A Caracas, la première de "Avengers : Endgame" c'est au saut du lit
Il a pris le bus et le métro, pour finir à pied: Martin a traversé Caracas pour assister à la première du film "Avengers: Endgame" organisée à... 7h00, un horaire adapté au Venezuela qui permet d'oublier la peur de sortir le soir.
Au Venezuela, les agressions, les "rapts express", les règlements de compte et les meurtres ont explosé ces dernières années. Le nombre de morts violentes y est 15 fois plus élevé que la moyenne mondiale. Et les "apagones" (coupures d'électricité) qui touchent Caracas et ses 6 millions d'habitants depuis début mars n'ont pas arrangé les choses.
Alors le soir, les habitants de la métropole préfèrent rester chez eux.
Cette insécurité, ajoutée aux problèmes d'électricité, a poussé les exploitants de salles à suspendre les séances de minuit, où passaient les premières des films les plus attendus. Les films sortent en journée, où le risque d'être agressé est moins élevé.
Et peu importe si pour voir "Avengers: Endgame", film de super-héros des studios Marvel, les fans ont dû se lever très tôt vendredi.
"Mais enfin, c'est +Endgame+!", s'exclame Martin Montenegro, 21 ans, qui s'est levé à 4h30. Au travail, il a prétexté "une réunion importante". "C'est sûr, je vais me faire virer!", plaisante-t-il avant d'entrer dans la salle pour voir le 22e film de l'univers cinéma de Marvel qui a battu des records dès sa sortie cette semaine dans plusieurs dizaines de pays.
Le Venezuela ne fait d'ailleurs pas exception. Malgré un salaire minimum d'environ 8 dollars, et une place à un peu moins d'un dollar, cette salle de cinéma d'un quartier aisé de Caracas est pleine en ce vendredi matin.
Les coupures d'électricité ont incité le gouvernement de Nicolas Maduro à mettre en place des rationnements dans tout le pays, mais aussi à réduire la durée de la journée de travail et à suspendre les cours dans les écoles pendant plusieurs jours d'affilée.
Mais pour Jessica Gonzalez, faire sauter l'école une journée à ses enfants de 6 et 8 ans pour voir leurs super-héros favoris sur grand écran, aucun problème. "C'est juste une journée, ça n'est pas un drame", rigole cette cuisinière de 33 ans.
Angel Quintero, un autre spectateur, est plus philosophe: "nous vivons dans un des pays les plus dangereux au monde, donc l'heure (de la séance, ndlr) importe peu", dit-il. "L'insécurité, on la ressent en permanence".
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.