Européennes : dialogue de sourds entre Loiseau et Bardella

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Par Jérémy MAROT - Paris (AFP)
Publié le 15 mai 2019 - 22:55
Mis à jour le 16 mai 2019 - 01:22
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Nathalie Loiseau lors d'un meeting le 6 mai 2019 à Caen
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© Damien MEYER / AFP/Archives
Nathalie Loiseau lors d'un meeting le 6 mai 2019 à Caen
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Ils n'ont été d'accord sur rien: en 55 minutes de débat télévisé, les têtes de liste Nathalie Loiseau (majorité) et Jordan Bardella (Rassemblement national) ont étalé leurs divergences radicales à dix jours d'élections européennes dont ils sont les favoris.

Cette unique joute en face-à-face de la campagne entre les deux chefs de file a rapidement viré au dialogue de sourds, signe de le tension qui anime le match entre le camp d'Emmanuel Macron et celui de Marine Le Pen, au coude-à-coude dans les sondages entre 21 et 24%.

Tout opposait sur le papier Mme Loiseau - ancienne ministre des Affaires européennes, diplomate de formation, âgée de 54 ans - et M. Bardella - conseiller régional d'Ile-de-France, militant dévoué, âgé de 23 ans. La prédiction s'est vérifiée à l'antenne de BFMTV, sur absolument tous les sujets, chacun s'accusant au passage des mêmes maux ("mépris", "condescendance", divulgation de "fake news", "désinformation", "caricature") à grand renfort de chiffres guère digestes.

L'accrochage le plus vif est intervenu autour de la politique migratoire.

"Il faut couper le robinet. Je prône une politique dissuasive", a lancé M. Bardella, en comparant l'agence européenne de garde-frontières Frontex à "une hôtesse d'accueil pour migrants (...) qui finance des campements".

"Je considère qu'il faut rétablir des portes à la maison France" mais "pas un mur, un barbelé, c'est votre caricature", a poursuivi la tête de liste du RN, en appelant à "rompre avec l'espace Schengen".

"Nous devons renforcer les frontières extérieures de l'Union européenne", a plaidé de son côté Mme Loiseau qui veut porter les effectifs de Frontex à 10.000 "dès 2020".

L'ancienne ministre des Affaires étrangères a déploré que le RN ait "voté contre quand on a essayé de mettre en place un système qui permet d'identifier à l'entrée de l'Union européenne les demandeurs d'asile". "Raté on a voté pour, Madame", a rétorqué M. Bardella. Tous les eurodéputés RN se sont en réalité abstenus sur la question lors d'un vote du 24 octobre 2018.

- Passe d'armes sur le travail détaché -

La question du travail détaché a aussi donné lieu à une passe d'armes entre les deux candidats, Mme Loiseau se targuant d'avoir gagné "la première bataille" en obtenant, sous l'impulsion de M. Macron, une réforme de la directive.

"On n'a jamais eu autant de travailleurs détachés en France", a raillé M. Bardella en appelant à "supprimer" cette directive.

Même opposition frontale sur le traité de libre-échange avec le Canada (CETA) qui selon M. Bardella va "détruire 50.000 emplois dans la filière bovine". "Les importations de viande canadienne ont baissé et les exportations de produits français, les vins et les spiritueux, les produits laitiers, les voitures, les parfums ont augmenté", a mis en avant Mme Loiseau.

La candidate de la majorité a aussi accusé le Rassemblement national d'implicitement vouloir sortir de l'Union européenne, sans "l'assumer".

"L'Union européenne c'est l'impuissance collective", a souligné M. Bardella. "Je ne veux pas détruire l'Europe mais je considère qu'il faut une Europe des nations et des coopérations", a-t-il précisé, quand Mme Loiseau a dit souhaiter une "Europe de progrès pour préparer l'avenir et pas simplement gérer le déclin".

En guise de conclusion, M. Bardella a enfin évoqué l'enjeu national de ce scrutin, selon lui: "si Emmanuel Macron arrive en tête de ces élections (...) alors il se sentira légitimé dans l'arrogance qu'il a exprimée à l'égard des Français et évidemment dans la politique qui est la sienne", a-t-il prévenu.

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