Résultats élections départementales : que va faire l'UMP dans l'Aisne, le Gard, le Vaucluse ?
L'Aisne, le Vaucluse et le Gard étaient les départements où le Front national nourrissait le plus d'espoirs. Si les troupes de Marine Le Pen n'ont réussi à remporter aucun des trois au second tour du dimanche 29, leur percée dans ces départements complique singulièrement la tâche de l'UMP.
En effet, si l'élection du président du conseil (le fameux "troisième tour") peut se faire à la majorité relative, le budget annuel par exemple doit être voté à une majorité absolue qui n'existe pas, à ce stade, dans ces trois départements. Etat des lieux.
> L'Aisne et le Vaucluse, vers des départements bloqués?
Sur les 42 sièges du conseil départemental de l'Aisne, 18 sont tombés dans l'escarcelle de l'alliance UMP-UDI, contre 16 pour la gauche et 8 pour le FN. Pour les uns ou pour les autres, il est donc impossible de diriger le département seul. Si le PS a déjà ouvert la porte à la constitution d'une majorité de gestion, Xavier Bertrand, chef de file de la droite dans l'Aisne, a immédiatement retoqué cette option. "Gouverner avec le PS, certainement pas. Nous n'avons aucune intention de cautionner et de poursuivre ce système qui a mené le département au bord du gouffre", a-t-il déclaré. Reste à savoir comment il compte gouverner.
Même configuration, ou presque, dans le Vaucluse où sur 34 conseillers départementaux, 12 sont du bloc de gauche, 12 de droite et 10 d'extrême droite (le FN et son allié de la Ligue du Sud). Et qui dit mêmes causes, dit mêmes conséquences: aucune majorité ne se dessine pour l'heure. Petit avantage à l'UMP toutefois puisque, en cas d'égalité lors de l'élection du président du conseil départemental, c'est le plus âgé des candidats qui l'emporte, en l'occurrence potentiellement Maurice Chabert (71 ans).
> Dans le Gard, Sarkozy va-t-il "laisser passer" la gauche?
Dans le Gard également, aucune majorité absolue n'est sortie des urnes. Si la gauche est légèrement en tête avec 22 élus (sur 46), elle est suivie de près par la droite qui totalise 20 sièges, tandis que le FN et ses 4 conseillers départementaux constituent une minorité de blocage. Pour autant, Nicolas Sarkozy aurait fait passer la consigne en bureau politique de "laisser passer" les socialistes plutôt que de s'allier avec le FN, croit savoir Europe-1. Ainsi, dans ce département, la "défection" organisée d'un élu divers droite par exemple pourrait permettre d'éviter tout blocage, du moins pour le moment.
> La théorie et la pratique
Si Nicolas Sarkozy a été clair et rejette toute alliance avec le FN, reste à savoir s'il sera suivi par ses élus locaux. Car ceux-ci n'auront que peu d'options pour ne pas rendre ingouvernables les trois départements en question. Une alliance locale avec le Front national, tout d'abord, mais aux risques de sanctions par la direction nationale du parti ainsi que de faire fuir l'électorat centriste. S'entendre avec la gauche pour bâtir une majorité de gestion, ensuite, ce qui accréditerait la thèse de l'"UMPS" de Marine Le Pen. Hors de question pour Nicolas Sarkozy, d'autant qu'un certain nombre de ses cadres/militants/sympathisants sont tout simplement allergiques aux socialistes…
Quant à Marine Le Pen, si elle est déçue de ne pas avoir remporté de département, elle savoure néanmoins cette position d'arbitre. Au mieux, elle aide à la division de l'UMP en attirant à elle quelques brebis galeuses; au pire, elle se présente en rempart au "système" et mise sur le "seul contre tous". Quoi qu'il en soit, pour les uns comme pour les autres, rien qui empêche les alliances locales nouées ponctuellement et discrètement. Affaire à suivre, donc.
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