Loi immigration : le diable et la cuiller...
TRIBUNE - Le président de la République voulait "sa" loi immigration avant Noël. Il l'a obtenue, grâce à ses opposants à l'Assemblée nationale (avec sa "minorité absolue", la loi n'était pas votée), et moyennant une division dans ses rangs parlementaires qu'il se faisait fort de réparer, en faisant lui-même appel à un toilettage du texte par le Conseil constitutionnel.
C'est tout le sens de la décision rendue par les trop fameux sages. Pour la circonstance, l'Etat PS a été ressuscité : Macron à l'Elysée, Fabius rue de Montpensier, ce sont deux anciens membres du Parti socialiste qui se trouvaient à la manœuvre.
Pour celles et ceux qui ont été élus pour s'opposer à M. Macron, et qui ont cru bon de lui apporter leur concours, la pilule est évidemment difficile à avaler. Et elle l'est d'autant plus que, contrairement à ce qui s'est produit en d'autres circonstances, le gouvernement n'a nullement l'intention de déposer un nouveau projet de loi pour faire adopter, d'une autre manière, les dispositions retoquées pour des motifs de forme, et non de fond, par le Conseil constitutionnel. Duplicité, quand tu les tiens !
Refuser les caprices du Prince
A défaut d'une cohabitation différente des précédentes, puisqu'aucune majorité ne s'est dégagée des urnes en juin 2022, les Républicains ont voulu jouer une autre partition, au prétexte d'un statut de "parti de gouvernement" : la coproduction législative. On voit ce qu'il leur en coûte aujourd'hui, sans même parler des débauchages qui n'honorent sûrement pas les débauchés. Ils n'ont tenu aucun compte des leçons du passé. Déjà, la cohabitation avec Jacques Chirac de 1986 à 1988 avait été un formidable marchepied pour un second septennat de François Mitterrand. "On ne déjeune pas avec le diable, même avec une très longue cuiller" : la formule de Raymond Barre, mettant en garde contre le piège de la cohabitation, illustre à merveille la situation présente.
De plusieurs côtés, une révision de la Constitution est demandée, afin que la démocratie ne soit plus confisquée par des juges et que le peuple français soit appelé à trancher lui-même les nœuds gordiens. Plaidant depuis tant d'années la cause du référendum, je ne peux que m'en réjouir. Mais on ne saurait méconnaître que c'est sur un tout autre sujet, l'avortement, qui n'a strictement rien à voir avec "l'organisation des pouvoirs publics", que M. Macron souhaite convoquer députés et sénateurs à Versailles pour réviser la Constitution. Aux opposants de s'opposer à cette diversion et de refuser de satisfaire les caprices du Prince.
Alain Tranchant est ancien délégué départemental de mouvements gaullistes en Vendée et Loire-Atlantique et président-fondateur de l’Association pour un référendum sur la loi électorale.
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