Attentat de Nice : selfies et repérages, les derniers jours de Mohamed Lahouaiej Bouhlel

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 06 octobre 2016 - 16:17
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Attentat à Nice.
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©VALERY HACHE / AFP
Nice, sur la promenade des Anglais dévastée, les enquêteurs commencent leur travail dans le camion de Mohamed Lahouaiej Bouhlel qui vient de terrasser la foule massée pour le 14-Juillet.
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Nice, sur la promenade des Anglais dévastée, les enquêteurs commencent leur travail dans le camion de Mohamed Lahouaiej Bouhlel qui vient de terrasser la foule massée pour le 14-Juillet. A côté du tueur abattu, un portable encore allumé va livrer le récit d'une dérive implacable.

Selon des éléments d'enquête dont l'AFP a eu connaissance, c'est en effet un SMS, le dernier envoyé par Lahouaiej Bouhlel à 22H27, quelques minutes avant de tuer 86 personnes sur près de deux kilomètres, qui va lancer les enquêteurs sur la piste de possibles complices du chauffeur-livreur tunisien de 31 ans, connu pour des faits de violence.

Et avant lui un message vocal adressé à un certain "Ramzy" à 17H55. "Ramzy, je suis passé tout à l'heure au Taxiphone rue Marceau, je t'ai pas trouvé. Je voulais te dire que le pistolet que tu m'as donné avant-hier est très bien. Dis à ton copain qui habite au 7, rue Miollis au 5e étage qu'il nous [en] ramène cinq. Chokri est ses amis sont prêts pour le mois prochain maintenant ils sont chez Walid."

Une adresse, trois prénoms, une date qui fait craindre un autre projet d'attentat... Ces premières investigations débouchent rapidement sur des interpellations. D'abord les trois personnes nommées dans le message: Ramzi Arefa, Mohamed Oualid Ghraieb (dit Walid) et Chokri Chafroud, suspecté par les enquêteurs d'être un "mentor influent" de Lahouaiej Bouhlel. Trois autres suivent: Hamdi Zagar et un couple d'Albanais, Artan Henaj et Enkeledja Zace, soupçonnés d'avoir participé, avec Ramzi Arefa, à la fourniture du pistolet automatique.

Le smartphone révèle une quantité de photos laissant supposer que le projet meurtrier était "mûri", comme l'a relevé dès le mois de juillet le procureur de la République de Paris, François Molins: des selfies de Lahouaiej Bouhlel pris le jour du drame sur la célèbre avenue niçoise, une photo des horaires d'ouverture de la fan-zone de l'Euro au début du mois, d'autres sur de rassemblements, un an plus tôt, notamment le 15 août.

A partir 11 juillet, début de la période de location du 19 tonnes dont le contrat est retrouvé dans le véhicule, Lahouaiej Bouhlel effectue au volant du camion onze passages sur la promenade des Anglais. Trois de ses relations passeront devant l'objectif du smartphone, devant ou à l'intérieur du 19 tonnes, notamment Mohamed Oualid Ghraieb et Hamdi Zagar.

Le jour même de l'attaque, il photographie aussi une feuille manuscrite comportant les noms de plusieurs connaissances, dont Ramzi Arefa et Chokri Chafroud. Le tueur aurait-il cherché à livrer des noms et des visages aux enquêteurs pour impliquer son entourage? Et pourquoi? "Rien ne permet à ce stade d'étayer cette hypothèse", souligne une source proche de l'enquête.

La trajectoire du chauffeur-livreur, inconnu des services antiterroristes au soir du 14 juillet, demeure une énigme. Les auditions de son entourage ont mis en exergue la personnalité ambiguë de cet amateur de boxe et de salsa, regard perçant et cheveux gominés: très éloigné de la religion musulmane, il est décrit comme un dragueur compulsif, "obsédé sexuel", frimeur mais se montrant discret au travail. "Il paraissait pervers, un regard à la fois agneau et loup, il pouvait être agressif et également très doux", se souvient la gérante d'une salle de sport.

Il a laissé l'image d'un homme instable, maltraitant sa famille, mais pas celle d'une bombe jihadiste à retardement. Il avait cependant dévoilé récemment une facette plus noire à travers sa fascination pour les images d'exactions du groupe jihadiste Etat islamique (EI) et "la violence morbide": torture, décapitations, scènes de guerre, accidents de la circulation.

Les investigations ne permettent pas à ce stade de lui attribuer une allégeance à l'EI ni de liens avérés avec la sphère jihadiste. Mais, aux yeux des enquêteurs, son action, revendiquée par l'organisation, s'inscrit dans les appels récurrents au meurtre lancés depuis la zone irako-syrienne. Lors de son audition, un de ses amis les plus proches, âgé de 74 ans, a tenté une explication: "Il a pu se dire: +je vais faire un désastre, on va parler de moi+".

 

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