La Cimade appelle à "une refonte en profondeur" des politiques migratoires
La Cimade déplore les visions "à court terme, sécuritaires et méfiantes" des politiques publiques en matière d'immigration, dans un "état des lieux" publié jeudi qui appelle à une "refonte en profondeur" de ces politiques en France comme en Europe.
Ce rapport, "volontairement à charge" selon le secrétaire général de la Cimade Jean-Claude Mas, s'accompagne d'une campagne d'affichage autour du mot d'ordre "les politiques migratoires excluent".
A quelques semaines des élections "aucun programme ne nous paraît satisfaisant en l'état" et c'est pourquoi "nous avons fait le choix de nous adresser directement à l'opinion", explique à l'AFP le responsable de l'association d'aide aux étrangers.
"Contrôler et punir", "trier pour exclure", "discriminer et accorder des droits au rabais"... la Cimade, qui revendique des formules "chocs", déplore des logiques qui "confortent l’idée que +l’immigration est un problème ou une menace+" et "renforcent, de fait, le camp de ceux qui prônent le rejet ou la haine, au risque de fragiliser plus encore la cohésion sociale".
Parmi les "logiques répressives, stigmatisantes ou discriminatoires" dénoncées, l'association pointe notamment la "suspicion" des préfectures qui voient dans les personnes étrangères de "faux malades", "faux parents d’enfants français" ou "faux couples".
"La France est championne d'Europe de l'enfermement des personnes étrangères", assure l'association, qui déplore le recours à l'assignation à résidence ou à la rétention, ainsi que des "sanctions pénales plus lourdes" et de "nouvelles mesures administratives de bannissement" qui "complètent l'arsenal dissuasif".
Au niveau européen, la Cimade regrette un "marchandage de la coopération" avec des pays "souvent moins regardants en matière de respect des droits" et qui "s'engagent à faire le sale travail en échange de contreparties" pour empêcher l'arrivée de migrants ou les expulser.
Le rapport s'en prend aussi à une "obsession du tri des personnes" via les "hotspots" en Grèce et en Italie, dans l'idée d'écarter des personnes "pourtant en quête de protection".
Aussi l'association appelle-t-elle à une "refonte en profondeur des politiques migratoires, en France comme en Europe" pour répondre à "la réalité des mouvements migratoires" qui "sont là pour durer".
"Refuser cette évidence, ou persévérer dans la seule vision sécuritaire, ne peut qu’accroître les tensions et les drames", ajoute l'association.
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