En désaccord avec l'armée, le conseiller diplomatique de Macron démissionne
Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron depuis 2019, a annoncé sa démission en fin de semaine dernière, après des tensions croissantes avec la cellule militaire de l’Élysée. Ce qui semblait n'être qu'un coup de sang bureaucratique révèle en fait la montée en puissance des militaires au détriment des diplomates.
Si l'AFP n'en a pas parlé, c'est probablement parce qu'il vaut mieux être discret à ce sujet. Homme de principe et de colères, Emmanuel Bonne n'a pas voulu passer dans l'ombre des militaires. Alors que le président de la République se rendait à Londres la semaine dernière, il s'est fait couper l'herbe sous le pied par le général Fabien Mandon, chef de l’état-major particulier de Macron, qui l'a volontairement exclu de la boucle de communication organisant le déplacement.
L'incident peut sembler dérisoire, mais comme le rapporte Le Monde, ce n’est pas le premier épisode de ce type, et à ce stade, l’issue semblait presque inévitable. Depuis qu'il est en poste (2023), le général Fabien Mandon est en quête de pouvoir, et l'armée semble avoir éclipsé les diplomates traditionnels. Il faut dire que les relations entre l'armée et l'Elysée n'ont jamais été aussi tendues que depuis l'arrivée de Macron. On se souviendra notamment de la démission du général de Villiers, ancien chef d'état-major des armées, suite à de violents désaccords avec le président.
Aussi, de l’Ukraine au Sahel, en passant par le Proche-Orient, le contrôle des décisions stratégiques se fait désormais souvent sans la consultation des diplomates. Une situation qui a généré un mal-être grandissant au sein de la cellule diplomatique de l’Élysée, où les lignes de décision ne sont pas claires et les tensions grandissantes.
Le départ de Bonne pourrait bien être l’épilogue de longues années de frustrations. Fatigué par un président peu réceptif, Bonne a vu sa position se fragiliser face aux décisions improvisées de Macron, comme lors de la visite en Israël en 2023, où il a dû rectifier des propositions non concertées. Désormais, reste à savoir qui va le remplacer, et comment l'armée va se positionner par rapport à la diplomatie.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.