Alexandre Benalla face au tribunal, trois ans après le scandale

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Par Anne LEC'HVIEN - Paris (AFP)
Publié le 13 septembre 2021 - 06:00
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Alexandre Benalla le 16 juillet 2018 à l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Alexandre Benalla le 16 juillet 2018 à l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

"Une saynète idiote" avec "une fausse arme": Alexandre Benalla s'est défendu lundi d'avoir illégalement porté une arme en 2017, au premier jour de son procès à Paris où il comparaît d'abord pour les violences du 1er mai 2018, l'utilisation frauduleuse de passeports diplomatiques et port d'arme.

L'ex-chargé de mission de l'Elysée est jugé jusqu'au 1er octobre pour plusieurs infractions, au premier rang desquels les gestes violents filmés en marge de la Fête du travail il y a trois ans, qui avaient déclenché un retentissant scandale dont les répliques ont duré des mois.

Masque chirurgical et lunettes rondes, l'ancien proche collaborateur d'Emmanuel Macron, tout juste âgé de 30 ans, répond posément et pendant près de trois heures aux questions sur son parcours, puis - premier délit examiné par le tribunal - sur une photo de 2017 sur laquelle il porte une arme, face à une présidente parfois sceptique.

Après le service d'ordre du Parti socialiste, Alexandre Benalla a été embauché, en août 2016, par l'association En Marche comme "directeur de la sûreté et de la sécurité": son job, "régler les problèmes", résume-t-il à la barre, ses épaules carrées cintrées dans un costume sombre.

Séduit par "l'aventure humaine", il comptera sous ses ordres "quatre salariés" d'En Marche et "environ 450 bénévoles dans toute la France". C'est à cette époque qu'il est soupçonné d'avoir commis un premier délit.

En cause, une photo prise en avril 2017 et révélée plus d'un an après par Mediapart: sur l'écran de la salle d'audience, une femme affiche un large sourire, entourée de deux membres du service d'ordre du candidat à la présidentielle Emmanuel Macron et d'Alexandre Benalla. Dans la main de ce dernier, ce qui semble être un pistolet Glock.

Or, avant le 13 octobre 2017, il n'était pas autorisé à porter une arme en-dehors de son domicile ou des locaux d'En Marche, souligne la présidente du tribunal Isabelle Prévost-Desprez.

"Cette photo, quand elle est sortie, la première chose que j'ai pensé c'est que c'était un montage", dit Alexandre Benalla. "Ensuite je me suis un peu souvenu de cette soirée festive, on a eu cette petite saynète, c'était une arme tout à fait factice", poursuit-il. Pendant l'enquête, il avait évoqué un "pistolet à eau".

- "Un rigolo" -

La présidente s'étonne de quelques "incohérences", ne cherche pas à peser ses mots: "Excusez-moi du terme mais un rigolo qui joue avec un pistolet à eau" et qui est chargé de la sécurité d'un candidat à la présidentielle, "il y a comme un décalage".

"Cette photo, elle n'est pas bonne", convient Alexandre Benalla. "Le geste est idiot, ce qui est sûr, c'est que c'est une arme factice", martèle-t-il.

Jamais il n'a "sorti du QG" de campagne les armes détenues par le parti, ni de son domicile celles qu'il possédait, jure-t-il.

Alexandre Benalla avait été identifié en juillet 2018 par le journal Le Monde sur une vidéo où il apparaissait avec un casque des forces de l'ordre, brutalisant une femme et un homme place de la Contrescarpe à Paris, à l'issue d'une journée de manifestation émaillée de heurts.

Alors au cœur du dispositif de sécurité du président Macron, il devait ce jour-là n'avoir qu'un rôle d'observateur. Sanctionné d'une suspension de 15 jours, il avait gardé un bureau à l'Elysée, avait révélé le quotidien.

Dès le lendemain, l'opposition dénonçait une "affaire d'Etat" et une enquête judiciaire était ouverte. L'affaire a empoisonné l'exécutif pendant des mois, au fil de révélations dans la presse et des auditions de commissions d'enquête parlementaires.

Visé depuis par six enquêtes judiciaires, dont une classée sans suite, M. Benalla a été renvoyé devant la justice notamment pour des violences en réunion et pour avoir usurpé la fonction de policier.

Avec son coprévenu et ami Vincent Crase, ancien gendarme de 48 ans, ils doivent notamment s'expliquer sur leurs agissements, filmés, le jour de la Fête du travail 2018 contre le couple de la Contrescarpe, mais aussi sur des soupçons de violences au Jardin des plantes, deux heures plus tôt, concernant trois manifestants.

Ce volet sera examiné à partir du 22 septembre.

Il devra aussi répondre de l'utilisation de deux passeports diplomatiques après son limogeage de l'Elysée et d'un passeport de service qu'il est soupçonné d'avoir obtenu grâce à un faux document.

Il encourt jusqu'à sept ans de prison et 100.000 euros d'amende.

Deux fonctionnaires de la préfecture de police de Paris sont quant à eux jugés pour avoir transmis, juste après l'explosion de l'affaire, des images de vidéosurveillance à Alexandre Benalla.

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