Guam doit "profiter du paradis" après les menaces nord-coréennes
Un calme apparent régnait mercredi dans l'île de Guam menacée d'attaque par Pyongyang et les autorités de ce territoire américain du Pacifique invitaient les habitants à "se relaxer et à profiter du paradis".
Les tensions autour du programme balistique et nucléaire nord-coréen sont encore montées d'un cran lorsque le président américain Donald Trump a promis mardi "le feu" et la "colère" à Pyongyang.
Pas en reste, la Corée du Nord a fait savoir quelques heures plus tard qu'elle envisageait des frappes de missiles près des installations militaires de cet avant-poste stratégique de l'armée américaine dans l'océan Pacifique.
Dans un discours télévisé à ses 162.000 habitants, le gouverneur du territoire, Eddie Calvo, a déclaré qu'il travaillait avec Washington pour "assurer (sa) sécurité".
"Je veux rassurer la population de Guam sur le fait qu'actuellement, aucune menace ne pèse sur notre île", a-t-il ajouté.
George Charfauros, conseiller à la sécurité intérieure de Guam, a estimé à "0.000001% le risque qu’un missile nord-coréen touche Guam". Son conseil à destination des habitants de l'île -- "relaxez vous et profitez du paradis"-- semblait en tout cas avoir été entendu.
Dans les magasins, il n'y avait aucun signe de panique ou d'achats préventifs, l'activité était normale dans les stations d'essence.
Chelsea Nu a expliqué à l'AFP que dans son commerce, les menaces nord-coréennes n'étaient même pas un sujet de conversation.
- 'Coucher de soleil célèbres' -
"Je n'ai pas entendu les gens en parler. L'affluence est normale. Ils sont juste en train d'acheter des fournitures scolaires parce que les écoles ont rouvert".
L'île, qui se vante de ses plages immaculées, de son ciel bleu et de ses "couchers de soleil célèbres dans le monde entier", est une destination appréciée et le tourisme est un des piliers de son économie.
Mais cette île reculée de quelque 550 km2 est aussi un avant-poste stratégique pour les forces américaines sur la route de l'Asie. Environ 6.000 soldats y sont déployés, en particulier sur la base aérienne Anderson et la base navale Guam.
En dépit de la contribution importante de l'armée américaine à l'économie locale, un petit nombre de personnes s'opposent à sa présence, redoutant qu'elle ne provoque une agression.
"Ceux qui sont contre l'armée vont avancer cet argument", a reconnu M. Calvo. "De la même manière, ceux qui sont pour vont dire que c'est ce qui nous protège".
D'après le gouverneur, Guam est défendu par "plusieurs niveaux de défense" stratégiques. La Maison Blanche l'a assuré qu'une frappe contre le territoire serait assimilée à une attaque contre les Etats-Unis, a-t-il dit.
"Ils ont dit que l'Amérique sera défendue. Je veux aussi rappeler aux médias nationaux que Guam est en territoire américain et que 200.000 Américains vivent à Guam et dans les Mariannes (voisines). Nous ne sommes pas que des installations militaires. Cela dit, je veux m'assurer que nous sommes prêts à toute éventualité".
Dans les rues de la capitale, Hagatna, les gens vaquaient à leurs occupations dans un calme apparent.
"Ce n'est pas comme si on pouvait faire quelque chose de toute façon", a déclaré à l'AFP James Cruz, un habitant. "C'est une petite île. Il n'y a nulle part où s'enfuir".
Edith Tajalle est l'une des rares personnes à reconnaître avoir peur, mais elle ajoute: "je sais que Dieu nous protégera".
Madeleine Bordallo, déléguée de Guam à la chambre des représentants américaine, a déclaré que si les capacités nucléaires nord-coréennes étaient "profondément inquiétantes", elle était sûre que l'île était bien protégée.
Guam a été colonisée voici environ 4.000 ans par les Chamorros, peuple indigène qui représente moins de 40% de la population. Elle fut cédée par l'Espagne aux Etats-Unis en 1898.
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