Un étudiant blessé à l'œil lors des manifestations, la "police des polices" saisie
Le procureur de la République de Rennes Nicolas Jacquet a confié à l'IGPN (Inspection générale des services, la "police des polices") une enquête pour déterminer les circonstances des blessures d'un jeune qui a été touché gravement jeudi à l’œil, en marge de la manifestation contre la loi travail à Rennes.
"J'ai ouvert une enquête, confiée à l'IGPN, pour déterminer les circonstances exactes de ses blessures", a expliqué vendredi à l'AFP M. Jacquet qui a ordonné une expertise par un médecin légiste, prévue vendredi après-midi, afin de déterminer la gravité de sa blessure de l’œil et leurs conséquences sur sa vision.
"Le médecin légiste qui a pu le voir a confirmé la perte fonctionnelle, totale et irréversible, de la vision de l’œil gauche", a indiqué M. Jacquet. Cet étudiant de 20 ans en géographie à Rennes 2 est toujours hospitalisé, a-t-il précisé.
Jeudi, après la manifestation syndicale contre la loi Travail, les forces de l'ordre ont chargé plusieurs centaines de jeunes manifestants venus en découdre avec les policiers qui empêchaient l'accès à l'hyper centre de Rennes. Peu après cette charge, un jeune étudiant en géographie de l'université Rennes2, âgé de 20 ans, a été touché à l’œil par un projectile.
"Après une charge policière très violente près du Parlement il était en train de refluer de l'autre côté de la Vilaine et c'est à ce moment-là qu'il a été touché par un tir de lanceur de balles dans l’œil. Nous avons été appelés à ses côtés et nous avons tout de suite vu que sa blessure était très grave. Et ce matin, il est borgne", a déclaré à l'AFP Hugo Poidevin, étudiant membre du comité de mobilisation de Rennes2 et de l'équipe médicale étudiante mise en place pour les manifestations.
Selon le dernier bilan communiqué par la préfecture d'Ille-et-Vilaine vendredi, 22 personnes ont été interpellées jeudi, neuf policiers ont été blessés légèrement. La préfecture ne recense que deux blessés parmi les manifestants, l'étudiant blessé à l’œil et un homme renversé en deux-roues et blessé "légèrement" par une voiture de police alors qu'il entravait "volontairement", selon la préfecture, sa circulation.
L'équipe médicale des manifestants a pour sa part recensé près d'une cinquantaine de blessés dont six hospitalisés. La préfecture a reconnu l'usage, pendant la manifestation par les forces de l'ordre, de lanceurs de balles de défense 40 (LBD40), des lanceurs de balles plus récents et puissants que les anciens "Flashball", une autre marque déposée.
Vingt-deux personnes, dont onze mineurs, ont été interpellées à Rennes jeudi. Aucun n'avait d'antécédents judiciaires. Neuf ont été interpellées pour s'être maintenues dans la manifestation après les sommations et treize pour jets de projectiles sur les forces de l'ordre, a indiqué le parquet.
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