Allemagne : mystère autour de l'attaque à l'acide d'un dirigeant d'Innogy
Police et services de renseignement allemands s'efforcent d'éclaircir l'attaque à l'acide menée dimanche contre le directeur financier d'Innogy, filiale de l'énergéticien RWE, bête noire des militants écologistes pour ses activités dans le charbon.
Bernahrd Gunther, 51 ans, sortait dimanche matin de la boulangerie, une fournée de petits pains sous le bras, et traversait le parc de la localité de Haan (près de Düsseldorf), quand deux hommes "entre 20 et 30 ans" et "d'aspect méditerranéen" l'ont aspergé d'acide avant de prendre la fuite, relate la police dans un communiqué.
Le cadre d'Innogy, grièvement blessé aux yeux, a réussi à regagner son domicile situé 200 mètres plus loin et s'y est rincé le visage, un geste formellement déconseillé en cas d'attaque à l'acide car il étend encore plus les brûlures.
Entre la vie et la mort, M. Günther a été été évacué en hélicoptère par des secours, vêtus de masque à gaz et de combinaisons protectrices en raison de la dangerosité du produit utilisé: de l'acide sulfurique ultra concentré(pH 1-2), selon les informations du quotidien Bild.
La victime a été traitée dans une clinique spécialisée à Duisbourg où son état a été stabilisé, selon la police.
"Nous sommes profondément choqués", a commenté le PDG du groupe, Uwe Tiggs dans un communiqué. Basée à Essen, la firme ajoute ne pas disposer pour l'heure "d'informations sur le motif de cette attaque".
La police locale a lancé une enquête pour tentative de meurtre et cherche à déterminer si cette agression peut être liée à la vie personnelle ou professionnelle du cadre d'Innogy.
- Motif politique ? -
Financièrement, l'entreprise dont M. Günther gère les comptes depuis 2016 est en crise. L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a annoncé fin février qu'un conseil de surveillance extraordinaire de la firme devait se réunir en mars pour explorer différents scénarios de crise, y compris la revente complète de la société, laissée en décembre en grande difficulté financière par son ancien dirigeant Peter Terium.
Le quotidien Bild rapportait pour sa part lundi que le renseignement intérieur allemand s'était lui aussi saisi du dossier, dans une investigation parallèle, pour déterminer si le motif pouvait être politique.
Si Innogy est la filiale "propre" de RWE spécialisée dans les énergies renouvelables, la maison mère est elle propriétaire du plus gros parc à charbon d'Europe. RWE est devenue la bête noire des militants écologiste.
Sur le même modèle que les zones occupées françaises de Notre-Dame-des-Landes et de Bure, des militants écologistes occupent ainsi la forêt allemande d'Hambach, où RWE exploite une mine de lignite à ciel ouvert, un charbon brun de mauvaise qualité, très bon marché mais considéré comme très polluant.
Les attaques dites "au vitriol", apparues en Europe au XIXe siècle, sont en recrudescence, particulièrement à Londres, où 454 personnes ont subi en 2016 cette agression particulièrement violente qui entraîne des brûlures au troisième degré, voire la cécité, et laissent souvent la victime défigurée à vie.
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