Tirs mortels de policiers à Paris : le conducteur du véhicule entendu par un magistrat
Un magistrat va interroger jeudi en vue d'une mise en examen le conducteur du véhicule soupçonné d'un refus d'obtempérer lors d'un contrôle samedi à Paris au cours duquel des policiers ont tiré, tuant une des passagères, a appris l'AFP auprès de son avocat et du parquet de Paris.
"La garde à vue a été levée et mon client a été déféré", a indiqué son avocat, Me Ibrahim Shalabi, lors d'une conférence de presse.
"La garde à vue de l'intéressé a été levée ce matin en vue d'une ouverture d'information judiciaire des chefs de tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique, refus d'obtempérer aggravés, conduite d'un véhicule malgré injonction de restituer son permis de conduire, récidive de conduite en ayant fait usage de stupéfiants et sous l'empire d'un état alcoolique", a indiqué le parquet de Paris à l'AFP.
"Compte tenu de l'état de santé de l'intéressé, le magistrat instructeur se transportera dans la journée pour interrogatoire" à l'hôpital où le mis en cause a été admis, a ajouté cette source.
Lui-même grièvement blessé par les tirs des policiers, ce conducteur avait été placé mardi en garde en vue alors qu'il était déjà hospitalisé.
Il est soupçonné d'avoir refusé d'obtempérer samedi en fin de matinée dans le XVIIIe arrondissement de Paris, alors que des fonctionnaires à VTT ont voulu contrôler deux fois son véhicule.
Les fonctionnaires ont fait feu à neuf reprises, selon le parquet, l'ont atteint au niveau du thorax et ont touché à la tête sa passagère assise à l'avant, une jeune femme née en 2001 qui est décédée le lendemain.
Me Shalabi a souligné jeudi que les occupants de la voiture, qui sortaient de soirée, n'étaient pas recherchés et que le véhicule était bloqué par un bus lorsque la police a ouvert le feu. "La voiture ne pouvait pas circuler", a-t-il assuré.
Interrogé sur l'état de santé du conducteur, sa sœur Sonia (prénom modifié) a répondu qu'il était "mal en point, mais son état s'améliore".
"C'est vrai que mon frère a eu des problèmes avec la justice mais ça ne permet pas de justifier les violences qui ont été faites", a poursuivi Sonia devant la presse. "Il a refusé d'obtempérer par peur d'aller en prison (...) par peur que la police l'arrête car il n'avait pas son permis".
"Son passé judiciaire ne légitime pas les neuf balles tirées", a insisté la jeune femme.
La garde à vue des trois policiers ayant fait usage de leur arme - deux hommes de 23 et 32 ans et une femme de 31 ans - a été levée mardi au bout de quarante-huit heures pour "poursuite des investigations" dans le cadre de l'information judiciaire ouverte mardi.
Ils ne sont pas mis en examen à ce stade.
Plusieurs associations ont appelé à un rassemblement samedi à Paris pour demander l'abrogation de l'article L435-1 du code de la sécurité intérieure qui règlemente l'usage des armes à feu par les forces de l'ordre.
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