Les "philippotistes", désormais meilleurs ennemis de Marine Le Pen

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Par AFP
Publié le 20 octobre 2017 - 16:38
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Longtemps bons soldats, prompts à défendre Marine Le Pen au moindre propos jugé défavorable, les partisans de Florian Philippot ont désormais retourné leurs armes contre leur ex-championne et lâchent leurs coups depuis le départ du FN de l'ex-bras droit.

5 mai 2017, 21H40 : 48 heures après le débat catastrophique face à Emmanuel Macron et 48 heures avant les 33,9% du second tour, qui décevront largement au Front national, Marie-Amélie Dutheil de la Rochère, l'une des petites mains indispensables de la campagne présidentielle frontiste, tweete : "Marine on t'aime", assorti d'une émoticône avec un bisou et un cœur.

Cinq mois plus tard, la même "ADLR" (son surnom au Front national) n'a plus le même avis : jeudi soir, devant la prestation de Marine Le Pen à L'Émission politique, elle a retweeté à l'envi ses camarades "patriotes",qui qualifiaient la patronne du FN d'"incompréhensible", "surréaliste", "irresponsable" ou "indécente".

À l'image de cette proche collaboratrice de Florian Philippot au Parlement européen, la bande de jeunes pousses à dominante masculine - dont certains rédigeaient des argumentaires de la présidentielle, au QG parisien de Marine Le Pen - ne retient plus ses mots.

Au gré de leurs tweets, ils mettent en cause le niveau politique de leur ex-favorite et ironisent parfois sur les affaires judiciaires qui la menacent, de sa mise en examen dans l'affaire des assistants parlementaires européens au procès que devra affronter le FN dans l'enquête sur les finances des campagnes 2012.

Dans le rôle de l'ex-membre qui savait tout, l'eurodéputée Sophie Montel, plus proche lieutenante de M. Philippot : "100.000 adhérents ? Non, 40.000 au dernier pointage" a-t-elle tweeté jeudi soir, contredisant en direct les déclarations de Marine Le Pen.

Florian Philippot n'est pas en reste. A la recherche d'un espace politique, le président des "Patriotes" se répand, sur les télés, radios et autres médias, en un crescendo de critiques envers son ancienne âme soeur en politique.

- Cercle "extrêmement réduit" -

Alors que 65% des électeurs de premier tour de la présidentielle de Marine Le Pen s'estiment "indifférents" au départ de l'énarque (sondage Ifop - Atlantico paru jeudi), Florian Philippot a assuré mardi soir que "vu l'évolution actuelle du FN, il est impossible qu'il réunisse une majorité".

Marine Le Pen à l'Élysée ? De la "science-fiction", a-t-il poursuivi le lendemain.

Côté FN, nombreux prédisent à Philippot le destin d'un "Lorrain de Saint Affrique moderne", dit un député en référence au conseiller communication de Jean-Marie Le Pen, exclu en 1994 et qui pendant des années a commenté l'actualité du FN.

Un dirigeant du parti relativise aussi : "Il n'y a qu'une trentaine de conseillers régionaux partis avec (Philippot), c'est la preuve que ça n'allait pas au-delà de ce petit cercle extrêmement réduit, mais omniprésent, réactif sur les réseaux sociaux."

M. Philippot a annoncé une "tournée des initiatives" qui peine à se lancer, un "événement fondateur" de son parti début 2018et revendique 4.000 adhérents pour ses "Patriotes".

Mais ce même dirigeant anonyme FN a "de la peine", car le résultat sera, d'après lui, "désastreux". M. Philippot "ne va pas pouvoir se faire entendre, si ce n'est dans la critique radicale du FN, ce qui fera qu'il ne sera plus crédible", assure-t-il.

"C'est désormais leur unique angle politique : taper sur le +Front+, encore et toujours, et de plus en plus fort, car ils seront invités, en définitive, que pour ça" renchérit un frontiste.

Côté Philippot, on assure au contraire que les "Patriotes" se structurent, à coup de communiqués ou de nominations à des postes de responsabilité dans l'appareil.

"Nous critiquons la ligne de Marine Le Pen et expliquons notre désaccord total", justifie le conseiller régional philippotiste Bertrand Dutheil de la Rochère.

Si lui s'interdit "les critiques personnelles" à l'encontre de son ex-patronne, il comprend la "rancoeur personnelle, psychologique et politique" de certains "jeunes" philippotistes qui étaient "pleins d'illusions".

Mais il assure qu'"on passera pas le réveillon 2018 là-dessus." Avant de sourire: "Bon, celui de 2017...".

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