Affaire Vincent Lambert : son épouse désignée tutrice
Le juge des tutelles de Reims a confié à la femme de Vincent Lambert la tutelle de son mari, hospitalisé depuis 2008 en état végétatif et dont le sort déchire sa famille, a-t-on appris ce jeudi 10 de sources concordantes. Rachel Lambert est favorable à l'arrêt des soins qui maintiennent en vie son mari. Dans son jugement, que l'AFP a pu consulter, le juge ordonne le placement sous tutelle, qu'il confie à Rachel Lambert pour une durée de 120 mois, et désigne l'UDAF (Union départementale des associations familiales) de la Marne comme "subrogé-tuteur", une sorte de tuteur suppléant.
Selon le juge, "l'état de santé" de Vincent Lambert "tel que décrit par l'expert permet d'envisager une mesure de tutelle de 10 ans en ce sens que l'altération de ses facultés personnelles n'apparait manifestement pas susceptible de connaître une amélioration selon les données acquises de la science". Cette décision "restaure la place de l'épouse", s'est félicité auprès de l'AFP Me Gérard Chemla, avocat de François Lambert, neveu de Vincent, partisan de l'arrêt des traitements.
Lors de l'audience du 1er février, le procureur avait requis la désignation d'un tuteur extérieur à la famille, auquel seraient associés deux subrogés-tuteurs, dont Rachel Lambert. "Je ne comprends pas la juge des tutelles, je suis surpris et déçu de cette décision qui nous fait stopper au milieu du gué. Le procureur était d'un autre avis et la plupart des personnes était favorable à la nomination d'un tiers, extérieur à la famille. Il semblait que c'était une solution de sagesse", a réagi l'avocat des parents, Me Jean Paillot, interrogé par l'AFP.
"Ce n'est pas la bonne décision. Nous sommes dans un conflit familial intense où Rachel fait partie des procédures, elle n'est pas neutre bien qu'elle occupe une place légitime d'épouse. Désormais, c'est la seule à représenter son mari notamment à l'hôpital, elle est à la fois juge et partie. (...) Nous étions d'accord pour la nomination d'un tuteur, mais pas pour que ce soit Rachel. Nous avons 15 jours pour relever appel de cette décision, il est trop tôt pour le dire et nous allons réfléchir, mais il n'est pas invraisemblable que nous choisissions cette option", a-t-il ajouté.
Le CHU de Reims, soutenu par les parents, catholiques traditionalistes farouchement déterminés à maintenir en vie leur fils, avait demandé la nomination d'une tutelle pour "déterminer un référent qui pourrait représenter légalement" le patient.
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