"Napoléon pop” : des figurines pas si innocentes que cela !
SHOPPING - Surfant sur le buzz suscité par le film Napoléon, Charles Dacquay propose des figurines de l’Empereur aux couleurs flashy. Napoléon en rose bonbon à la mode Barbie : cela attire l’œil ! Une façon de toucher une clientèle plus jeune, plus internationale qui aime casser les codes ?
Depuis la sortie sur nos écrans de la production hollywoodienne Napoléon de Ridley Scott, le 22 novembre dernier, les critiques fusent. Le site Allociné lui a donné une note passable de 2,3/5. “Un film à charge contre Napoléon, la révolution, la France… ce qui tranche avec le traitement accordé aux Britanniques dans le milieu cinématographique américain”, peut-on lire parmi de nombreux avis. Des historiens comme Patrice Gueniffey ou Thierry Lentz (directeur de la fondation Napoléon) sont exaspérés par les nombreuses inexactitudes historiques. Le réalisateur de Blade Runner, Gladiator, plus récemment House of Gucci, et de bien d’autres succès, est furieux du mauvais accueil réservé à son film par la presse française. Bref, cela fait un buzz d’enfer autour de Napoléon Bonaparte actuellement.
Une heureuse synchronicité
C’est une heureuse synchronicité pour Charles Dacquay. Cet entrepreneur français de 34 ans a créé en octobre dernier sa start-up Napoléon World avec l’ambition de vendre des figurines du buste de Napoléon dans le monde entier.
“Chez Napoléon World, nous sommes une équipe passionnée par l'audace et l'épopée que fut celle du petit caporal ! C’était un chef hors pair, sinon des milliers d’hommes ne l’auraient pas suivi sur les champs de bataille jusqu’à mettre leur vie en péril”, expose en guise d’introduction Charles Dacquay, fervent admirateur de l’Empereur depuis l’âge de neuf ans.
Un pop-up (ou magasin éphémère) a été ouvert au 15, galerie Vivienne à Paris, pendant une semaine, fin novembre, afin de présenter la détonante collection de figurines. Mais la petite entreprise n’a pas pignon sur rue. Et il lui faut vendre les bustes de Napoléon en ligne à partir de son site Internet.
Il y a déjà une offre pléthorique sur le marché de la figurine dans les musées, chez les antiquaires, les marchands de caricatures... Alors comment se distinguer ?
“Nous avons la version classique du buste impérial avec Napoléon et sa couronne de laurier, en bronze patiné ou en blanc marbre. Mais ce qui nous différencie c’est une collection pop, plus légère, un peu provocatrice, avec le buste bonbon, fluo ou métallisé qui nous permet de toucher des jeunes qui aiment le personnage”, souligne Charles Dacquay.
En effet, il y a un choix de 14 couleurs dont certaines sont très flashy.
Et Napoléon en rose bonbon à la mode Barbie, cela attire plutôt l’œil ! Une façon de toucher aussi une clientèle plus féminine ? Les Américains, les Chinois vont aimer ? Pour une fois, le groupe Disney semble avoir raté une belle opportunité.
Le “buste pop”, inspiré d’une sculpture de Napoléon Ier par Antoine Denis Chaudet (1763-1810), représente Napoléon dans son uniforme de colonel des chasseurs à cheval de la Garde impériale. Pas un détail n’est oublié : la main glissée dans le veston, les médailles et, bien entendu, son légendaire bicorne !
Chaque pièce est unique. C’est un véritable travail artisanal.
Pour cela, Charles Dacquay a fait appel à Benjamin Zerbib, un ancien de la Manufacture nationale de Sèvres. “Je travaille à la main les traits du visage, le bicorne ou la couronne de laurier, tous les accessoires, afin de recréer fidèlement l’apparence des bustes anciens”, explique le jeune artiste sculpteur qui exerce son activité dans un atelier basé à Compiègne. Du made in France garanti. Le produit phare pop en résine durable est vendu à partir de 59 euros. Trois tailles différentes sont proposées. Une idée de cadeau révolutionnaire pour Noël ?
Réhabiliter la grandeur de Napoléon
A travers sa petite entreprise, Charles Dacquay souhaite réhabiliter l’image et la grandeur de Napoléon. Il assume pleinement son choix : “Que l’on adhère ou pas à sa politique, à la personne ou à ce qu’il représente, Napoléon demeure, à l’instar de César, Alexandre ou Gengis Khan, un homme qui a marqué son époque. On ne peut émettre des jugements moraux avec nos lunettes actuelles sur des actes qui ont eu lieu il y a 200 ans. C’est confondant de bêtise.”
Voilà, c’est dit : le trentenaire n’est pas un défenseur de la cancel culture (en français, culture de l’effacement). “Il faut arrêter d’expurger des livres d’histoire les grands personnages dont on juge le parcours condamnable. Que va-t-il nous rester de l’histoire de notre civilisation ? En France, nous manquons d’influenceurs qui s’opposent à la cancel culture. Et pourtant, ils sont nombreux à ne pas être d’accord.”
Napoléon en version Bitcoin
“Des élus nous ont passé commande de nos figurines en bleu, blanc, rouge”, s’amuse à souligner Charles Dacquay, fier de voir “son” buste de Napoléon entrer dans les mairies, les bibliothèques, les écoles…
Il fallait oser : il existe un Napoléon Bitcoin, une figurine orange éclatante.
Cette édition limitée est notamment destinée aux amateurs de cryptomonnaie… et à ceux qui aiment vraiment casser les codes.
L’Empereur, orné de son bicorne iconique, est représenté avec une énorme chaîne autour du cou et un cigare. Une sorte de parrain de la finance moderne !
Mais Charles Dacquay se moquerait-il du grand homme avec ces différentes versions inédites et provocatrices ?
Il s’en défend : “En détournant l’image de Napoléon, nous invitons à la réflexion sur notre système économique actuel. Bonaparte mérite le plus grand respect. Il a notamment institué le Code civil, créé le franc-or, la Banque de France et a réaffirmé le droit à la propriété privée. Ce droit est en ce moment remis en question avec la proposition de loi Lagleize. Il nous manque aujourd’hui en France un Napoléon pour assurer la défense de nos intérêts nationaux !”
Ces figurines ne sont donc pas si innocentes que cela ! Elles pourraient bien alimenter les débats autour du sapin de Noël.
*Corine Moriou est journaliste indépendante, grand reporter.
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