Jean-Marie Le Pen exclut du FN mais reste président d'honneur : un "désaveu considérable" pour le parti, selon son avocat
"C'est une victoire!". Réagissant pour FranceSoir à la décision du tribunal de grande instance de Nanterre, rendue ce jeudi 17, de confirmer l'exclusion du FN de Jean-Marie Le Pen tout en le confortant comme président d'honneur du parti, son avocat maître Frédéric Joachim ne cache pas sa joie. Il n'hésite ainsi pas à saluer un verdict en forme de "désaveu considérable de la ligne du Front national" contre son fondateur.
"Il faut dire la vérité: si le FN a suspendu puis exclu Jean-Marie Le Pen en essayant entre temps de faire modifier les statuts du parti c'est car c'est le poste de président d'honneur qui était visé. Le parti n'en a cure que mon client ait sa carte ou non", explique maître Joachim. "Il fallait abattre le président d'honneur Jean-Marie Le Pen", insiste-t-il, en se réjouissant de la décision rendue ce jeudi qui contrecarre donc ce projet, selon lui.
Car en confirmant son client dans sa fonction, la justice lui confirme le droit de siéger dans les différentes instances du parti parmi lesquelles, à quelques mois des élections législatives, celles ayant trait aux investitures. "En cette période de chasse aux sorcières au FN, ça compte", selon maître Joachim, qui se félicite également de l'astreinte (dont le tribunal s'est réservé la liquidation) de 2.000 euros prononcée pour tout manquement. Et qu'importe si Jean-Marie Le Pen se retrouvera bien seul, sans ses fidèles comme Marie-Christine Arnautu, notamment, selon son avocat: "ce sera une voix peut-être minoritaire, mais écoutée, notamment face à un Florian Philippot qui fait entrer les siens pour encercler Marine Le Pen, qui est d'ailleurs la prochaine sur sa liste...". D'autant que pour un parti qui s'astreint à une certaine cure médiatique, calculée, et commence à lancer doucement sa campagne pour 2017 (les nouveaux QG, logo et slogan en vue de la présidentielle ont été inauguré mercredi 16), se retrouver au tribunal régulièrement pourrait faire mauvais effet.
Et maître Joachim de penser que l'astreinte de 2.000 euros par réunion où le sulfureux fondateur du FN ne serait pas convié sera suffisante, compte tenu d'un FN qui aurait "du mal à joindre les deux bouts". D'autant que le parti, auquel les banques ne se bousculent pas pour prêter des fonds, a une campagne présidentielle à financer, insiste l'avocat, qui confirme que son client demandera l'application de l'astreinte si ses droits ne sont pas respectés.
Et s'il pourrait paraître paradoxal de la part du tribunal d'avoir confirmé le patriarche frontiste dans ses fonctions de président d'honneur tout en entérinant son exclusion, maître Joachim n'y voit aucune contradiction. "On peut tout à fait ne plus, ou n'avoir jamais, été membre d'une association et en être membre d'honneur", explique-t-il. "Sauf qu'au FN, la présidence d'honneur est beaucoup plus qu'un titre honorifique...".
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