Trump offre un satisfecit à l'Otan pour ses 70 ans
Donald Trump a mis en sourdine ses critiques à l'égard de l'Otan, qui fête cette semaine ses 70 ans à Washington, allant même jusqu'à se féliciter mardi de la "montée en flèche" des dépenses militaires des pays membres de l'Alliance atlantique.
"Des progrès formidables ont été réalisés et l'Otan est beaucoup plus forte", a lancé le président des Etats-Unis à la Maison Blanche. "Depuis ma prise de fonctions, c'est une montée en flèche", "les gens payent et je suis très heureux", a-t-il ajouté en recevant le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, Jens Stoltenberg, dans le Bureau ovale.
Même si le milliardaire républicain s'attribue la paternité de ce succès, son satisfecit rompt avec plusieurs mois d'attaques de sa part.
Donald Trump n'a eu de cesse de bousculer les Alliés, semblant parfois mettre en cause l'utilité même de l'Otan et le bien-fondé de son principal pilier, l'article 5 du traité prévoyant qu'en cas d'attaque contre un pays membre, tous les autres volent à son secours.
Il insiste surtout pour un meilleur "partage du fardeau", accusant les pays européens de vivre aux crochets des faramineuses dépenses militaires américaines. Objectif: que chaque gouvernement porte son effort militaire à 2% de son produit intérieur brut (PIB) en 2024 au plus tard, conformément à une règle fixée il y a cinq ans. Première visée: l'Allemagne, qui est encore très loin du but, avec 1,5% prévu en 2024.
Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas avait d'ailleurs pris les devants en prévenant lundi que les "débats publics sur le partage du fardeau" risquaient de "provoquer l'incertitude au moment où la Russie met à l'épreuve" l'unité de l'Otan, "encore et toujours".
Mais le président américain n'a pas joué les trouble-fête, comme certains le redoutaient, à la veille d'une réunion de deux jours des ministres des Affaires étrangères de l'Otan.
"Quand je suis arrivé, ça n'allait pas", a-t-il redit mardi. Mais les Alliés "sont en train de rattraper leur retard", s'est-il réjoui, tout en jugeant toujours la contribution américaine "disproportionnée".
"La relation avec l'Otan est très bonne", a-t-il même assuré, s'attirant les remerciements du secrétaire général.
Ce dernier a rendu un hommage appuyé à son hôte, estimant sur Twitter que "son message sur un plus juste partage du fardeau" avait eu "un vrai impact". Avec un chiffre rond à la clé, pour le plus grand plaisir de Donald Trump: entre son arrivée à la Maison Blanche début 2017 et la fin de cette année, les dépenses supplémentaires des 28 autres pays membres auront atteint 100 milliards de dollars.
"Cela prouve la force de cette alliance", a estimé l'ex-Premier ministre norvégien qui doit prononcer mercredi un discours devant le Congrès américain.
- Mesures anti-russes -
Mais certains observateurs ont déploré qu'en ce moment symbolique, le message de l'homme d'affaires se soit résumé à une histoire de gros sous.
Il a omis de souhaiter bon anniversaire à l'Otan, "de remercier nos alliés pour leurs sacrifices" et pour "nous avoir soutenus le 11 septembre et aidés en Afghanistan", a relevé un ancien ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Alliance, Nicholas Burns. "Les grands présidents parlent pour le pays lors des anniversaires importants", et Donald Trump a "déshonoré la présidence", a-t-il dénoncé sur Twitter.
Créée pour contrer l'Union soviétique en Europe, l'Alliance est encore aux prises avec la Russie dans un contexte international aux faux airs de nouvelle Guerre froide. Les "menaces" russes sont tout en haut de l'ordre du jour de ces célébrations.
Les pays membres devraient, selon le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, annoncer jeudi une autre série de "mesures communes contre ce que la Russie fait en Crimée", la péninsule ukrainienne annexée en 2014. Un "paquet mer Noire", prévoyant notamment plus de surveillance et plus de navires de l'Otan, est prévu.
Toujours en décalage avec sa propre administration sur cette question, Donald Trump a lui réaffirmé vouloir une "bonne relation" avec Moscou. "Je pense qu'on peut bien s'entendre avec la Russie", a-t-il insisté.
La dispute entre la Turquie et les Etats-Unis, tous deux membres de l'Otan, autour de la volonté turque d'acquérir le système russe antimissiles S-400, pourrait aussi s'inviter à la réunion ministérielle. A la veille de la rencontre, Washington a augmenté la pression sur Ankara en suspendant toute livraison aux Turcs en lien avec les avions de combats américains F-35.
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