Généralisation de la vidéo surveillance pour contrôler le port du masque dans les transports
En une année, l’épidémie de Covid a accéléré l’adoption des technologies de surveillance . Alors qu’une expérimentation de la vidéo surveillance pour contrôler le port du masque avait été annulée en début d’année 2020, un décret du 10 mars annonce la prochaine mise en place du recours à la vidéo intelligente pour mesurer le taux de port de masque dans les transports publics.
Il n’y aura pas de collecte de données biométriques
À partir du 11 mars, et pendant un an, dans les territoires où le port du masque dans les transports en commun est régulé par une loi ou un décret, un système de vidéoprotection intelligent sera déployé pour mettre en place une évaluation statistique du pourcentage de port du masque. Ces données permettront de mieux adapter les actions d’information et de sensibilisation du public.
Ces images seront-elles collectées et utilisées à notre insu?
Les images seront captées uniquement par des caméras fixes situées dans les véhicules ou les espaces affectés au transport public de voyageurs. Pour respecter les droits et libertés en matière de vie privée, ces images ne seront ni stockées ni transmises à des tiers. Selon le décret, « ces images sont instantanément transformées en données anonymes afin d'établir le pourcentage de personnes s'acquittant de l'obligation de port d'un masque de protection ».
Les marchés de Cannes ont montré la voie
En mai 2020, la ville de Cannes a déployé cette même technologie dans trois marchés (Forville, Gambetta, La Bocca) et dans le Palmbus, le bus local. Un SMS ou un email notifie en temps réel aux employés municipaux le nombre exact et le pourcentage de personnes masquées. . L’entreprise Datakalab, chargée de cette expérimentation, est maintenant responsable de l’extension de cette technologie à l'ensemble du territoire. Dans un communiqué elle explique que le but n'est pas de distribuer des amendes aux citoyens, mais de mener “une action pédagogique, bienveillante et citoyenne, les incitant au port du masque ou, le cas échéant, en distribuant des masques à celles et ceux qui n’en ont pas.” Une autre expérimentation à la station parisienne de RER Châtelet a été bloquée.
Des craintes liées à la montée des technologies de surveillance
Selon Xavier Fischer, directeur de Datakalab, sa technologie se base sur l’analyse video et non pas sur la reconnaissance faciale. Elle est donc « compatible avec le RGPD », car les images sont auto détruites en quelques secondes.
Malgré les garanties de respect des données personnelles, la Quadrature du Net considère que ce décret est illégal et anti-démocratique, car seul le Parlement aurait le pouvoir d’autoriser un tel traitement.
En outre, la question de la l’adoption très rapide des techniques de surveillance de la population reste latente, car cela rend chaque fois plus difficile le respect du règlement qui vise à protéger notre vie privée. En juin 2020, suite aux tentatives de généralisation des caméras intelligentes, la CNIL appelait à la vigilance sur leur utilisation. Selon la Cnil le développement incontrôlé de cette technologie présentait le risque de généraliser un sentiment de surveillance chez les citoyens, de créer un phénomène d’accoutumance et de banalisation de technologies intrusives, et d’engendrer une surveillance accrue, susceptible de porter atteinte au bon fonctionnement de notre société démocratique.
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