Brentwood, une banlieue de New York terrorisée par le gang MS-13

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Par AFP
Publié le 15 juin 2017 - 16:41
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Des affichettes collées par la police sur un arbre de la cour de l'école de Brentwood témoignent de
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Des affichettes collées par la police sur un arbre de la cour de l'école de Brentwood témoignent de l'omniprésence de l'organisation criminelle MS-13 dans cette banlieue de Long Is
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Regards méfiants, réponses laconiques au mieux: à Brentwood, une ville en apparence paisible avec ses rangées de maisons individuelles bordées de jardinets, rares sont ceux qui acceptent de parler du MS-13, le gang hispanique qui y sème la terreur.

Dans cette banlieue de Long Island, à 70 kilomètres à l'est de New York, près de 70% des habitants sont hispaniques, venus en grande majorité d'Amérique centrale.

"Je connais les membres du gang. Mais je n'ai rien à voir avec eux, je les évite", lâche en espagnol, à la sortie du lycée de Brentwood, une étudiante de 15 ans, avant d'accélérer le pas, refusant d'en dire plus ou de donner son nom.

Mais des affichettes collées par la police sur un arbre de la cour de l'école témoignent de l'omniprésence de cette organisation criminelle: on y voit les photos de deux de ses camarades, assassinées en pleine rue à coups de machette et de battes de baseball il y a neuf mois: Nisa Mickens et Kayla Cuevas.

Cela fait dix ans que le MS-13, de son nom complet Mara Salvatrucha ("le gang salvadorien"), apparu dans les milieux immigrés salvadoriens à Los Angeles dans les années 80 puis exporté en Amérique centrale, terrorise Brentwood.

En moins de deux ans, le gang a commis 17 assassinats sauvages dans le comté de Suffolk, où la police estime qu'il compte quelque 400 membres, essentiellement à Brentwood et dans la ville voisine de Central Islip.

- "Ma plus grande frayeur" -

En ville, poser la question du MS-13 suscite des regards méfiants, surtout de la part des immigrés, souvent sans-papiers. Comme les lycéens, la direction du lycée préfère ne pas en parler. Même mutisme chez la police de Suffolk.

Un des rares à briser le silence est le père d'une des étudiantes assassinées, Robert Mickens.

"Je n'ai pas peur. J'ai déjà connu ma plus grande frayeur: la perte de ma fille", dit cet homme de 40 ans, employé d'un foyer pour personnes âgées, la voix étranglée.

Il garde désormais les volets tirés dans son salon, qu'il a transformé en autel à sa fille Nisa, assassinée la veille de son 16e anniversaire pour avoir eu la malchance de se trouver en compagnie de son amie Kayla, en délicatesse avec le gang.

"Ca, c'est une coupe qu'elle avait remportée lors d'un championnat de basket, elle jouait bien", explique-t-il avant de montrer une série de photos.

Le chef de la police du comté, Timothy Sini, estime que la violence du MS-13 est en hausse, en partie en raison de l'arrivée massive de mineurs non accompagnés, sans-papiers, venus d'Amérique centrale. Ironie du sort: alors qu'ils fuient en partie la violence du MS-13 au Salvador, Honduras et Guatemala, ils tombent dans ses griffes aux Etats-Unis.

Depuis 2014, plus de 4.600 mineurs d'Amérique centrale sont arrivés dans le comté de Suffolk, essentiellement à Brentwood, selon la police.

Pour Joseph Kolb, chercheur au Centre pour les études migratoires, la décision de relocaliser des milliers de mineurs dans des villes comme Brentwood a provoqué "une crise de sécurité publique".

- "Pas d'échappatoire" -

"Ce sont des jeunes qui grandissent dans une culture de violence" et vivent à Brentwood avec un parent, un oncle ou un cousin qu'ils n'ont pas vu depuis des années, et qui parfois a rejoint le gang. Pour eux, souvent, "il n'y a pas d'échappatoire", dit-il.

Kolb estime que les méthodes de recrutement du gang, menaces et extorsions, sont si cruelles qu'il est impossible, malgré de récentes arrestations - y compris de quatre personnes soupçonnées d'avoir assassiné les deux lycéennes - de l'éradiquer.

Le président Donald Trump a fait du MS-13 l'une des priorités de la lutte contre la criminalité aux Etats-Unis, et l'invoque notamment pour justifier la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique.

Mais la police avertit de son côté que ce discours anti-migratoire a pour effet de réduire au silence les premières victimes du MS-13, la communauté hispanique, qui préfère se taire plutôt que de dénoncer ses crimes.

La police a certes multiplié les patrouilles en ville, mais les gens sortent moins le soir, promènent moins leurs chiens et les jeunes évitent les jardins publics, souligne M. Mickens.

"Je connais des gens qui sont partis de Brentwood, comme une famille dont le fils a été assassiné, et d'autres qui veulent partir", dit Lenny Tucker, président de l'Association des citoyens engagés de Brentwood.

"Moi-même je songe à partir d'ici", assure cet agent immobilier de 50 ans. "La violence des gangs tire vers le bas les prix de l’immobilier et détruit toute la communauté".

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