Cancer du sein : le Collège national des gynécologues inquiet de la baisse du dépistage

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Par AFP
Publié le 21 juin 2017 - 17:59
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La Tour Eiffel s'illumine de rose lors du mois de sensibilisation au cancer du sein, le 26 septembre
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© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP/Archives
La Tour Eiffel s'illumine de rose lors du mois de sensibilisation au cancer du sein, le 26 septembre 2016 à Paris
© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP/Archives

La mammographie victime de la même défiance que les vaccins, amplifiée par les réseaux sociaux? Les gynécologues français s'inquiètent de la baisse du dépistage du cancer du sein, qui conduit des patientes à consulter trop tard.

"Le dépistage organisé a baissé de façon historique ces derniers mois", déplore le président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), le professeur Israël Nisand.

Le CNGOF a annoncé le lancement d'une campagne en faveur du dépistage, mercredi lors d'une conférence de presse à Paris. Le cancer du sein touche plus de 50.000 nouvelles femmes par an et 12.000 femmes en meurent chaque année. C'est le cancer le plus meurtrier chez la femme.

"Il y a une ambiance négative, qui pousse à la méfiance et touche aussi les vaccins. Nous voulons dire: +Il y a peut-être des gens qui doutent, mais nous, on ne doute pas", poursuit le Pr Nisand.

Depuis 2004, un programme de dépistage organisé du cancer du sein est proposé aux femmes de 50 à 74 ans, avec un protocole précis qui inclut des mammographies prises en charge à 100% réalisées tous les deux ans.

Après avoir fortement progressé les premières années, ce dépistage organisé a marqué le pas. Son taux dépassait à peine les 52% en 2014.

Au dépistage organisé s'ajoute le dépistage individuel (des mammographies prescrites par les gynécos ou les médecins), qui concerne 10 à 15% des femmes de 50 à 74 ans.

L'addition des deux reste en-deçà de l'objectif européen fixé à 70%.

Or, "le diagnostic du cancer du sein à un stade précoce reste vital", souligne le docteur Marc Espié, responsable du centre des maladies du sein de l'hôpital Saint-Louis à Paris et membre du collège du CNGOF dédié à ces affections.

Cela permet de repérer des tumeurs plus petites et donc plus facilement guérissables, sans ablation du sein (mastectomie) ou chimiothérapie, selon ces praticiens.

- Tumeurs de plus en plus grosses -

Selon le CNGOF, les spécialistes voient arriver des patientes porteuses de tumeurs à un stade plus avancé qu'auparavant.

La raison? A force de critiques envers le dépistage, "elles finissent par entendre, par extension, que consulter ou se faire diagnostiquer est aussi inutile", assure la professeure Carole Mathelin.

A l'appui de ses dires, cette spécialiste des maladies du sein produit des photos difficilement supportables, dont on peine à croire qu'elles ont été prises récemment.

On y voit des femmes dont les seins sont rongés par la maladie, noircis, nécrosés. Selon le Pr Mathelin, ces patientes pensaient que la maladie pouvait régresser sans traitement.

Au-delà de ces cas extrêmes, c'est la défiance grandissante envers la mammographie qui inquiète l'instance représentative des gynécologues.

"Le discours ambiant, c'est que la mammographie représente un danger. Avant, on n'était jamais confronté à ça", fait valoir le docteur Espié.

Quelles seraient ces dangers, relayés sur internet et les réseaux sociaux?

D'abord, des cancers provoqués par l'examen lui-même en raison d'une trop forte irradiation. Ce risque est "infime", objecte le radiologue Jean-Yves Seror, selon qui "faire une mammographie tous les ans entre 40 et 80 ans augmenterait le risque de cancer du sein de 0,03% seulement".

Autre critique: le risque de surdiagnostic (détection et ablation de cellules qui n'auraient jamais évolué en cancer, ou trop lentement pour causer la mort de la patiente).

Si le CNGOF reconnaît que le surdiagnostic est possible, il estime que les avantages du dépistage dépassent largement ses inconvénients, en permettant d'éviter 20% des décès. Un chiffre cependant contesté par certains professionnels de santé.

"Il est important d'écouter les polémiques, et on peut améliorer le dépistage, admet le Pr Mathelin. Mais il ne faut pas que tout le message soit mal compris".

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