Bobigny : trois policiers devant la justice pour avoir blessé au flash-ball des manifestants
Trois policiers comparaissent ce lundi 21 et pour une semaine devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir blessé des manifestants par des tirs de flash-ball en 2009 à Montreuil. Quatre des blessés, dont Joachim Gatti qui avait perdu un oeil au cours de l'altercation, se sont constituées parties civiles afin de faire de ce procès une tribune pour dénoncer les violences policières.
Le 8 juillet 2009, au petit matin, une centaine de policiers, dont le Raid, expulsent une quinzaine de personnes en situation irrégulière installées dans une clinique désaffectée à Montreuil. Le soir venu, des militants organisent un dîner à deux pas de là en soutien aux expulsés. Vers 22h00, une vingtaine de policiers débarquent pour disperser les manifestants. Au cours de l'opération, six personnes sont touchées au front, à la clavicule, à la jambe, au dos, au poignet et à l’œil.
Pour justifier cet usage de la force, l'un des policiers explique quelques jours plus tard à l'Inspection générale des services avoir eu "carte blanche de la hiérarchie si l'affaire se présentait mal". Une déclaration immédiatement démentie par son supérieur selon qui le dispositif policier mis en place constituait "un service d’ordre dans le cadre duquel les fonctionnaires n’étaient pas habilités à faire usage de leur flash-ball". Les trois policiers poursuivis assurent également avoir agi dans le cadre de la légitime défense, ayant été attaqués "d'une pluie de projectile", ce que contredira plus tard l'enquête de voisinage. Enfin, dans leur rapport administratif, les agents prétendent ne pas avoir réalisé que leurs tirs avaient fait des blessés alors que les victimes s'étaient pourtant écroulées en pleine rue.
Aujourd'hui, après sept ans d'attente, le Collectif du 8 juillet, fondé après le drame pour "se défendre de la police", se félicite du renvoi des trois policiers en correctionnelle. En effet, cela empêchera d'après lui de "faire reposer l’entière responsabilité des faits sur le policier ayant tiré sur Joachim Gatti". "Le policier aurait été jugé en tant que personne et non en tant que policier. On se serait attardé sur son profil psychologique, ses antécédents. On aurait cherché en vain la figure d’un criminel, d’un flic pourri (...) On aurait fait valoir une erreur de jugement", écrit le Collectif ce lundi dans une tribune publiée dans Libération.
L'agent auteur du tir sur Joachim Gatti encourt jusqu'à dix ans de prison et 150.000 euros d’amende. Ses deux collègues risquent quant à eux jusqu’à trois ans de prison et 45.000 euros d’amende.
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