"Ôtez-moi d'un doute" : François Damiens et ses deux pères (VIDÉO)
Entre deux films tristes ou tourmentés, ce fut l'un des coups de cœur de nombreux spectateurs au dernier Festival de Cannes: présenté à la Quinzaine des réalisateurs, le film Ôtez-moi d'un doute (qui sort ce mercredi 6 dans les salles) traite d'un sujet sérieux mais sur le ton de la comédie qui en fait l'un des feel-good movies les plus agréables et les plus réussis de l'année.
La jeune réalisatrice Carine Tardieu y évoque la question de la paternité et des liens familiaux, en mêlant habilement scènes drôles et moments d'émotion. La tête d'affiche du film symbolise ce mélange entre sérieux et humour: François Damiens.
L'acteur belge interprète Erwan, un démineur breton, calme et solide, qui maîtrise toutes les situations, à la fois dans sa vie privée et dans son métier. Sa femme est morte d'un cancer 15 ans auparavant et sa fille de 23 ans (Alice de Lencquesaing), enceinte de père inconnu, habite toujours chez lui.
C'est à l'occasion d'analyses ADN pour la grossesse de sa fille qu'il apprend que son père (Guy Marchand), marin pêcheur patron d'un chalutier atteint par la limite d'âge, n'est pas son vrai père. Il engage alors une détective privée et celle-ci retrouve son père biologique (André Wilms), qui habite la région: un retraité, intellectuel et ancien militant, qui marche avec une canne et qui a nommé ses chiens successifs Pol Pot, Ceausescu et maintenant Pinochet.
Erwan fait sa connaissance et le met au courant de la situation, et chacun se prend vite d'affection l'un pour l'autre. Ils décident de se revoir régulièrement et, un bonheur n'arrivant jamais seul, Erwan fait par hasard la connaissance d'une femme de 40 ans (Cécile de France), médecin, célibataire, séduisante et sympathique. Entre eux l'attirance est mutuelle. Mais le jour où il apprend qu'elle est la fille de son père biologique (et donc sa demi-sœur), il n'ose pas lui avouer qui il est…
"Y a-t-il un père idéal? Est-il celui qui vous a élevé? Engendré? Peut-on se choisir un père, des pères? Ou bien est-il préférable de pardonner ses manquements à celui qui vous a pris pour fils?", explique la réalisatrice Carine Tardieu, qui a tiré son scénario d'une histoire vraie, celle d'un ami breton d'une cinquantaine d'années qui apprit à la mort de sa mère que son père n'était pas son père et engagea un détective pour trouver le vrai.
C'est son troisième long métrage, et les deux premiers avaient reçu un bon accueil: La tête de maman en 2007 (avec Karin Viard, Kad Merad, Pascal Elbé) et Du vent dans mes mollets en 2012 (avec Agnès Jaoui, Denis Podalydès, Isabelle Carré), deux histoires d'adolescents, de familles et de rapports mère-enfant. "Et il était temps pour moi de +passer au père+. J’y pensais depuis longtemps sans trouver le biais par lequel aborder ce thème. L’histoire de cet ami contenait toutes les questions qui me taraudaient", dit la jeune réalisatrice de 44 ans, qui écrit aussi des romans pour la jeunesse.
Sur le ton de la comédie, avec des dialogues drôles et des situations rendues cocasses par quelques coïncidences un peu faciles et une fin un peu cousue de fil blanc, c'est un joli film sur les rapports humains, sur la vieillesse, sur le militantisme et bien sûr sur la paternité. L'émotion et le rire se succèdent, "l’amour et la bienveillance circulent constamment entre les personnages. Au fond c’est un film très tendre, je le revendique à cent pour cent", dit Carine Tardieu, qui a glissé à un moment en fond sonore la chanson Ma fille, mon enfant de Serge Reggiani, pour illustrer les rapports entre les deux pères et leurs filles respectives.
On s'attache aux personnages, et notamment à celui qu'incarne François Damiens, formidable comme d'autres qui, avant lui, ont commencé leur carrière à faire le clown avant de devenir des acteurs dramatiques de premier plan: il est dans la lignée des Michel Serrault, Michel Galabru, Coluche, José Garcia, Omar Sy, Kad Merad, Benoît Poelvoorde et autres Bernard Campan.
Autour de lui les seconds rôles et les acteurs qui les interprètent sont également épatants, ce qui fait souvent les bons films: Cécile de France, Guy Marchand, 80 ans, et André Wilms, 70 ans, la jeune Alice de Lencquesaing qui joue la fille de François Damiens, et un acteur du nom d'Esteban qui interprète un cas social un peu simple d'esprit mais attachant, comme l'est l'ensemble du film.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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