François Molins : Abaaoud avait prévu de "se faire exploser à La Défense"
Onze jours après les attentats qui ont endeuillé la région parisienne, le procureur de Paris, François Molins, a donné une conférence de presse pour annoncer les dernières avancées de l'enquête. Il a notamment annoncé qu'Abdelhamid Abaaoud et l'un de ses complices, retrouvé mort à ses côtés à Saint-Denis, avaient prévu de se faire exploser les 18 ou 19 novembre à La Défense.
Ce mardi 24 au soir, François Molins a commencé son point de presse en donnant des détails sur la géolocalisation du téléphone d’Abdelhamid Abaaoud. Celle-ci aurait en effet permis d’attester que, après avoir participé au commando des terrasses et abandonné le véhicule Seat à Montreuil, le terroriste avait circulé à Nation, "fait plus tard corroboré par l'exploitation des vidéos de surveillance de la RATP".
En effet, "Abdelhamid Abaaoud est vu à 22h14 à la station de métro Croix de Chavaux en compagnie d'un second individu non identifié avant de sortir à la station Nation", a expliqué François Molins. En outre, la géolocalisation de sa ligne a attesté, entre 22h28 et 0h28, d'une présence dans les 11e, 12e et 10e arrondissements et notamment à proximité du Bataclan,"ce qui laisse penser qu'il est revenu sur les lieux des crimes (...) alors que la BRI intervenait encore au Bataclan".
"Les investigations téléphoniques ont également permis d'établir qu'Abaaoud a pu se trouver entre la Courneuve et Aubervilliers dans les 48 heures précédant le rendez-vous avec sa cousine Hasna Ait Boulahcen". "A ce stade des investigations", l'implication de la jeune femme "a été établie dans la recherche du lieu de repli de ce dernier", a poursuivi François Molins.
En effet, Hasna Ait Boulahcen a été en contact le 15 novembre avec Jawad Bendaoud, "qui, contre rémunération, a proposé de mettre à disposition un appartement de la rue Corbillon à Saint-Denis".
Elle a finalement retrouvé Abaaoud le 17 novembre. Ce dernier l'attendait "dissimulé derrière un buisson en compagnie d'un second individu non identifié à ce stade".
Aujourd'hui, les différents éléments de l'enquête permettent de démontrer qu'Hasna Ait Boulahcen était "parfaitement au courant de l'implication de son cousin dans les attentats du 13 novembre et c'est donc sciemment qu'elle est intervenue pour favoriser son repli et sa fuite", a assuré le procureur de Paris, rappelant qu'à l'issue de l'assaut de la police dans l'appartement de Saint-Denis, elle a été "retrouvée morte par asphyxie suite à l'explosion du premier kamikaze et de l'effondrement consécutif du plancher".
"J'en viens au terroriste kamikaze de l'appartement conspiratif de Saint-Denis", a ajouté François Molins. "Il n'a toujours pas été identifié. Nous disposons toutefois d'un ADN et d'empreintes exploitables qui ne ressortent pas dans les données des services français". Cet ADN ressemble toutefois à celui mis en évidence sur un fusil saisi dans le véhicule Seat abandonné à Montreuil.
Cela "permet de supposer" que ce kamikaze est "peut-être le troisième homme des commandos des terrasses". Si cela s'avérait exact, cela signifierait donc que Salah Abdeslam, actuellement en fuite, n'a jamais participé à cette attaque, les deux autres hommes du commando étant son petit frère Brahim et Abaaoud lui-même.
Enfin, des éléments laissent penser qu'Abdelhamid Abaaoud et ce fameux inconnu retrouvé mort à ses côtés lors de l'assaut à Saint Denis "avaient un projet d'attentat qui consistait à se faire exploser le mercredi 18 ou le jeudi 19 novembre à La Défense", a annoncé François Molins.
Quant à Jawad Bendaoud, le logeur de Saint-Denis, le parquet a requis ce mardi sa mise en examen et son placement en détention provisoire, notamment pour "participation à une association de malfaiteurs terroristes criminelle", a indiqué le procureur selon qui des écoutes ont révélé que l'homme avait "pris part en toute connaissance de cause à une entreprise terroriste".
Enfin, six magistrats antiterroristes ont été saisis de l'enquête sur les attentats, a annoncé François Molins. Parmi les chefs visés par l'information judiciaire figurent ceux d'"assassinats et tentatives d'assassinats en bande organisée, tentatives d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en bande organisée, séquestrations en bande organisée, fabrication d'engins explosifs, direction d'une association de malfaiteurs terroristes ou encore financement du terrorisme".
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