Montée en puissance du soutien militaire de l'UE à l'Ukraine
L'Union européenne monte en puissance dans son soutien militaire à l'Ukraine avec le lancement lundi d'une mission pour former sur son territoire 15.000 soldats ukrainiens et l'octroi d'une nouvelle dotation de 500 millions d'euros pour la fourniture d'armes.
"C'est une grande première pour l'UE", a commenté un responsable européen. "Nous n'avons jamais mené une mission à cette échelle", a-t-il souligné.
Les ministres des Affaires étrangères des 27 pays membres vont avaliser ces deux décisions lundi lors d'une réunion à Luxembourg et la mission sera immédiatement opérationnelle, a-t-on précisé de source diplomatique.
Plusieurs formations sont en effet en cours dans différents Etats membres, notamment en Allemagne et en France, où des militaire ukrainiens sont entraînés pour se servir des canons, lance-missiles et systèmes de défense antiaérienne fournis par les Européens.
La France va former "jusqu'à 2.000 soldats ukrainiens" sur son sol, a annoncé samedi dans un quotidien le ministre français des Armées Sébastien Lecornu.
Il s'agit de dispenser une "formation généraliste" de combattant, de répondre à "des besoins spécifiques signalés par les Ukrainiens, comme la logistique", et de les former "sur les matériels fournis", a expliqué M. Lecornu.
Ces formations pourront bénéficier des financements alloués par la Facilité européenne pour la paix (FEP), le fonds constitué hors du budget européen pour aider militairement l'Ukraine.
- Un effort de 3 milliards d'euros -
Au total, l'objectif est de prodiguer une "formation de base" à 12.000 soldats ukrainiens et "des formations spécialisées" à 2.800 autres, a-t-on expliqué de source européenne.
Artillerie, unités du génie, radars: les besoins de l'état-major des forces armées ukrainiennes sont multiples.
La mission européenne va compléter les formations dispensées par les Britanniques et les Américains.
La Pologne va servir de plaque tournante pour la mission, car "elle est la porte de sortie pour les Ukrainiens et la porte de retour", a-t-on souligné. L'Allemagne veut pour sa part former une brigade ukrainienne.
Un budget de 50 à 60 millions d'euros par an est prévu pour la phase de lancement de la mission, a-t-on précisé à Bruxelles. Il doit être confirmé lundi en même temps que l'octroi d'un nouveau financement de 500 millions d'euros de la facilité pour les armements, portant l'effort des Européens à 3 milliards d'euros, auxquels "s'ajoutent les contributions bilatérales, qui sont beaucoup plus importantes".
"Un budget pour sept années a été dépensé en sept mois", a souligné un haut fonctionnaire européen.
La dotation de la Facilité est de 5,7 milliards et les Européens vont devoir remettre au pot. L'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne sont les quatre plus gros contributeurs.
Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba doit participer à la réunion en visioconférence et Paris doit lui confirmer la livraison à l'Ukraine de six nouveaux canons Caesar (en plus de 18 déjà envoyés), de plusieurs obusiers de 155 mm, des lance-roquettes LRU --l'équivalent français des HiMARS américains--, et des système de défense sol-air Crotale contre les drones utilisés par les Russes .
L'Allemagne et l'Espagne ont également annoncé la fourniture de systèmes de défense antiaérienne.
Les drones sont devenus "un atout" dans le conflit en Ukraine. Les Européens dénoncent la fourniture de telles armes à la Russie par l'Iran en violation des résolutions des Nations Unies, ce que Téhéran dément.
Le chef de diplomatie européenne Josep Borrell a fait part de ces préoccupation au ministre iranien Hossein Amir-Abdollahian lors d'un entretien téléphonique vendredi.
Il a aussi appelé à la fin immédiate de la "répression violente" des manifestations déclenchées par la mort il y a un mois d'une jeune femme arrêtée par la police des moeurs iranienne.
L'UE va sanctionner lundi le chef de cette police et une dizaine d'autres dirigeants jugés responsables de cette répression. M. Amir-Abdollahian a dénoncé cette perspective en appelant l'UE à adopter "une approche réaliste" face à ces manifestations.
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