En Marche ! : Macron met le cap sur la présidentielle
A deux jours de l'allocution de François Hollande du 14 juillet, Emmanuel Macron a mis clairement le cap mardi soir sur la présidentielle de 2017, tout en épargnant le président et en lançant quelques piques à Manuel Valls."A partir de ce soir, nous devons être ce que nous sommes, c'est-à-dire le mouvement de l'espoir", a lancé M. Macron devant 3.000 militants et sympathisants de son mouvement En Marche! réunis à la Mutualité pour un premier grand meeting. Ce mouvement, "nous le porterons ensemble jusqu'à 2017 et jusqu'à la victoire", a-t-il ajouté, sans toutefois aller jusqu'à se déclarer officiellement candidat.
Dans un discours fleuve de plus de 1h20 prononcé devant une salle de la Mutualité comble (1.800 places assises plus des partisans restés à l'extérieur), le ministre de l'Economie a pris soin de "remercier" François Hollande de l'avoir nommé, quelques heures après avoir été la cible de Manuel Valls. Peut-on être ministre et présider de tels meetings? "Il est temps que tout cela s'arrête", avait lâché mardi 12 après-midi le Premier ministre, qui s'était jusque-là gardé de critiquer aussi ouvertement son ministre de l'Economie de 38 ans, relançant les spéculations sur un éventuel départ de M. Macron du gouvernement.
"On en refera d'autres", a rétorqué M. Macron, un rien provocateur, au début de son meeting. S'il n'a pas cité une seule fois directement le Premier ministre, dont il a pris le contre-pied en se disant défavorable à l'interdiction du voile à l'université, Emmanuel Macron a semblé vouloir donner des signes d'apaisement envers François Hollande. "Le président de la République m'a fait confiance et je ne l'en remercierai jamais assez", a déclaré l'ancien poulain du chef de l'Etat, dont les ambitions présidentielles s'annoncent comme un nouvel obstacle pour un deuxième quinquennat Hollande. "Je ne veux pas d'une mode qui (...) consisterait à dire du mal du gouvernement ou du président de la République, ce n'est pas ma crémerie!". Ce qui ne l'a pas empêché d'émettre une critique voilée en parlant d'un pays "usé des promesses non tenues" et usé "de l'entre chien et loup".
Emmanuel Macron a semble-t-il aussi voulu accentuer sa tonalité sociale. Si le premier grand pilier de sa politique est de "libérer le pays", "on ne peut pas demander aux Françaises et aux Français de prendre des risques s'il n'y a pas de filets de sécurité, de solidarité, quelque chose qui nous fait avancer ensemble. C'est ça le deuxième pilier". "Je suis de gauche, c'est mon histoire, c'est ma famille", a assuré M. Macron, qui a aussi déclenché une ovation debout en saluant Michel Rocard, décédé début juillet.
Le meeting avait débuté dans une ambiance tendue aux abords de la salle: les participants avaient été accueillis par une centaine de manifestants contre la loi travail avec des jets d'œufs et des sifflets. "Les bourgeois, les banquiers, c'est par là", criaient un manifestant en montrant l'entrée de La Mutualité, alors que des partisans du ministre, nombre d'entre eux en costume, attendaient de pouvoir entrer. Ce rassemblement pouvait également apparaître comme une tentative de relance, alors que la trajectoire ascendante de M. Macron a connu ses premiers "couacs" (affaire du "costard", jets d’œufs sur le ministre, démêlés autour de son ISF...)
"On a beaucoup entendu qu'il était seul, que c'était une aventure solitaire, je pense que ce soir ça va être la démonstration du contraire", a souligné Benjamin Griveaux, un ancien strauss-kahnien qui fait désormais partie de la première garde de M. Macron. Etaient présents mardi soir le maire de Lyon Gérard Collomb, le sénateur François Patriat, les députés Richard Ferrand, Arnaud Leroy, Stéphane Travert et Corinne Erhel, Christophe Castaner, tous socialistes. L'ex-ministre de Jacques Chirac Renaud Dutreil était là lui aussi. Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien publié mardi, 36% des Français souhaitent qu'Emmanuel Macron se présente, contre 14% pour François Hollande et 26% pour Manuel Valls.
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