Roxane Chafei des Mamans Louves organise un festival estival de musique. Entretien.
MUSIQUE - Le 8 juillet, dans la commune de Larajasse (Rhône), à 45 km de Lyon, le collectif Synartist organise un festival de 11h à 3h du matin. Ce groupe, fondé par des artistes engagés, souhaite à travers ce festival sensibiliser le plus grand nombre aux difficultés que rencontrent aujourd'hui les enfants au sein de notre société.
Roxane Chafei, cofondatrice, avait déjà participé à la création de l'association des Mamans louves, dont le but est de lutter contre la détresse psychologique des plus jeunes. Elle est accompagnée sur ce projet par Pierrick Thevenon (formateur).
Selon les organisateurs de l'événement, enfants et adolescents souffrent de plus en plus de dépression. De nombreux pédopsychiatres donnent l'alerte : le nombre de suicides au sein de cette population explose, notamment depuis la crise du Covid. Selon le collectif des Mamans Louves, les chiffres auraient triplé.
Programmation
Au programme, une après-midi pop, rock et rap laissera place à une soirée reggae. Une dizaine d'artistes ont déjà assuré leur participation tels que Chloé, la Rime Métisse, Snakes Crew, Yaniss Odua, Ryon ou encore Billy Ze Kick.
Des activités participatives, animations et ateliers de danse et musique pour les enfants sont également prévus toute la journée du Synartist festival.
En prélude au festival, des conférences sur la santé mentale des enfants se dérouleront également, avec une première réunion organisée à 9h du matin. Cette conférence animée par la psychologue Yoanna Micoud aura pour thème : “détresse jeunesse : quelles pistes d’actions ?”
Entretien avec Roxane Chafei
Romain Pauc, pour France-Soir : Pourquoi soutenir un tel festival aujourd’hui ?
Roxane Chafei, des Mamans Louves : J'estime qu'il faut trouver tous les moyens pour parler de la santé mentale des enfants. C’est un sujet qui n’est pas du tout traité, au niveau du gouvernement, or l'on sait que les enfants ne vont pas bien.
Ils ne vont pas bien parce que tout leur environnement ne va pas bien, entre l'ultra-numérisation, les influences familiales, scolaires, la crise sanitaire passée par là. On a des chiffres clairs, qui montrent que les gosses souffrent : augmentations des suicides, prises de médicaments, augmentations des demandes en psychanalyse, pédopsychiatrie, en psychologie.
Et, il n'y a même pas assez de médecins pour les traiter ! C’est ça le gros souci, aussi. Puisqu’il faut entre six mois et un an pour avoir un rendez-vous en pédopsychiatrie. Donc, aujourd'hui, c'est pour moi un vrai sujet de santé public. C'est une alerte de santé publique.
FS : Vous voyez ce festival "dédié au bien-être et à la santé mentale de l'enfance" comme un nouvel outil de protestation ?
RC : En fait, on se dit qu'il faut trouver tous les moyens pour en parler. Quand on dit "tous les moyens", c'est que l'on a fait des actions, dans la rue, de la contestation, on a aussi écrit aux députés. En tant que parent, on a essayé de passer par l’intermédiaire de l’école. Pourtant, aujourd'hui, pour parler de ce sujet, il fallait qu'on passe des messages au travers des artistes. Ce sont eux qui les font rayonner. L'idée, c'est de faire un festival pour pouvoir donner l’élan pour des artistes de s’engager et les rallier à notre cause.
C'est un festival familial où il y en aura pour tout le monde. Il y aura des activités spéciales. Ce sera l'occasion en parallèle de montrer des fresques racontant des phénomènes de société, sur lesquels on va jeter de la peinture. Sur une fresque vierge, les gens vont pouvoir dessiner ce qui va bien dans le monde et ce qu’ils imaginent pour demain.
C'est une façon de redonner du baume au cœur et de l'espoir pour tout le monde. Parce qu’énergétiquement, on a eu trop de choses qui nous angoissent et nous empêchent de croire en l'avenir. On veut que nos enfants aient de l'équilibre, de l'espoir et de belles valeurs. On leur a fait croire que le monde est noir, on parle de guerre, de problème climatique. On veut que les gens aient de l'espoir. Les jeunes ne peuvent pas grandir bien avec de la culpabilité.
À travers l'art, on voit la façon créative de crier sa contestation et de proposer. Parce qu'à travers l'art, il y a des gens qui proposent de belles choses.
FS : Quels petits pas imaginez-vous pour aller vers une société apaisée ?
RC : J'ai toujours dit que si l'on imagine le monde tel qu'on le veut, sain, serein, sécure, et que si l'on prend toutes les décisions politiques pour faire cela, et bien le citoyen aurait la main pour réaliser le monde comme il faut. Ce n'est pas en appliquant nos problématiques d'adultes aux enfants que l’on fabriquera des citoyens qui pourront apporter ce monde sain, serein, sécure. Personne ne veut un monde noir pour son enfant.
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