"Comme des rois" : Kad Merad prend soin de son fils (critique)
Grâce à de petites arnaques et combines en tous genres, Kad Merad se débrouille comme il peut pour subsister et nourrir sa famille dans le film Comme des rois, qui sort ce mercredi 2 mai sur les écrans français. Une histoire d'amour pudique entre père et fils, sur fond de précarité et de persévérance.
Joseph (Kad Merad) ne parvient pas à joindre les deux bouts. Les fins de mois sont toujours difficiles, les loyers en retard s'accumulent, et sa petite entreprise d'escroquerie au porte-à-porte, entre deux coups foireux et combines minables, rapporte de moins en moins.
Il a une famille à charge: sa femme (Sylvie Testud), leur fille enceinte, leur fils Micka (Kacey Mottet Klein). Celui-ci l'aide et est son complice dans ses petites arnaques quotidiennes en banlieue. Mais il en a marre et rêve d'une autre vie: il veut devenir acteur et s'inscrire dans une école de comédiens.
"Faire le guignol, avec du maquillage?...", se moque son père. "C'est mieux qu'une vie de petit escroc, non?", lui répond le fils. Mais comment couper les liens familiaux avec un père dans le besoin quand on est son fils? Et comment respecter l'envie d'un fils aspirant à un autre destin quand on est son père?...
C'est le troisième long métrage du jeune réalisateur français Xabi Molia, 40 ans, normalien et écrivain avant de faire du cinéma. Comme dans ses deux précédents, Huit fois debout (2010, avec Julie Gayet et Denis Podalydès) et Les conquérants (2013, avec Denis Podalydès et Mathieu Demy), comédies amères sur fond de social et de destins individuels, il porte un regard attendri mais pas misérabiliste sur ses personnages qui sont souvent des losers, des bras cassés, des cabossés de la vie.
Mais, s'il est ici question de précarité et de classes défavorisées, il évite les écueils du cinéma social avec moralisation, bons sentiments et réflexe intellectuel c'est-la-faute-à-la société. Il ne gomme pas les défauts des personnages et n'en fait pas des héros, mais s'attarde sur leurs efforts pour s'en sortir plutôt que sur des dérives, des échecs, des renoncements.
L'histoire n'est pas tout de rose enrobée, mais le film n'est pas triste ou sombre ou pessimiste. "Je me suis efforcé de maintenir en permanence une forme de légèreté, d’humour, sans perdre de vue la dureté des conditions sociales, cette France d’aujourd’hui dans laquelle beaucoup se débrouillent comme ils peuvent, parfois aux dépens des autres, parce que c’est une question de survie", explique Xabi Molia.
C'est aussi, et surtout, une belle histoire d'amour père-fils, à laquelle le réalisateur est devenu sensible en devenant lui-même père. "Tout l’enjeu de cette histoire, c’est la libération d’un fils face à un père aimant mais toxique", dit-il. "Comme des rois, c’est l’histoire d’un regard, le regard d’un père sur son fils, qui doit changer pour que le fils puisse commencer à vivre enfin. Et pour que leur relation, peut-être, se construise autrement".
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Pour cela il fallait un beau duo d'acteurs. Kad Merad est parfait –il en fait ni trop, ni trop peu– et enrichit le jeu du jeune acteur suisse Kacey Mottet Klein, 19 ans, qui s'était fait remarquer à 12 ans dans le film L'enfant d'en haut où il faisait déjà des petits larcins et trafics dans une station de ski pour aider sa grande sœur, interprétée par Léa Seydoux.
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