Le Commonwealth veut profiter du Brexit pour doper ses échanges
Relégués au second plan depuis des décennies, les pays du Commonwealth veulent tirer profit de la future sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne pour relancer le commerce entre eux.
Les 52 pays membres de l'organisation - anciens territoires de l'Empire britannique pour la plupart - voient dans le Brexit une opportunité de renforcer leurs liens, aidés par une langue commune et des systèmes législatifs proches.
La Première ministre britannique, Theresa May, qui souhaite sortir du marché unique européen, a insisté sur la construction d'un Royaume-Uni "ouvert sur le monde" qui signera ses propres accords commerciaux avec les Etats-Unis, les puissances asiatiques et les pays du Commonwealth.
Un souhait qu'elle a réaffirmé lundi à l'occasion de la Journée du Commonwealth.
En amont des célébrations, l'organisation a réuni vendredi à Londres 35 ministres du Commerce du Commonwealth, une première depuis 2005.
"Un certain nombre de pays nous ont fait part de leurs inquiétudes quant à l'impact que le Brexit pourrait avoir sur leur économie", a expliqué la secrétaire générale de l'organisation, Patricia Scotland.
"Le défi auquel nous sommes confrontés au niveau mondial, le ralentissement économique et le protectionnisme, est bien réel. Mais le Commonwealth, en tant que grande famille, a l'opportunité d'en tirer profit", estime-t-elle.
Les échanges économiques entre les pays membres de l'organisation représentent quelque 600 milliards de livres (684 milliards d'euros), soit 15% du commerce mondial, même si le Commonwealth, qui regroupe un quart des pays du globe, pèse pour près d'un tiers de la population mondiale.
- 'Porte déjà ouverte' -
"C'est le bon moment pour créer un nouveau bloc commercial du Commonwealth", explique à l'AFP le ministre du Commerce sri-lankais, Malik Samarawickrama.
"Quel meilleur endroit où commercer que les pays avec lesquels nous entretenons des liens depuis de nombreuses années?", souligne Jonathan Marland, président du Conseil des entreprises du Commonwealth.
Après son entrée dans la Communauté économique européenne (CEE) en 1973, Londres avait mis de côté ses relations commerciales avec son ancien empire, vexant certains pays.
Et si Londres pousse aujourd'hui "une porte déjà ouverte", les Britanniques devront "faire preuve d'une certaine humilité", estime Jonathan Marland.
Le séisme du Brexit a été ressenti "très fortement, affirme Christian Cordona, le ministre de l’Économie de Malte, qui assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l'UE et aussi celle du Commonwealth.
"Mais cela crée une série d'opportunités qui n'existaient pas auparavant", juge-t-il.
Le centre de réflexion britannique Overseas Development Institute (ODI) et un groupe de députés conservateurs et travaillistes ont dressé une liste de 10 points pour renforcer les liens commerciaux au sein du Commowealth.
Parmi leurs recommandations figurent notamment la création d'une marque Commonwealth et la promotion des énergies vertes.
Mais pour Maximiliano Mendez-Parra, chercheur à l'ODI, le potentiel économique du Commonwealth ne doit pas être surestimé, l'Afrique voyant notamment la Chine comme un partenaire clé.
"Il y aura probablement une augmentation du commerce au sein du Commonwealth, mais on ne reviendra pas au niveau d'il y a 60 ou 70 ans", juge-t-il.
Pauline Schnapper, professeur de civilisation britannique contemporaine à l'Université Sorbonne Nouvelle, souligne que les ambitions britanniques vis-à-vis du Commonwealth ne tiennent pas compte de l'évolution du monde depuis 50 ans.
"La moitié des échanges britanniques se fait avec le continent européen, donc imaginer qu'on va remplacer ça avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande est absurde".
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