Cinq Argentins tués à New York, la tragédie des copains d'abord

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Par AFP
Publié le 01 novembre 2017 - 23:52
Mis à jour le 02 novembre 2017 - 10:15
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Des fleurs ont été déposée non loin du lieu de l'attetnat à New York le 1er novembre 2017
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© TIMOTHY A. CLARY / AFP
Des fleurs ont été déposée non loin du lieu de l'attetnat à New York le 1er novembre 2017
© TIMOTHY A. CLARY / AFP

Les cinq Argentins tués lors de l'attentat de New York s'étaient connus sur les bancs de l'Institut polytechnique de Rosario, où ils avaient été diplômés en 1987, un lycée où les élèves tissent des liens "pour la vie".

Ils étaient dix à s'être rendus à Manhattan pour célébrer le 30e anniversaire de l'obtention de leur diplôme du "Poli". Cinq ont terminé leur vie sur la piste cyclable balayée par la violence.

Alejandro Pagnucco, Ariel Erlij, Hernan Ferruchi, Hernan Mendoza et Diego Angelini, étaient architectes ou chefs d'entreprise. Ils étaient arrivés samedi et comptaient passer une semaine à New York.

"Diego avait quatre enfants. C'était un homme souriant, généreux, aimable", se souvient Laura Racca, une ancienne du "Poli". Ils ont travaillé ensemble dans un cabinet d'architecture.

Une des victimes, Erlij, 48 ans, était un chef d'entreprise dans le secteur de la sidérurgie, il avait payé le billet d'avion de certains de ses amis, selon la presse argentine.

- "Injuste" -

Comme beaucoup d'anciens élèves, elle devait se rendre mercredi à 20h00 (23h00 GMT) à une cérémonie d'hommage devant l'établissement.

"C'est terrible ce qui s'est passé là-bas. Tellement injuste, dit-elle en secouant la tête. Leur voyage à New York reflète ce qui peut se nouer au Poli. Tu t'imagines qu'après 30 ans ils n'iraient même pas prendre un café, mais eux, ils partent en vacances ensemble".

Mardi vers 17h00, heure de Rosario, la femme d'un rescapé, Cecilia Piedrabuena, a reçu un coup de fil de son mari depuis un téléphone non identifié, quelques minutes après l’attentat. "Je vais bien, ne t'inquiètes pas (...) Ivan, Juan Pablo et moi, ça va. Les autres, c'est grave", a-t-il pu lui dire. Ariel Benvenuto a survécu, le véhicule de l'auteur de l'attentat est passé à 20 cm de lui.

Sur le groupe de dix Argentins, quatre sont sortis indemnes, tandis que Martin Marro, qui réside depuis quelques années à Boston, se remettait de ses blessures au Presbyterian Hospital de Manhattan.

Le conducteur de la camionnette a fauché une vingtaine de cyclistes et passants mardi à Manhattan, faisant huit morts et une dizaine de blessés le jour d'Halloween, dans le premier attentat meurtrier à New York depuis 2001.

"J'ai vu ça hier (mardi) à la télévision et je ne peux pas le croire. Je suis sans voix, c'est impressionnant et cela m'attriste de penser qu'ils étaient partis là-bas célébrer leur amitié", a déclaré à l'AFP Silvia Goldberg, mère d'une élève de 14 ans.

A l'Instituto politecnico superior General San Martin, établissement public de renom où se côtoient des adolescents de toutes conditions sociales, on forme des hommes, des hommes "qui pensent", souligne un professeur.

- "Des amis pour la vie" -

"Cette école, c'est comme une patrie", témoigne Ricardo Berlot, professeur d'informatique qui a eu comme élèves les cinq victimes de l'attentat de Manhattan.

"C'était un groupe uni, ils étaient rebelles, ils savaient ce qu'ils voulaient et luttaient pour l'obtenir, avec conviction", se souvient cet homme de 58 ans. "J'ai du mal à y croire, que c'est triste, nous nous sentons si loin de tout ça", souffle-t-il.

D'habitude, les Argentins observent avec un certain détachement les conflits et les attentats qui frappent l'Europe et le Proche-Orient.

Signe de l'attachement qui lie les élèves à cette école, des diplômés des années 1950, sont attendus jeudi au "Poli", une pèlerinage prévu de longue date pour cette génération d'octogénaires.

La ville de Rosario a annoncé un deuil de trois jours. La direction du "Poli" a décrété cinq jours de deuil et mis le drapeau en berne pour rendre hommage à ses anciens élèves.

Santino Portesio, adolescent boutonneux de 15 ans, termine la troisième des six années du cursus à l'Institut polytechnique. "Je passe plus de temps ici que chez moi. Je me sens proche d'eux, malgré la différence d'âge, c'est comme une famille. Ici, on se fait des amis pour la vie".

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