes et penser mort", confie-t-elle en parallèle.
Face à cette expérience des plus déconcertantes, qui amènerait des résultats "hallucinants", les médecins semblent vouloir passer à l'étape supérieure. Pour sa part, Mélanie Péron dit voir "la différence avant et après". "Pour moi, voir leur sourire sur leur visage, c'est la plus belle des récompenses". Désormais, aux côtés des professionnels avec qui elle travaille, elle rédige un protocole pour faire une étude nationale multicentrique afin d'évaluer Bliss pour des patients victimes de soins invasifs (ponctions de moelle, ponctions lombaires). "Ces gestes très techniques ne font pas forcément du bien. Les seules propositions disponibles pour tenter de rendre ces pratiques moins douloureuses sont le gaz hilarant ou le patch anesthésiant. Les solutions sont très limitées", explique-t-elle tout en précisant que "la réalité virtuelle peut être aussi efficace voire plus que la morphine".
Consciente du potentiel de son application de démonstration, Mélanie Péron a lancé dernièrement une campagne de financement participatif sur Kisskissbankbank, relayée notamment par la Banque Postale. Franchissant son premier objectif, cette jeune entrepreneuse a récolté la somme de 25.537 euros, de quoi continuer le développement de son projet. "Notre rêve est de sensibiliser 365.000 personnes pour représenter symboliquement les 365.000 personnes diagnostiquées chaque année en France".
Inspirée par son vécu, elle aussi y a été confrontée lorsque son compagnon est tombé malade en 2007. Atteint d’une leucémie, il a été hospitalisé pendant de longues semaines en chambre stérile, s’isolant chaque jour un peu plus. Immergée dans cet univers éprouvant, "j’ai rapidement remarqué que la communication avec les amis et la famille pouvait être difficile. Les principaux sujets de discussion des proches étant très orientés autour des effets secondaires, de l’appétit, de la déprime", se souvient-t-elle précisant avoir eu l’idée de son projet à cet instant. Si son compagnon ne s'en est pas sorti, cette jeune femme déterminée, qui a tout plaqué en 2010 pour se consacrer au domaine du social, continue de se battre pour son projet avec pour seul mot d'ordre: "ne rien lâcher".
Cet article fait partie de notre dossier "Réalité virtuelle: un outil moderne et novateur pour la médecine" à consulter en cliquant ici.
(Voir ci-dessous la vidéo de présentation du projet "Bliss")
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