"Grand froid" : l'humour noir comme neige de Jean-Pierre Bacri (VIDÉO)
C'est un petit événement dans le monde du cinéma français: Jean-Pierre Bacri a trouvé un acteur qui interprète un personnage plus bougon, plus râleur, plus grincheux que lui. C'est Olivier Gourmet et le film, qui sort ce mercredi 28, s'intitule Grand froid, premier long-métrage du réalisateur Gérard Pautonnier.
Olivier Gourmet joue le rôle du patron d'une petite entreprise de pompes funèbres installée dans la grand'rue d'une petite ville au milieu de nulle part. Les affaires ne vont pas fort et il n'a plus de quoi payer ses deux employés, Georges et Eddy. Alors il râle, n'est jamais content et broie du noir.
Georges (Jean-Pierre Bacri), qui dépose ses cartes de visite dans les salles d'attente des médecins, cherche à laisser un souvenir impérissable de son passage sur terre, mais il peine à trouver l’épitaphe qu’il projette de faire graver sur sa future tombe, et fait le constat angoissant de la vacuité de sa propre vie.
Au contraire, Eddy (Arthur Dupont, qui jouait Jérôme Kerviel dans L'outsider l'an dernier), novice arrivé dans l’entreprise un peu par hasard, est plus optimiste et prend conseil auprès de son collègue plus âgé. Comme les clients sont rares, il joue parfois les coiffeurs pour veuves au fond de la boutique.
A une semaine de Noël, l'arrivée d'un "client" brise le calme plat et l'ennui. L'espoir renaît. Après la mise en bière, le patron envoie Georges et Eddy conduire le corbillard au cimetière, distant de plusieurs dizaines de kilomètres, suivi par une voiture dans laquelle ont pris place la femme et le frère du défunt, un prêtre et deux enfants de chœur.
Mais personne ne connaît vraiment la route et sur les routes gelées et désertes, le convoi funéraire s'égare. Le corbillard perd de vue la voiture suiveuse, qui dérape et se retrouve coincée sur un lac gelé. Georges et Eddy, qui ne se sont aperçus de rien, continuent leur route vers ce cimetière inconnu. Le voyage va vite virer au fiasco, voire à la catastrophe…
Le film est tiré d'un livre paru en 1999, Edmond Ganglion & Fils (Ed. Gallimard), premier roman de Joël Egloff, qui a participé à l'adaptation. "Il s’agit de l’histoire d’une entreprise de pompes funèbres qui périclite et de deux croque-morts qui s’égarent et perdent la famille en convoyant un défunt jusqu’à un cimetière introuvable", explique le réalisateur Gérard Pautonnier, qui avait jusqu'à présent réalisé des courts métrages, des téléfilms et des spots publicitaires.
"Ce qui m’a d’emblée séduit dans ce livre, comme une fable, c’est l’absurdité des situations, cet humour grinçant, je trouvais qu’il y avait quelque chose de Samuel Beckett dans le ton. Quant aux personnages, riches et singuliers, j’ai tout de suite eu envie de les voir prendre vie et incarnés par des comédiens".
Le lieu de l'histoire est volontairement indéfini, sans références géographiques, une ville "western" quasi déserte avec une seule rue principale, perdue sous la neige dans des décors gris, enneigés et glacés évoquant le nord de la France, la Belgique ou la Pologne. Ce côté intemporel et presque irréel donne une atmosphère particulière au film, que renforce l'humour noir des dialogues.
Il ne se passe pas grand-chose pendant la première moitié, les répliques de Bacri sont parfois drôles parfois poussives, il n'y a pas de rythme, on s'ennuie presque autant que les deux croque-morts. Et puis dans la dernière demi-heure les événements se précipitent et sauvent ce macchabée road movie du ratage: cela devient loufoque, invraisemblable, tragi-comique, carrément surréaliste sur la fin, avec un épilogue inattendu et grinçant.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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