Les jardins collectifs gagnent du terrain
Un petit bout de jardin pour cultiver ses tomates ou ses fleurs en plein centre-ville, c’est le concept des jardins collectifs. Ces emplacements de verdure situés en haut des immeubles ou à même le sol entre les bâtiments bénéficient d’un intérêt croissant de la part des collectivités locales et des citadins. Le contexte de crise écologique, économique et sociale est un terreau favorable à leur expansion.
S’ils ne prétendent pas concurrencer l’agriculture, ils peuvent, à leur échelle, sensibiliser une population urbaine à la nature. En France, il n’existe aucun recensement permettant de déterminer précisément le nombre de jardins collectifs. Pourtant, il en existerait des dizaines de milliers.
"Notre association compte 250 structures, ce qui représente près de 20.000 jardins", assure le président de Jardins familiaux et collectifs Gil Melin à FranceSoir. Et d’insister: "à cela, il faut également ajouter les structures municipales: Strasbourg, par exemple, regroupe plusieurs milliers de jardins à elle seule".
Le premier jardin communautaire a été mis en place en 1973 à New York dans le quartier de Manhattan. C’est l’artiste Liz Christy qui fut à l’initiative du projet. Attristée par le nombre croissant de terrains vagues dans le quartier, elle se mit à lancer des "bombes de graines" au dessus des grillages des terrains, pour les transformer en jardins.
La France suit le mouvement quelques années plus tard et met en place en 1997 le "Jardin des retrouvailles", dans le quartier des Moulins à Lille. Sur place, un potager bio, une haie d’essences locales, une butte de plantes aromatiques et une mare sont implantés.
Pas besoin d’être un pro
Aujourd’hui, tout habitant d’une ville de France a le droit de créer un jardin collectif. Pour cela, il faut avant tout identifier une parcelle adéquate et se mettre d’accord avec le propriétaire du terrain. En ces temps de crise foncière, c’est l’étape la plus délicate.
Toutefois, de plus en plus de collectivités territoriales, se souciant d’écologie, cherchent à faciliter l’installation des jardins collectifs. D’autant que c’est également un excellent moyen pour valoriser les zones en friche (zones industrielles délaissées, par exemple) tout en répondant à une demande sociale. Les autorisations restent pourtant assez longues à obtenir et il faut bien souvent attendre plusieurs mois, voire un an, avant de recevoir un avis positif.
Pour gérer un jardin collectif, il est préférable de se constituer en association. Cette formalité est par exemple nécessaire pour ouvrir un compte en banque, souscrire une assurance et signer la convention de mise à disposition du terrain.
Une fois l’accord d’exploitation obtenu, le financement de l’occupation du terrain par les habitants du quartier peut se faire selon trois modalités différentes: un financement public via la mairie; un financement privé par l’intermédiaire d’une fondation, voire du mécénat; ou encore par l’autofinancement permis grâce à des cotisations, kermesses ou brocantes. L’usage commercial des produits issus des jardins collectifs est, lui, interdit.
Pour exercer ses talents dans un jardin collectif, pas besoin d’être un pro. Le but est surtout l’entraide et l’échange de conseils entre voisins de quartier plus ou moins expérimentés. Certains jardins collectifs, baptisés "jardins d’insertion", occupent un rôle social et éducatif particulier. Ils sont, par exemple, réservés aux personnes sans emploi et œuvrent à leur réinsertion professionnelle à travers une remise au travail. C’est le cas notamment de l’organisation Réseau Cocagne, depuis 1991.
Les parcelles des jardins collectifs peuvent être cultivées à plusieurs où être divisées en sous-parcelles individuelles. Il arrive que les apprentis-jardiniers se fixent des objectifs à atteindre et signent une charte à cet effet.
C’est surtout le réseau national Le jardin dans tous ses états (JTSE) qui a joué un rôle important dans le développement national des jardins collectifs. Il est à l’origine de l’organisation de plusieurs forums, dont un à Lille en 1997, à Nantes en 1999 et à Paris en 2005.
La ville de Paris a justement lancé en 2003, un an après la création du premier jardin collectif dans la capitale, la campagne "Main verte". Dans son viseur notamment, les parcelles restées en friche, même momentanément. La mairie préconisait ainsi de récupérer ces endroits pour en faire des jardins collectifs.
Les jardins collectifs ne se sont pas développés qu’en France ou aux Etats-Unis. Berlin, Londres, Montréal mais aussi Tokyo, entre autres, ont leurs lots de petits coins de verdure cultivés collectivement. De fait, dans l’Hexagone comme ailleurs, de plus en plus de gens sont séduits par ce moyen de manger sainement ainsi que de se procurer des fruits et légumes de saison, ce qui est excellent pour la santé selon la plupart des nutritionnistes.
Au-delà des considérations écologiques et gustatives, ces potagers urbains ont également un réel intérêt économique. "Selon la qualité du jardinier, on estime que les jardins permettent de réaliser de 1.000 à 1.500 euros d’économies par an", assure Gil Melin. Une économie non négligeable pour de nombreux Français.
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