Quand les parents cherchent des pistes pour réguler l'accès des ados aux écrans
"Mon ado regarde tellement d'inepties sur YouTube", "si je le laissais faire, il jouerait en ligne toute la nuit": lors de "cafés des parents" ou d'ateliers-débats, de plus en plus d'adultes s'interrogent sur la manière de réguler le temps passé devant les écrans par leur progéniture... tout en prenant parfois conscience de leurs propres addictions.
Dans un atelier organisé à Paris par la caisse d'allocations familiales pour une vingtaine de parents, Christophe, la quarantaine, résume: "notre voeu à tous, ça serait de trouver un usage équilibré. Comment passer d'un contrôle complet à une autonomie, à une situation où on puisse faire confiance aux jeunes?"
Pour la plupart des parents, l'enjeu n'est pas seulement de limiter le temps passé par les adolescents ou pré-adolescents devant l'écran de leur smartphone, tablette ou ordinateur, mais aussi de leur inculquer des principes de prudence dans l'utilisation des réseaux sociaux ou concernant les dangers du cyberharcèlement ou du complotisme.
C'est pour favoriser une telle réflexion sur la "gestion des écrans au quotidien" que les caisses d'allocations familiales proposent, dans de nombreuses villes, des ateliers ou cafés-rencontres.
En partenariat avec le Clemi, la structure de l'Education nationale chargée de l'éducation aux médias, les CAF viennent aussi de mettre en ligne une nouvelle série de dix vidéos pédagogiques mettant en scène une "famille Tout-écran", aux prises avec ses questionnements sur le cyberharcèlement ou l'exposition des plus jeunes aux images violentes. Une première série de 15 épisodes avait été vue six millions de fois sur le web, fin 2018.
"Il y une forte demande des familles sur cette thématique", témoigne Barbara Mouret, une "coach parentale" qui anime des ateliers partout en France, organisés par les centres sociaux, les CAF ou les collectivités.
- "Pas besoin de tout ça" -
Les parents, poursuit-elle, se sentent pris en étau entre deux injonctions contradictoires. D'un côté, un discours ambiant de plus en plus anxiogène sur la nécessité de limiter l'usage des écrans par les jeunes. De l'autre, une maîtrise des outils numériques perçue comme indispensable, au point qu'on ne peut pas éteindre le wi-fi le soir à la maison, car les enfants doivent se connecter à une appli scolaire pour faire leurs devoirs.
Face à cela, les parents tâtonnent, échangent leurs expériences. "Le plus compliqué, c'est quand mon fils dialogue en ligne avec un copain dont les parents ne lui imposent pas les mêmes règles. Comment lui dire +ça suffit maintenant, lâche ton téléphone+, alors que son copain n'a aucun interdit?", se demande Laurence, une des participantes à l'atelier parisien auquel l'AFP a assisté.
"Mon fils de 14 ans utilise trois ou quatre écrans en même temps. Ca m'impressionne, pour moi c'est trop... je ne comprends plus", se lamente Christophe.
D'autres parents en profitent pour s'interroger sur leurs propres pratiques: "ça m'arrive aussi de regarder mon téléphone et la télé en même temps. Je suis effarée moi-même, on n'a pas besoin de tout ça!", reconnaît Audrey. "Je résiste, ma fille a 15 ans et toujours pas de smartphone. Moi je suis accro au portable, je ne veux pas qu'elle soit comme moi", raconte Naïma.
Certains relativisent et essayent de voir le bon côté des choses: "J'ai l'impression que mon fils est plus mûr que moi à son age. Il sait plein de trucs, que les youtubeurs lui ont expliqués. A dix ans, il savait ce qu'est le placement de produits!", s'amuse Laure.
De toute façon, "il n'y a pas de baguette magique" pour résoudre les éventuels conflits, trouver les bonnes règles et les faire appliquer, rassure la "coach".
"Ce qui fonctionne bien, c'est d'instaurer une sorte d'hygiène familiale, en sanctuarisant des temps et des lieux. On peut dire par exemple +pas d'écran à table+, ou encore +le soir, personne ne regarde un écran avant de s'endormir+. Et bien sûr, si on fixe une telle règle, alors ça vaut pour tout le monde, les enfants comme les parents!"
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