Mélenchon reconnaît l'échec du mouvement anti-Macron

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Par AFP
Publié le 30 octobre 2017 - 19:35
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C'est Emmanuel Macron qui "a le point". En concédant une première victoire au président, Jean-Luc Mélenchon a reconnu une forme d'échec après six mois d'opposition tous azimuts mais il l'attribue également aux syndicats qui n'ont pas accepté la main tendue par La France insoumise pour mener la contestation sociale.

"Non, aucune condition n'est réunie pour mettre un million de personnes sur les Champs-Elysées": interrogé sur le succès de la mobilisation contre le "coup d'Etat social" du chef de l'Etat, Jean-Luc Mélenchon n'a pas tergiversé. Son appel du 23 septembre a fait chou blanc.

A Athènes, où il a passé le week-end, le leader de La France insoumise l'avoue: Macron a remporté la première manche malgré l'"état surcritique" de la France. "Normalement, l'avalanche devrait avoir lieu (mais) on ne va pas chercher à le cacher, pour l'instant, il ne se passe rien".

L'ancien candidat à la présidentielle traverse-t-il une phase de déprime ? Difficile à dire tant l'homme a été coutumier, tout au long de ses quelque 40 ans de vie publique, des sautes d'humeur et d'entrain.

"Mélenchon était resté sur l'impression très forte de la mobilisation contre la loi El Khomri et imaginait qu'il pourrait canaliser le même type de mobilisation en utilisant une dynamique similaire", analyse l'historien Jean Garrigues.

C'était oublier la "lassitude" des Français, "la méthode Macron de division des syndicats", la façon dont il a "surestimé sa propre capacité à mobiliser" et la désaffection des Français pour le style Mélenchon" basé sur l'occupation de l'espace public à coups d'"outrances" et de "provocations", poursuit-il.

Mais le député des Bouches-du-Rhône distille un second message, en renvoyant la balle aux syndicats. L'appel à la journée d'action syndicale du 16 novembre, "bon, on va y aller", souffle-t-il, bien que ce soit "un jour de semaine" et que LFI n'ait "pas été consultée".

- "Pas le blues du tout" -

"C'est pas que ça nous vexe mais on trouve que c'est du gâchis", soupire encore le responsable politique pour qui le leadership des syndicats sur le mouvement a été "décevant". La France insoumise souhaite une "large action commune de tout le champ impliqué dans la lutte", politique compris, rappelle M. Mélenchon, mais, il est "clair que les confédérations CGT, FO et CFDT n'en veulent pas".

"Je ne jette pas la pierre aux syndicats", nuance la députée LFI Clémentine Autain, "c'est normal que chacun essaie de jouer sa partie". "On a besoin de combativité et d'un front social et politique large et dynamique qui ait un effet d'entraînement", résume-t-elle.

"On n'a pas le blues du tout", renchérit le député Eric Coquerel, voyant dans les paroles de M. Mélenchon un "signal" sur la nécessité que "les uns et les autres ne restent pas dans leur couloir", syndicats, mouvements de jeunesse et "même nous, à LFI".

Difficilement audible côté syndicats. "On n'a pas de leçon à recevoir de lui ou d'autres, il est dans un rôle politique, nous on fait du syndicalisme", s'est indigné Jean-Claude Mailly, le patron de FO.

Si le constat d'échec est évident, il est plutôt lié à la désunion syndicale et à la fatigue de salariés après le mouvement de 2016, estime de son côté un responsable de la CGT. "Jean-Luc Mélenchon ne peut pas à lui tout seul remettre en cause 100 ans de séparation entre les syndicats et le politique", explique-t-il.

Le même précise que toute alliance objective entre le patron de la CGT Philippe Martinez et celui de La France insoumise est délicat. "La CGT a opéré une vraie coupure avec le PCF mais il y a encore beaucoup de cadres intermédiaires qui sont au PCF et Martinez ne veut pas ouvrir la boîte de Pandore", alors que les relations entre LFI et PCF sont exécrables, analyse-t-il.

"Il est temps de dire qu'il faut que la séparation entre le social et le politique s'arrête en France", a affirmé, comme en conclusion, M. Mélenchon à Athènes.

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