La livre dégringole face au dollar après le ralliement du maire de Londres aux pro-Brexit
La livre britannique est tombée lundi 22 à son niveau le plus faible en près de sept ans face au dollar, plombée entre autres par le ralliement de l'influent maire de Londres Boris Johnson aux partisans de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), le "Brexit".
Vers 13H40, heure de Paris, la livre a atteint 1,4058 dollar, son niveau le plus faible depuis mi-mars 2009, enfonçant ainsi un précédent plus bas datant de fin janvier. La livre peinait par la suite à se reprendre, cotant 1,4135 dollar vers 17h (Paris) alors qu'elle valait encore 1,4392 dollar vendredi 19 vers 23h (Paris).
Face à l'euro, la livre sterling était également sous pression, baissant à 78,02 pence pour un euro vers 17h (Paris) contre 77,35 pence vendredi soir.
"La livre britannique a pris un coup qui l'a fait chanceler après que le populaire maire de Londres Boris a annoncé son soutien à la campagne pour que le Royaume-Uni sorte de l'UE", a observé Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets.
Le charismatique maire de Londres, le député conservateur Boris Johnson, a annoncé dimanche 21 qu'il ferait campagne pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE, un revers pour le Premier ministre David Cameron quatre mois avant le référendum sur la question. "Un tel face à face entre le Premier ministre et le maire de Londres (pourtant du même parti) va provoquer des grondements considérables dans le monde des investisseurs et c'est pour cela qu'ils quittent tous la livre pour chercher la sécurité relative que représente à leurs yeux le dollar, en tout cas pour le moment", a observé Augustin Eden, analyste chez Accendo Markets.
Comme l'a expliqué Simon Smith, analyste chez FxPro, "la livre s'était un peu renforcée vendredi suite à l'accord tardif entre le Royaume-Uni et l'UE sur le statut du pays au sein de l'Union", mais dimanche, "le très influent maire de Londres, qui est vu par beaucoup comme le possible successeur de David Cameron au poste de Premier ministre, s'est prononcé pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE, et la livre sterling est partie sur un chemin plus prudent". Ainsi, "la probabilité d'un +Brexit+ s'est renforcée avec la ralliement de Boris (Johnson) dans le camp favorable à la sortie", a poursuivi M. Lawler.
David Cameron a présenté lundi au Parlement l'accord obtenu vendredi à l'arraché avec ses partenaires européens. Il espère convaincre une majorité de Britanniques de voter "oui" au référendum du 23 juin sur le maintien de la Grande-Bretagne.
Pour Simon Smith, la livre va connaître une période difficile, où "c'est plus l'incertitude qui va peser sur la devise que les investisseurs prenant position sur l'issue (du référendum) et les conséquences pour l'économie", deux aspects difficiles à évaluer.
Mais pour Sylvain Loganadin, analyste chez FXCM, "le marché anticipe dès à présent une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne en vendant notamment la livre sterling de façon soutenue, ce qui laisse la porte ouverte aux velléités baissières de la devise britannique". Et pour lui, "malgré l’accord obtenu par David Cameron, la dichotomie actuelle entre le cycle économique du modèle britannique et celui de la zone euro pourrait contribuer à une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne si le Premier ministre britannique ne parvenait pas à convaincre les électeurs du bienfait de cet accord avant le 23 juin".
En effet, si la croissance économique du Royaume-Uni a quelque peu ralenti l'année dernière, elle est restée, à 2,2%, confortable et supérieure à celle de la zone euro, qui regroupe 19 des 28 pays membres de l'UE et a vu son produit intérieur brut (PIB) grimper de 1,5% en 2015.
Cependant, pour Jeremy Cook, analyste chez World First, ce que regardent en priorité de nombreux cambistes avant d'investir dans une monnaie sont les comptes courants d'un pays et ceux du Royaume-Uni sont en déficit, ce qui n'est pas le cas de la zone euro. Et le déséquilibre des importations par rapport aux exportations du Royaume-Uni risquerait de se creuser avec une sortie du pays de l'UE, a estimé l'analyste.
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