Pourquoi dit-on "être cocu" et "avoir des cornes" ?
"Etre cocu", "Avoir des cornes", ces deux expressions ont la même triste signification: le fait d’être trompé par son ou sa conjoint(e). Elles ont été pendant longtemps l’intrigue principale de la comédie traditionnelle. Mais d’où viennent elles?
Selon le Grand Robert de la langue française, "cocu" est une expression familière qui remonte au XVème siècle et qui viendrait du coucou, oiseau qui a une réputation d’infidélité. Ce briseur de coeur ne s’attache pas, il vit de manière solitaire et ne s’occupe pas de sa progéniture. En plus de cela, le coucou pratique ce que l’on appelle "le parasitisme", c’est à dire qu’il va pondre des oeufs dans les nids d’autres oiseaux. Mais ce n’est pas le seul; les hirondelles, les étourneaux et même certains canards pondent occasionnellement dans les nids d’autres oiseaux, de la même espèce ou non.
Dans le nid des autres volatiles, la progéniture du coucou ne va pas toujours survivre: l’oeuf peut se faire éjecter par ces parents adoptifs contraints. Le mot "cocu" est donc une déformation de "coucou", cet animal insaisissable et très volage.
Quand un homme ou une femme trompe son (sa) conjoint(e), il est aussi commun de dire que le malheureux porte des "cornes" ou "se fait planter des cornes". Suivant l’intensité de la tromperie, la taille sera aussi précisée: les unes ne dépassant pas quelques centimètres, certaines s'élevant jusqu’au plafond...
"Cornart", au XIIIème siècle veut dire "imbécile", et "escorner", au XVème siècle, c’est "ridiculiser". En italien, cocu se dit "cornuto" qui signifie également cocu.
Il est paradoxal de constater que chez les animaux sauvages comme le chamois ou le rhinocéros, les cornes symbolisent la virilité, la force. Alors pourquoi est-ce devenu un signe de faiblesse chez les humains? Tout simplement parce qu'un homme portant physiquement sur le front deux cornes sera le seul à ne pas les voir... Tout le monde pourra les admirer, sauf le cocu. "Porter des cornes", c’est donc surtout ne pas le savoir alors que tous les voisins sont au courant.
La phrase de George Sand, "Madame va rejoindre ses parents (...), par la même occasion, elle plantera une corne ou deux à son imbécile de mari" est symptomatique du manque de sympathie et de compassion que rencontraient les maris trompés, notamment auprès des écrivains et dramaturges qui faisaient d’eux le dindon de la farce.
Il existe toutefois une expression qui pourrait réconforter les amoureux dupés, c’est "la chance ou la veine de cocu", qui indique que l’on a une chance extraordinaire. Elle vient du dicton bien connu "Heureux au jeu, malheureux en amour"...
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