César 2017 : Roman Polanski craque sous la pression des féministes
Sous la pression d'associations féministes, le réalisateur Roman Polanski a renoncé à présider la cérémonie des César en raison d'une accusation de viol il y a 40 ans d'une mineure américaine, une affaire qui ressurgit régulièrement dans sa vie.
Dénonçant une polémique qu'il juge "injustifiée" et "alimentée par des informations tout à fait erronées", le réalisateur de 83 ans a annoncé sa décision par la voix de son avocat, à la veille de l'annonce des nominations de cette 42ème cérémonie mercredi 25.
Cette polémique a "profondément attristé Roman Polanski et atteint sa famille" et le réalisateur "a décidé de ne pas donner suite à l'invitation" des organisateurs de la cérémonie prévue le 24 février, ajoute le communiqué de son avocat.
"Bonne nouvelle. Si notre société pouvait enfin sortir du déni vis à vis des violences sexuelles, ça serait top!", a réagi la féministe Caroline de Haas sur Twitter.
"C'est une très bonne nouvelle. Mais on aimerait qu'elle soit synonyme de prise de conscience plus générale des professionnels du cinéma envers les droits des femmes et les problématiques sexistes", a indiqué de son côté à l'AFP Alice Coffin, membre du groupe féministe La Barbe.
"Nous sommes très contentes que Polanski ne préside pas les César, même si nous aurions préféré qu'il ne soit jamais invité à le faire", a réagi auprès de l'AFP Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l'association "Osez le féminisme".
Peu après l'annonce du choix du réalisateur par l'Académie des César, qui devait succéder à Claude Lelouch, une pétition avait été lancée pour sa destitution sur les réseaux sociaux ainsi qu'un appel au boycott de la cérémonie.
La tension était montée d'un cran lundi 23 avec un appel à manifester devant le restaurant Fouquet's, où doivent être annoncées mercredi 25 les nominations, tandis que la pétition avait recueilli plus de 61.000 signatures.
"Quelques semaines après l'affaire David Hamilton, et alors qu'est menée une réflexion sur les délais de prescription pénale pour les victimes de violences sexuelles (...), la désignation de Roman Polanski est un pied de nez indigne fait aux nombreuses victimes de viols et d'agressions sexuelles", avait dénoncé "Osez le féminisme".
Le photographe David Hamilton avait été accusé par l'animatrice Flavie Flament de l'avoir violée il y a près de 30 ans, avant d'être retrouvé mort à son domicile parisien fin novembre, probablement à la suite d'un suicide.
Le choix du réalisateur avait aussi été condamné par la ministre des droits des Femmes, Laurence Rossignol. Sa collègue au gouvernement, la ministre de la Culture Audrey Azoulay, s'était en revanche abstenue de critiquer la désignation du réalisateur multi-récompensé du "Pianiste", et avait loué un cinéaste de "très grand talent".
L'avocat de Polanski, Me Hervé Temime, rappelle dans son communiqué que "Samantha Geimer (l'adolescente victime ndlr) a elle-même depuis très longtemps soutenu les démarches judiciaires entreprises par Roman Polanski pour régulariser sa situation vis-à-vis des Etats-Unis, et réclamé à ses côtés l'abandon définitif des poursuites".
"La justice suisse puis la justice polonaise ont refusé de faire droit aux demandes d'extradition des Etats-Unis. Ces décisions ont établi qu'il avait bien exécuté la peine qui avait fait l'objet d'un accord entre toutes les parties à l'époque, procureur et avocat de Samantha Geimer inclus. C'est donc d'une manière totalement injustifiée que cette polémique a surgi", ajoute l'avocat du réalisateur franco-polonais.
Samantha Geimer a également dit lui avoir pardonné. Mais pas la justice américaine qui avait déclenché des poursuites contre lui en 1977 en Californie pour le viol de l'adolescente, âgée de 13 ans à l'époque.
Libéré sous caution après 42 jours de prison, le cinéaste, alors âgé de 43 ans, qui avait plaidé coupable de "rapports sexuels illégaux" avec une mineure mais nié le viol, s'était enfui des États-Unis avant le verdict, craignant d'être lourdement condamné.
Considéré depuis comme un "fugitif" par les Etats-Unis, il court toujours le risque d'y être extradé. Cette affaire refait régulièrement surface depuis 40 ans.
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