Mort de l'ancien curé ariégeois qui avait détourné le denier du culte
L'ancien curé ariégeois qui avait détourné 700.000 euros de dons des fidèles dans sa paroisse de Saint-Lizier est décédé mardi à Toulouse à l'âge de 81 ans, apprend-on jeudi auprès de sa famille et de son avocate.
L'abbé René Heuillet est mort dans une maison de retraite médicalisée où "il ne s'alimentait plus", a déclaré à l'AFP son avocate Karine Briene, selon laquelle le curé "se laissait mourir".
"Toute cette histoire l'a beaucoup affecté, moralement ça l'a miné, et ça l'a fait plonger", a rapporté Me Briene.
Avare ou simplement soucieux d'assurer ses vieux jours, le prêtre avait encaissé personnellement, pendant deux décennies, quelque 655.000 euros de dons et d'offrandes et 106.000 euros de bénéfices des ventes de bougies votives.
Quelque 666.246 euros avaient été retrouvés sur ses 18 comptes bancaires, qu'il avait été condamné à restituer au diocèse de Pamiers (Ariège), partie civile.
L'octogénaire, condamné en première instance à 18 mois de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende, avait interjeté appel et la cour d'appel de Toulouse devait rendre son arrêt le 16 janvier.
La cour prononcera sans doute, "à ce moment-là, la fin de l'action publique", a poursuivi l'avocate, qui précise que la procédure se poursuivra en revanche devant la juridiction civile, avec les héritiers de l'homme d'église.
La sœur et les deux nièces de l'abbé Heuillet, notamment, annoncent jeudi le décès du prêtre "rappelé à Dieu dans sa 82e année", ainsi que ses obsèques, prévues vendredi à Saint-Lizier, dans un avis publié dans le quotidien régional la Dépêche du Midi.
Me Briene s'est dite "très attristée par son décès" et a fait part de "sa grosse déception" de ne pouvoir "lui annoncer une meilleure décision" que celle rendue en première instance: "J'avais quand même un espoir de lui dire que la cour d'appel avait mieux compris qui il était" que le tribunal de Foix.
Pourtant, la procureure générale de Toulouse avait demandé une aggravation de la condamnation prononcée en 2016 à Foix.
Le prêtre avait reconnu avoir subtilisé, entre 1987 et 2013, la majorité de l'argent des quêtes, des dons et des ventes de bougies. Selon le diocèse, il surfacturait les enterrements, faisait payer les baptêmes normalement gratuits et réclamait "une enveloppe pour la catéchèse".
Au procès, en janvier 2016, son avocate avait plaidé une "peur de manquer". Pour le diocèse, l'abbé avait "trompé ses vœux" de pauvreté et montré le comportement "obsessionnel d'un avare".
L'affaire avait été découverte peu après son départ à la retraite en mars 2013, lorsque son successeur a retrouvé une importante somme d'argent dans la sacristie.
Dans la même affaire, le maire de Saint-Lizier, Etienne Dedieu, est soupçonné de s’être servi dans les caisses du monnayeur servant à éclairer les fresques et d’avoir indûment profité de la vente des bougies votives, en complicité avec l'abbé Heuillet.
L'édile comparaîtra mardi devant le tribunal correctionnel de Foix pour "prise illégale d'intérêt" pour le détournement de 40.000 euros au total.
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