Sonia Krimi, une "voix cash" chez les marcheurs, sur "le fil du rasoir"

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Par Charlotte HILL - Paris (AFP)
Publié le 15 juin 2018 - 13:03
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Sonia Krimi à l'Assemblée nationale le 21 février 2018
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© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives
Sonia Krimi à l'Assemblée nationale le 21 février 2018
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"Je ne vais pas attendre qu'un ministre m'épelle ce que je dois penser!": Sonia Krimi ne se cache pas derrière son petit doigt quand elle est indignée, notamment sur la question migratoire, quitte pour cette députée LREM à frôler la ligne rouge.

"Mais on est où là, on est où? On les accueille, point!" Dans les couloirs de l'Assemblée, entourée de caméras, l'élue de la Manche de 35 ans s'étrangle d'une France restée muette sur les migrants de l'Aquarius.

Idem sur les propos d'Emmanuel Macron sur le "pognon" et les minima sociaux: cette novice en politique s'est sentie "très très mal à l'aise". Plaidant pour la "bienveillance", antienne macroniste, elle a même fait un parallèle avec "les sans-dents", sur France 5.

Née en Tunisie et naturalisée en 2012, cette brune souvent souriante, qui dit être venue en France parce que c'est le pays des droits de l'Homme, n'en est pas à sa première colère au Palais Bourbon.

Cette "migrante économique" issue d'une famille modeste, qui a notamment travaillé pour le nucléaire et été diplômée d'école de commerce, s'était faite remarquer avec son interpellation de Gérard Collomb sur les centres de rétention dans une question au gouvernement en décembre.

Juste après, dans les couloirs, le socialiste Olivier Faure avait lancé à cette députée de l'ex-circonscription de Bernard Cazeneuve: ne laissez pas le gouvernement "vous conduire là où vous ne voulez pas aller".

Mobilisée sur le projet de loi asile-immigration, elle s'est abstenue, après avoir hésité jusqu'au bout à voter contre.

Début juin, elle avait appelé, à rebours de son groupe, à la démission du président de la commission des Finances Eric Woerth (LR), mis en examen.

- "côté insoumis" -

Sonia Krimi est "entière, sincère, impétueuse et travailleuse", loue la députée Delphine Bagarry, une proche. Matthieu Orphelin voit "de la sincérité dans ses convictions et ses réactions, parfois à fleur de peau". Quitte à agacer par "son registre émotionnel" et à se faire "remonter les bretelles" par certains responsables.

"Elle me fatigue", lâche un "marcheur". "Les injonctions ne font pas avancer le débat", a lâché Cendra Motin (LREM) après ses propos sur l'Aquarius.

Erwan Balanant (MoDem) apprécie "que des personnalités fortes" s'expriment, même si "ça peut énerver". Cela montre que la majorité n'est pas "stéréotypée" et, sur certains sujets, on peut être "bien contents d'avoir une voix cash", juge ce Finistérien, récusant tout parallèle avec les anciens "frondeurs" PS.

Il la croit "respectée" dans son groupe car "mine de rien, elle s'est faite toute seule", élue sans l'investiture LREM -accordée à un ancien juppéiste.

Député LR de la Manche, Philippe Gosselin salue une collègue "brillante et habile" et "en même temps un peu déroutante", dont le parcours "force le respect".

Elle a "beaucoup d'ambition" et sait qu'elle "n'existerait pas dans les mêmes conditions hors du groupe". "Toute sa difficulté est de rester en permanence sur le fil du rasoir", "elle l'a très bien compris".

Certains se demandent, comme Eric Coquerel (LFI), "ce qu'elle fait dans cette majorité", vu son "côté insoumis" avec ses "colères saines". Cette femme "courageuse" n'est "certainement pas à sa place chez En Marche", abonde Elsa Faucillon (PCF).

Mais l'ex-consultante "cost killer" se sent aux antipodes économiquement, estimant avoir "toute (s)a place à LREM".

Au groupe, on souligne que "chacun comprend qu'elle exprime sa sensibilité avec passion et conviction". Mais on rappelle aussi les "règles de vie commune: liberté dans nos débats internes" et "péché mortel" du vote contre.

Pendant les discussions sur l'asile, la députée avait anticipé d'autres sujets clivants, craignant "le même petit problème sur la fin de vie, la PMA" et plaidant pour la liberté de vote.

"Le syndrome post-traumatique des frondeurs, il faut passer à autre chose", avait-elle affirmé.

Leur chef de file à l'époque, Christian Paul, lui a adressé mercredi un petit message sur Twitter: "Quand le pouvoir parlementaire est confisqué... Il reste de la place au courage. Bon courage, Sonia Krimi!"

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