France : le commerce équitable s'implante aussi chez les paysans l’hémisphère nord

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 05 décembre 2016 - 10:34
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Les enseignes de la grande distribution se livrent une guerre des prix.
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©A.G.Photographe/Flickr
Trente ans après la naissance du "commerce équitable" pour défendre les petits planteurs de café ou de bananes "du sud", les consommateurs français sont de plus en plus sollicités pour soutenir les paysans "du nord".
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Le "commerce équitable" se développe également chez les agriculteurs des pays dit "du nord" et les consommateurs sont très demandeurs. "Depuis deux ans -en gros depuis la crise du porc, puis celle du lait- on sent la tendance augmenter" dit à l'AFP Serge Le Heurte, responsable agriculture de la chaîne d'épicerie bio Biocoop.

cc"Depuis deux ans -en gros depuis la crise du porc, puis celle du lait- on sent la tendance augmenter", afin que les agriculteurs français puissent de nouveau vivre décemment de leur production, dit à l'AFP Serge Le Heurte, responsable agriculture de la chaîne d'épicerie bio Biocoop.

Le commerce équitable vise d'abord à instaurer un prix "rémunérateur et stable" pour des producteurs de produits de qualité, à 70% bio, explique Julie Stoll, déléguée générale du syndicat professionnel du commerce équitable.

Les premières "assises nationales" du commerce équitable "made in France" se tiennent le 8 décembre à Paris. "C'est un phénomène très récent: la récupération du concept de commerce équitable pour les filières agricoles nationales", dit-elle. Un peu comme si le mouvement équitable réinventait les bonnes vieilles coopératives agricoles nées au début du 20e siècle.

Certaines sont aujourd'hui accusées de s'être trop éloignées des intérêts de leurs adhérents, les paysans, et d'avoir trop accompagné le développement de l'agriculture intensive, chimique et capitalistique, au détriment des petits producteurs.

Jusqu'en 2014, le commerce équitable franco-français ou nord-nord n'avait pas d'existence légale. Il ne pouvait être que sud-nord. Certaines marques ont mêmes été condamnées en 2012 pour avoir utilisé le terme "équitable" sur leurs emballages.

La loi sur l'économie sociale et solidaire, dite "Hamon" de juillet 2014, autorise les acteurs économiques à utiliser la mention "équitable" sur des produits français, à condition que trois principes soient respectés:

> contrats pluri-annuels entre producteurs et distributeurs sur une durée d'au moins trois ans

> prix minimum d'achat garanti au producteur, même en cas de baisse des cours, sur la base des coûts de production.

- octroi d'une prime de développement collective visant à renforcer l'autonomie des groupes de producteurs.

> 25% de hausse en 2015 -

Les consommateurs français, qui consomment en moyenne 9,96 euros par an et par personne de produits équitables du sud, suivent, émus par les agriculteurs qui abandonnent le métier car ils n'arrivent plus à couvrir leurs coûts.

Le chiffre d'affaires du commerce équitable "made in France" s'est élevé à 134 millions d'euros en 2015, soit une hausse de 25% par rapport à 2014, première année de comptabilité. Quelque 1.150 produits de ce type sont vendus en France contre 8.000 références environ de produits du sud.

En 2015, Biocoop a réalisé un quart (24%) de ses ventes en "équitable": 10% viennent du café, cacao, thé, et bananes "du sud", et 14% de produits laitiers ou bovins issus de petits producteurs français.

Biocoop avait devancé la tendance en lançant dès 2003 une gamme "Ensemble solidaires avec les producteurs", avec près de 2.300 fermes bio.

D'autres jouent le jeu: Ethiquable, une coopérative (SCOP) qui crée des partenariats avec des groupements de producteurs sous la marque "paysans d'ici". L'association Agri-ethique a lancé la première "baguette équitable", faite à partir de blé local, mais non bio, vendu à prix fixe au meunier, puis au boulanger. La première boulangerie parisienne s'est lancée cette année, mais il en existe 600 dans tout le pays.

"Nous voulons faire savoir que le blé francilien est de bien meilleure qualité que celui des pays de l'est où l'on utilise des produits phytos dangereux, interdits depuis 10 ans en France" souligne Jean-Michel Martin, jeune céréalier engagé dans l'opération. "La visibilité des prix sur trois ans nous permet de poursuivre nos activités lorsque les cours mondiaux du blé s'effondrent, comme cette année" ajoute-t-il.

Même la grande distribution prend le virage. Les manifestations d'agriculteurs en 2014 et 2015 contre les prix trop bas n'y sont peut-être pas étrangères. Après le succès de la marque de lait "c'est qui le patron?" lancée par Carrefour cet été en soutien à un groupement d'éleveurs, le distributeur prévoit d'étendre sa gamme à de nouveaux produits, comme une pizza équitable, du fromage, des cookies, ou des steaks hachés.

 

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