Clara Berlioz, maître-brasseuse virtuose par "hasard"
Elle se voyait laborantine dans l'industrie agro-alimentaire mais la Lyonnaise Clara Berlioz s'est dessiné par "hasard" une carrière dans la bière. Maître-brasseuse à 25 ans, elle compte s'imposer dans un métier bien moins masculin qu'il n'y paraît.
Depuis deux ans, la jeune femme rejoint tous les matins à Ecully, près de Lyon, ses collègues des "3 Brasseurs", un établissement d'une chaîne éponyme de microbrasseries, où elle fabrique la populaire "binouze" dans d'imposantes cuves. Non loin du zinc et à la vue de tous.
Elle doit sa vocation "au hasard", raconte-t-elle à l'AFP. En BTS spécialisé dans le contrôle-qualité dans l'agroalimentaire, "il y a peu près six ans, j'avais besoin d'un stage et ma mère, alors serveuse pas loin d'ici, m'a proposé de postuler à la brasserie", se souvient-elle.
"La passion" du métier lui a été transmise par son formateur alors qu'elle "ne s'y connaissait pas vraiment" en bières. Tout juste si elle en "buvait un peu", admet-elle. Un master en procédés fermentaires en poche, elle se lance sur le marché du travail.
Bières blonde, ambrée, blanche, IPA ou encore triple n'ont plus de secrets pour la jeune professionnelle, qui arbore fièrement le mot "brasseur" siglé au dos de son polo. "Quand je suis devenue maître-brasseuse, parmi mes proches qui ne le savaient pas encore, il y a eu d'abord des sourires d'étonnement puis tout de suite de la bienveillance", se remémore la Lyonnaise alors que ses parents ne sont pas du sérail avec un père technicien de service et une mère standardiste. "Ce n'est pas quelque chose qu'on conseille au départ quand on est petit", ajoute-t-elle, le sourire en coin.
La France, championne européenne des brasseries
Elle dit avoir été "très bien accueillie" dans le milieu, autant par ses collègues masculins, "contents d'avoir un peu plus de filles" dans le métier, que par les clients de sa microbrasserie, "un peu étonnés" de la trouver derrière les cuves à ses débuts.
De la sélection de la matière première (orge, houblon) jusqu'au stockage de la bière en passant par le mélange du malt et de l'eau avec un fourquet - une grande pelle en bois percée en son milieu -, le chauffage puis le refroidissement de la mixture jusqu'à son aromatisation avec du houblon, rien n'échappe à son contrôle, avec l'aide d'un assistant dans le processus de fabrication.
"Ca va faire peut-être 'girly' (fille) mais moi, je peux rajouter des boutons de rose dans mes bières, du poivre, ce genre d'épices", confie cette amoureuse des arômes qui aime laisser libre cours à sa créativité dans ses préparations.
"On aime en fait la bière tout autant que les hommes ! On va donc naturellement tendre à faire de plus en plus ce métier-là !", confie encore la professionnelle, alors que la présence des femmes dans le métier s'est affirmée ces dernières années.
Quelque 40% des cadres en brasserie sont des femmes dont des maître-brasseuses: un chiffre en progression notamment avec l'essor du secteur où "depuis 2018, une microbrasserie s'ouvre chaque jour" dans le pays, indique à l'AFP le syndicat professionnel Brasseurs de France.
CAP, DUT en deux ans, génie biologique, BTS pilotage des procédés ou bac pro en trois ans, les passerelles sont nombreuses pour les métiers du brassage.
Avec 2.500 établissements enregistrés à ce jour, la France est le premier pays européen en nombre de brasseries, les activités liées à la filière brassicole représentant près de 130.000 emplois directs pour un chiffre d'affaires total de 15 milliards d'euros.
Avec 386 brasseries, Auvergne-Rhône-Alpes est la première région en nombre de sites de production de bière devant l'Occitanie (269), selon le syndicat. De quoi donner malgré tout des ailes à Clara Berlioz qui, à terme aimerait "gérer tout de A à Z et avoir (s)a propre marque".
D'ici là, elle compte "parfaire" ses bières. Le sourire aux lèvres, la passion chevillée au corps.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.