Il y a trois ans, le meurtre de la milliardaire Hélène Pastor
Le 6 mai 2014, Hélène Pastor, richissime femme d'affaires monégasque, tombe, à Nice, sous les balles d'un tireur marseillais. Elle meurt 15 jours après ce guet-apens mortel que son gendre, un homme d'affaires polonais, est soupçonné d'avoir fomenté pour de sombres motifs financiers.
"J'ai peur, je veux vous revoir car j'ai d'autres choses à dire": interrogée après son agression, Hélène Pastor décrit un tireur "de couleur noire" et "habillé de sombre", et lance cette supplique aux enquêteurs. Elle n'en aura pas le temps, et décède quelques jours plus tard le 21 mai.
A la sortie de l'hôpital niçois où elle venait de rendre visite à son fils Gildo, un tireur embusqué, appuyé par un complice faisant le guet, avait ouvert le feu à deux reprises sur son monospace noir. Son chauffeur, Mohamed Darwich, avait succombé le 10 mai.
Même s'ils ne peuvent pas interroger de nouveau la victime, les enquêteurs remontent rapidement la piste les menant au tueur présumé et à son complice, deux Marseillais d'origine comorienne qui ont semé tout au long de leur parcours criminel de nombreux indices... Les policiers n'ont aucun mal à les suivre à la trace.
A Marseille, les caméras de surveillance les montrent achetant des téléphones portables, monter dans un train pour Nice. Arrivés à Nice il prennent des taxis, louent une chambre d'hôtel où l'un d'eux laisse ses traces ADN sur un flacon de douche. On les repère encore, vêtus de noir, et portant pour l'un, le guetteur, une casquette rouge, installés sur le trottoir face à l'hôpital où ils attendent leurs victimes.
A peine deux jours après le drame, ils sont identifiés comme étant Samine Said Ahmed, le tireur, et Al Haïr Hamadi, le guetteur.
"Un gars m'a dit qu'il avait peut-être un job pour moi", avoue ce dernier en garde à vue. "Je lui ai dit que je ne pouvais pas tirer mais que je pouvais aider le tireur en faisant le guetteur". Malgré les vidéos et traces ADN, le tueur présumé a quant à lui toujours affirmé n'avoir "rien à voir ni de près ni de loin avec cette affaire".
- 'Trahie et utilisée' -
A partir d'un colossal travail d'analyse de quelque 3,5 millions d'appels téléphoniques, les policiers remontent ensuite jusqu'aux commanditaires présumés et voient se dessiner un scénario digne d'un sombre polar: celui d'un contrat passé par le gendre de Mme Pastor, homme d'affaires et consul honoraire de Pologne à Monaco, Wojciech Janowski -des faits que nie aujourd'hui ce dernier. Montant de ce contrat, 140.000 euros.
Un mois après les meurtres, Pascal Dauriac, le coach sportif de M. Janowski, avoue être l'organisateur des assassinats, son beau-frère servant de recruteur. "M. Janowski m'a manipulé... Il m'a expliqué que sa belle-mère était un monstre", s'est défendu le coach. Et c'est Janowski qui décide de tuer le chauffeur ainsi que de voler le sac à main "afin de brouiller les pistes et faire croire à un crime crapuleux", assure encore Pascal Dauriac.
Interpellé à son tour, Wojciech Janowski avoue dans un premier temps avoir commandité le double crime, avant de se rétracter, évoquant notamment des problèmes de traduction au cours de sa garde à vue.
"Il a payé l'assassinat de sa belle-mère avec l'argent de celle-ci", accuse pourtant Me Thomas Giaccardi, défenseur de Gildo Pastor. La compagne de Janowski, Sylvia Pastor, fille de la milliardaire, lui versait en effet la majeure partie des 500.000 euros mensuels alloués par sa mère, héritière d'une famille italienne de bâtisseurs installée à Monaco.
Après le meurtre, Sylvia réalise que l'homme avec lequel elle vit depuis 28 ans, l'a "trahie et utilisée". "Mon concubin me faisait payer les choses plusieurs fois et majorait toutes les grosses factures... sachant que je ne voyais aucune facture", a-t-elle notamment détaillé devant les enquêteurs. Elle découvre aussi qu'il a hypothéqué leur maison londonienne.
Selon l'enquête, M. Janowski était en fait aux abois avec d'importants problèmes d'argent pour "faire face à ses investissements hasardeux dans une raffinerie de pétrole" en Pologne.
Trois ans après le drame, il a été renvoyé devant les assises, comme neuf autres personnes, intermédiaires et exécutants du contrat.
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