Jean Rottner quitte la présidence de la région Grand Est
Jean Rottner, qui avait acquis une audience nationale durant la crise sanitaire en tant qu'ancien urgentiste, a annoncé mardi, de manière inattendue, son départ imminent pour "impératifs familiaux" de la présidence de la région Grand Est et de la "vie publique" en général.
"Des impératifs familiaux animent cette lourde décision", qui est "mûrement réfléchie", a déclaré dans un communiqué l'ancien maire de Mulhouse (Haut-Rhin). Il quittera "l'ensemble de (ses) mandats d'ici la fin de l'année".
M. Rottner (LR), 55 ans, était à la tête du Grand Est depuis 2017, quand il avait succédé à Philippe Richert, démissionnaire. Il a ensuite été élu en 2021.
Le premier vice-président de la région Grand Est, Franck Leroy, maire d'Epernay (Marne), assurera l'intérim de cette région qui rassemble depuis 2015 l'Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne.
Une nouvelle élection interne au conseil régional, pour la présidence, devrait avoir lieu dans un délai d'un mois. Sans attendre, le conseiller RN Laurent Jacobelli a fait acte de candidature.
Le conseil régional du Grand Est a déjà connu en octobre la démission d'un de ses vice-présidents, le maire de Reims Arnaud Robinet, élu président de la Fédération hospitalière de France (FHF). Le maire LR de Charleville-Mézières, Boris Ravignon, devrait aussi démissionner de sa vice-présidence puisque sa nomination à la tête de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) vient d'être validée.
- Alsace vs Grand Est -
L'élection d'Éric Ciotti à la tête de LR il y a dix jours avait fait courir le bruit d'un éventuel départ de son parti de Jean Rottner, qui a toujours ménagé le dialogue avec les macronistes et dont le nom a plusieurs fois circulé comme potentiel ministre. Dans une interview à l'Opinion début novembre, il estimait "que le parti va éclater".
Néanmoins, il avait refusé toute alliance aux élections régionales avec Brigitte Klinkert, ex-LR également alsacienne engagée dans le camp macroniste. A l'élection présidentielle, il avait également fait partie de l'équipe de campagne de Valérie Pécresse. "Dans un monde politique fait de trahisons et de lâcheté, il a porté haut les valeurs d'engagement et de fidélité !", l'a flatté la présidente de la région Ile-de-France.
L'entrée en politique de Jean Rottner remonte à 2001 quand il devient conseiller municipal d'opposition à Mulhouse, ville alors dirigée par le socialiste Jean-Marie Bockel, qui lui cède son fauteuil de maire en 2010.
En 2017, son accession à la tête de la région Grand Est à la faveur du départ de Philippe Richert lui vaudra d'acerbes critiques en Alsace, où la plupart des élus de droite, et lui-même dans un premier temps, étaient opposés à la constitution de cette nouvelle région.
- "Monstre institutionnel" -
Jean Rottner en est ensuite devenu un fervent défenseur, refusant de soutenir les velléités de redonner à l'Alsace son "indépendance" du Grand Est. L'annonce de sa démission n'a d'ailleurs pas manqué de remettre une pièce dans la machine.
"La démission de Jean Rottner déstabilise la collectivité et apporte son lot d'interrogations sur la prise en compte des enjeux alsaciens", a considéré EELV Alsace.
"Tant que l'Alsace ne sortira pas du Grand Est, sa présidence sera un exercice impossible. (...) Il faut maintenant revoir le contour de cette trop grande région", a insisté le maire de Colmar, Éric Straumann, tout en soulignant avoir "toujours eu beaucoup d'estime pour Jean Rottner".
Le parti régionaliste alsacien Unser Land s'est fendu d'un sarcastique "Noël avant l'heure". Jean Rottner "a mis tout son zèle, son cynisme et sa froideur chirurgicale pour insuffler la vie à ce monstre institutionnel qu'est le Grand Est", a affirmé Jean-Georges Trouillet, le président du parti.
En manque de notoriété en étant arrivé à la tête de la région sans être tête de liste dans un premier temps, Jean Rottner a fortement gagné en stature avec la crise du Covid-19, qui l'a propulsé dans la lumière en même temps qu'un des premiers foyers était signalé à Mulhouse, sa ville d'origine, début 2020.
Prêtant main forte à la régulation du Samu lors de la première vague d'épidémie, il s'était rapidement mué en lanceur d'alerte, prévenant l'Élysée de la tension hospitalière, se démenant pour récupérer des masques et des tests ou lançant un fonds de soutien aux entreprises.
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