Au lever du jour, des fans en deuil devant la maison de Johnny
"Johnny, c'est notre vie": des fans en deuil se sont recueillis mercredi devant le domaine de Johnny Hallyday à Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine), bravant le froid du petit matin jusque tard dans la nuit et tenus à bonne distance par un important dispositif de sécurité.
"C'est comme si je perdais quelqu'un de ma famille": Grégory Lebas, ému devant la petite impasse menant au domaine "La Savannah", était sur place dès 06H30, à peine quatre heures après l'annonce de la mort de la star à 74 ans des suites d'un cancer du poumon.
Fan du chanteur depuis ses 10 ans, cet habitant de Boulogne-Billancourt "ne pouvait pas faire autrement" que de venir. "Je l'ai suivi partout", souligne cet homme de 33 ans.
L'arrivée matinale des premiers fans a coïncidé avec la mise en place d'un important périmètre de sécurité, avec la mobilisation d'une compagnie de CRS et des forces de l'ordre aux abords du domaine de la star.
Au fil des heures, les fans, arborant pour certains des drapeaux, des casquettes ou des t-shirt à l'effigie du rockeur, se frayaient un chemin entre les caméras des nombreux journalistes pour se recueillir derrière les barrières à plusieurs mètres du portail. Certains étaient autorisés à les franchir pour aller déposer, sous bonne garde, des fleurs ou des petits mots à la porte de celui qu'ils admiraient.
Tout au long de la journée, les admirateurs de "l'idole des jeunes" ont confié leurs souvenirs, leur désarroi et leur tristesse aux nombreux médias sur place.
"C'est un peu comme si j'avais perdu un oncle, quelqu'un de proche, un ami", résume Christophe Divary, chauffeur de bus, venu avec sa mère déposer une rose blanche. "J'aimais l'homme, sa joie de vivre, l'esprit américain. C'était un tout", ajoute-t-il.
Véronique se rappelle avoir découvert le chanteur "toute petite", à la "télé en noir et blanc": "j'adorais le voir danser, se déhancher, se rouler par terre". "Ca fait trop de mal" dit, la voix brisée, cette aide à domicile de 53 ans, qui serait venue "en rampant" s'il avait fallu.
Chaque fan a son anecdote sur "Johnny", une rencontre, un moment marquant. Beaucoup l'ont suivi en tournée ou ont campé plusieurs jours devant l'un de ses lieux de concerts.
- "Il m'a aidé à m'en sortir" -
"C'est notre vie à nous, Johnny", résume Yves Buisson, les bras tatoués du visage et du nom de la star. "C'est mon dieu à moi", ajoute-t-il. "J'ai appris ça à 07H00, j'ai eu du mal", grimace-t-il, tout en espérant qu'un hommage national sera rendu au chanteur sur "les Champs Elysées".
"Il m'a appris la joie, le rock'n'roll, la +rock'n'roll attitude+. Il nous faisait voyager", sourit Geneviève Dimitropoulos, les larmes aux yeux, venue "témoigner sa reconnaissance" à celui qui était un "compagnon de vie".
"Il a donné sa vie à son public", estime cette élégante conseillère en voyages à Levallois-Perret, "en deuil" derrière ses lunettes noires.
Beaucoup sont venus en famille, parfois jusque tard dans la soirée. Jean-Louis Bougerd, "dit Johnny du 78", veut s'assurer que dans le futur, "ma fille chantera encore du Johnny".
D'autres ont vu Johnny les accompagner à chaque étape de leur vie, dans les bons comme les mauvais moments. "Je suis venu me recueillir auprès de Johnny parce qu'il m'a aidé à m'en sortir", dit Michaël Widemann, lui-même chanteur.
A la nuit tombée, quelques dizaines de mordus étaient encore là, à braver le froid en chantant pour se tenir chaud: "Que je t'aime", "Allumer le feu", "Laura" ou "L'envie d'avoir envie", étaient repris à mi-voix ou à plein poumon.
Vers 21H00, un homme se hisse sur une barrière pour haranguer la foule: "Allez ! Tous ensemble, les bras en l'air, Johnny Hallyday, Johnny Hallyday", hurle-t-il, suivi par les fans enthousiastes encore présents, avant de demander une minute de silence, respectée, le regard tourné vers le sol.
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