Paris : 1.600 migrants évacués du campement situé métro Stalingrad
Plus de 1.600 migrants ont été pris en charge lundi 2 au matin lors de l'évacuation du campement qui s'était reformé sous le métro aérien Stalingrad, dans le nord de Paris, un record alors que la capitale, qui demande à l'Etat une "répartition territoriale équitable", a connu une vingtaine d'opérations de ce type depuis un an.
"1.615 migrants" ont été mis à l'abri lors de cette opération, a indiqué la préfecture de région dans un communiqué. Ils ont été acheminés vers des centres d'hébergement, en Ile-de-France essentiellement.
"Tous feront l’objet d’un suivi et d’un accompagnement social adaptés à leurs besoins. Le gouvernement reste pleinement mobilisé pour offrir un accueil digne à chacun et que personne ne reste sans solution d’hébergement dans notre pays", a assuré dans un communiqué la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, qui était présente lors de l'évacuation.
L'opération, qui avait débuté vers 06H00, s'est terminée aux alentours de midi, le temps de trouver un point de chute aux derniers migrants dont le nombre s'est révélé plus important que prévu. Le dernier pointage effectué dimanche faisait en effet état de seulement "400 à 700 personnes", selon la préfecture, notamment des Soudanais et des Afghans.
Une bonne centaine de "personnes vulnérables" (femmes et enfants notamment) ont été prises en charge par la ville de Paris.
"On est contents de partir", expliquait Moustafa, un Afghan de 24 ans installé ici depuis un mois, "il y avait des bagarres tous les soirs sur le campement".
"Je préfèrerais rester à Paris, c'est là qu'il y a le reste de la communauté, du travail...", affirmait pour sa part Abdullah, lui aussi afghan. Il ne parle pas français mais n'envisage pas de passer en Grande-Bretagne.
Sur le terre-plein coincé entre les deux axes du boulevard et écrasé par la voie du métro aérien, les tentes serrées, les matelas et les couvertures de survie près des poubelles débordant de détritus témoignaient de conditions de vie très dégradées.
L'idée était qu'ensuite, ces migrants demandent l'asile à partir des centres où ils ont été orientés, a indiqué sur place Jean-François Carenco, préfet d'Ile-de-France, en soulignant le nombre important de primo-arrivants parmi les migrants évacués. "Ce ne sont pas les mêmes" que lors des précédentes évacuations, a-t-il ajouté.
L'opération était menée par la ville de Paris, la préfecture de région et la préfecture de police, avec des représentants de France terre d'asile, Emmaüs, de l'Ofii (Office français d'intégration et d'immigration)...
Au total, une vingtaine d'opérations de "mise à l'abri" de ce type ont été organisées à Paris depuis le 2 juin 2015, date de l'évacuation du campement de La Chapelle tout près de Stalingrad. Au total, "8.068 offres d'hébergements ont ainsi été proposées", selon la préfecture.
La plus grosse opération était jusqu'alors celle menée en octobre au lycée désaffecté Jean-Quarré, qui avait concerné 1.300 personnes environ.
Le campement de Stalingrad avait été évacué une première fois le 7 mars, puis le 30 mars, avant de se reformer.
Certains occupants sont partis il y a une dizaine de jours vers le lycée désaffecté Jean-Jaurès, dans le XIXe arrondissement, dont le tribunal administratif a ordonné vendredi l'évacuation, avec un délai de grâce de 72 heures.
"On l'évacuera quand on sera prêts", a estimé M. Carenco, affirmant qu'"il n'y a pas besoin d'occuper un lycée pour que l'appareil d'État bouge".
Lundi soir, Anne Hidalgo a interpellé l'Etat en estimant qu'il ne fallait pas attendre "qu’un campement se crée pour agir". "Pourquoi attendre une telle situation critique pour tendre la main à ces personnes", indique la maire de Paris dans un communiqué, "il est désormais impératif de changer de méthode. L’Etat doit accepter de proposer, au fil de l’eau, des solutions d’hébergement aux réfugiés".
Mme Hidalgo affirme par ailleurs qu'il est "impératif d’ouvrir sans délai, dans toute la France, des places" en centres d'accueil où peuvent aller des personnes prises en charge à Paris. "Sans cette répartition territoriale équitable, leur insertion durable n’est pas possible. Seul l’Etat peut conduire cette mobilisation nationale", conclut le communiqué.
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