La loi du plus fort ou la protection des plus faibles
ÉDITO - Quel que soit le régime politique en place au moment des faits, la société humaine fonctionne ainsi depuis la nuit des temps : la préférence normative qui est donnée par les dirigeants tend à privilégier peu ou prou, ou totalement, soit des lois et règlements qui servent les intérêts des puissants, c'est-à-dire qui servent la loi du plus fort, soit des lois et règlements qui servent les intérêts des personnes les plus vulnérables (économiquement, socialement et physiquement), autrement dit qui vont dans le sens de la protection des plus faibles contre les atteintes des puissants.
La dernière utilisation en date du 49.3 pour le vote sur la réforme des retraites en est un exemple criant, entrainant des manifestations, démonstration de colère, sans pareille dans bien des villes de France; la presse étrangère condamnant immédiatement l'excès de répression par les forces de l'ordre.
Bien que la croyance populaire soutienne le contraire, l'Histoire a prouvé à maintes reprises que la protection des plus faibles n'est pas l'apanage des régimes démocratiques (ni encore moins leur règle absolue), et que les « dictatures officielles » (monarchies absolues, juntes militaires et Républiques où l'état d'état policier est clairement affiché) n'ont pas obligatoirement un système juridique intrinsèque qui consiste à favoriser la loi du plus fort.
Pas toutes. Il y a eu des exceptions. Des exceptions dans les deux sens. Or, force est de constater que nous vivons une époque où la règle en vigueur, quasiment partout sur la planète, serait plutôt que, quel que soit le régime politique du pays, démocratie ou dictature officielle, chaque nouveau texte normatif sert davantage les intérêts des puissants (citoyens, communautés, lobbys et entreprises), aux détriments des plus faibles, notamment s'agissant des libertés, et tout particulièrement pour ce qui est du financement des dépenses publiques et de la répartition des richesses, des fruits du travail.
La crise de la Covid-19, les restrictions que le Président de la République et son Gouvernement affirment avoir pour justification la guerre en Ukraine, et pareillement celles imposées au prétexte avancé d'un réchauffement climatique.
Tant en Chine, en Russie, qu'en France, au Canada, en Australie, etc., dans tous les pays du monde ou presque, les lois et décrets qui ont été édictés ces trois dernières années consistent en des textes normatifs qui ont accentué de manière exponentielle le deux poids deux mesures qu'il y a entre le traitement de faveur dont bénéficient les puissants, et les contraintes matérielles que la norme juridique impose aux plus faibles, personnes physiques (citoyens) et personnes morales (collectivités publiques, associations et entreprises).
Pire !
Dans ce domaine précis, qui est donc d'édicter des règles de droit qui privilégient la loi du plus fort au détriment de la protection des plus faibles, les démocraties occidentales semblent bel et bien, malheureusement, avoir dépassé la Chine et la Russie. À savoir, ces régimes, qu’Emmanuel Macron en tête et les dirigeants des démocraties occidentales, taxe d'être des dictatures où tout va dans le sens de la loi du plus fort, où elle règne en maître et de manière revendiquée.
En France, par exemple, quand une grande banque fait faillite ; c'est-à-dire quand elle a dilapidé tout l'argent que des citoyens lambda lui avaient confié conformément aux lois qui les y obligent, les dirigeants et actionnaires de cette banque ne sont nullement inquiétés par la justice.
Pourquoi ? Parce que la norme en vigueur en cette matière leur confère une irresponsabilité professionnelle, civile et pénale. Et ce n'est pas tout ! Comme si cela ne suffisait pas déjà à biaiser complètement l'équité, cette même norme (via le décret que Nicolas Sarkozy, président de la République à l'époque, a fait adopter en 2008 pour sauver la Société Générale) détermine qu'en pareil cas, c'est avec l'argent public que la banque doit être renflouée ; à savoir l'argent des 67 millions de citoyens lambda que nous sommes, y compris donc ceux qui ont tout perdu lors de la faillite de cette banque.
Quant aux sommes qu'il faut dépenser pour se mettre en conformité avec les nouvelles normes que les politiciens nous pondent tous les jours, soi-disant pour assurer notre sécurité ou en faveur de tel ou tel impératif planétaire avancé patent par le Gouvernement, les autoproclamés « experts » et les médias aux ordres (« la poudre de perlimpinpin » du moment), les sommes qu'il faut dépenser pour pouvoir le faire sont la plupart du temps à ce point énormes, que c'est un luxe que seuls les riches peuvent se payer, voire uniquement les ultra-riches.
Par exemple, quand il s'agit pour les propriétaires de leur maison de dépenser des sommes astronomiques pour mettre leur logement aux normes énergétiques à défaut de pouvoir louer adéquatement ou de vendre au bon prix ce bien immobilier.
Pareil l'inflation. Quand on est riche à millions ou à milliards, qu'importe que le prix de la baguette de pain ait augmenté de 30% en 2 mois. Cela ne représente que 50 centimes par jour, soit 15 euros par mois pour un ménage qui achète une baguette quotidiennement.
Pardi ! 15 euros par mois, ce n'est rien quand on est riche, encore moins quand on est ultra-riche. Par contre, quand on est au RSA ou qu'on n'a que le minimum vieillesse pour survivre, 15 euros qu'il faut payer en plus par mois, c'est trois repas en moins.
Et voyez en justice... Très vite, vous verrez que vous n'arriverez à rien. Sans beaucoup d'argent, ce n'est nullement possible, véritablement, d'obtenir gain de cause, si c'est un des puissants de ce monde qui est votre adversaire dans un litige.
Voilà pourquoi cette vergence juridique m'inquiète au plus haut point. Car si nous ne faisons rien pour l'endiguer, dans un premier temps, pour parer à l'urgence, et ensuite pour l'inverser, jamais plus nous ne pourrons revenir à l'équilibre, l'entraide à tous les niveaux qui a permis à l'être humain de s'extirper de sa condition de proie qui était la sienne à l'origine, puis de se placer finalement tout en haut de la chaîne alimentaire quelques siècles à peine plus tard. Un claquement de doigt, niveau durée, sur l'échelle de l'évolution.
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