Chronique Covid N°21 – « Mais à quoi peuvent bien jouer les Préfets, les Maires, les DARS et autres hauts-fonctionnaires de l’Etat ? »

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Francois Pesty pour FranceSoir
Publié le 26 août 2020 - 12:21
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Chronique Covid 21
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Chronique : Tout d’abord, quelques départements qui ont fait l’actualité ces dernières semaines à propos de l’obligation du port du masque en plein air…

 

La Mayenne (encore elle)

Jean-Francis Treffel, Préfet de la Mayenne (maîtrise en droit public à l’IEP Paris et DEA de droit et d'administration publique), fut le premier à ordonner à ses administrés le port du masque en extérieur dans les lieux publics. Voici ce qu’il disait le 2 août sur France Info à qui il accordait une interview :

« Porter un masque pour éviter à tout prix un nouveau confinement », voilà ce que pense JF Treffel qui a donc étendu cette obligation à 69 communes de son département à compter du lundi 3 août, alors que seules 4 l’étaient jusque-là, dont Laval. (Pour réécouter toute l’interview, cliquer ici) « Le virus circule activement dans notre département depuis quelques semaines maintenant. Celui-ci est donc classé par l’Agence Régionale de Santé (Pays-de-Loire » en état de « vulnérabilité élevée » (taux d’incidence supérieur à 100 nouveaux cas pour 100.000 habitants et un taux de positivité supérieur à 3%). Avant de prendre cette décision, le préfet a donc consulté les « grands élus », les parlementaires (Géraldine Bannier, Yannick Favenec-Becot, Guillaume Garot, député(e)s et Guillaume Chevrollier, Elisabeth Doineau, sénateurs(trices), aucun n’est médecin), le Président du Conseil départemental (Olivier Richefou, avocat), les maires des principales communes.

« Le Ministère fourni aux préfets les indicateurs qui sont des « aides à la décision » » .

« Les contrevenants s’exposent à un procès-verbal de 135 euros… »

Sauf, que l’épisode épidémique de la Mayenne, le 2 août était en bonne voie de se terminer. Depuis le pic d’incidence à 154 nouveaux cas pour 100.000 habitants, atteint le 24 juillet, le taux était redescendu à 48, c’est-à-dire sous le seuil de vigilance. Il était le 20 août à 27 (voir en fin de chronique) Une décision tardive (la Mayenne ou plus exactement le bulletin d’information édité par l’ARS avait sous-estimé les taux d’incidence de la Mayenne), et donc un dispositif qui n’était plus pertinent le 2 août ! (voir ma Chronique N°19)

Plus loin, dans l’interview, JFT va promouvoir auprès des vulnérables (probables clusters de personnes âgées en EHPAD) « la règle des 3 M, M pour se laver les « Mains » régulièrement toutes les heures, M, maintenir un « mètre » de distance avec la personne que l’on rencontre, et bien sûr M, pour porter son « masque » ». Quelle infantilisation…

Plus loin, le journaliste : « Est-ce que les mayennais sont disciplinés, Est-ce qu’ils acceptent assez facilement le port du masque ? »

Réponse JFT : « La population mayennaise est une population citoyenne, une population civique, qui respecte très régulièrement les orientations qui leurs sont données par les pouvoirs publics et je n’ai pas relevé de difficulté en cette matière, et je voudrais remercier l’ensemble de la population mayennaise et l’ensemble des élus qui pendant la période de la crise du covid-19 a eu un comportement exemplaire. Chacun a su trouver sa place pour essayer de lutter contre cette crise ». Il parle comme un énarque…

Le journaliste : « Aujourd’hui la situation est donc critique sur le département, est-ce qu’elle est hors de contrôle selon vous ? »

Réponse « La situation suppose qu’il y ait une vigilance de tous les instants. La vulnérabilité est élevée. Elle n’est absolument pas hors de contrôle. L’ensemble des mesures que j’ai été amené à prendre, en liaison avec l’ARS, conduit justement à maîtriser cette situation ». Ce préfet est un sauveur…

Sauf, que la vulnérabilité (notion inventée de toute pièce pour le SARS-COV-2) n’était plus élevée depuis le 29 juillet.

« Il s’agit de briser les chaines de contamination et bouter le virus qui fait tant de ravages ». On dirait qu’il a appris sa « récitation » avec le Ministre Olivier Véran.

Le journaliste lui demande alors s’il faut aller encore plus loin, et rendre le port du masque en extérieur obligatoire dans tout le département, ou un reconfinement local la population.

Réponse JFT : « L’idée majeure, briser les chaînes de contamination, se masquer, pour ne pas avoir à se reconfiner, car les conséquences économiques et sociales seraient très néfastes pour notre département ».

 

La Vendée

« La dérogation avait créé la polémique, le Puy du Fou ne pourra pas accueillir plus de 5.000 participants pour ses prochains spectacles nocturnes, le Préfet de Vendée refuse de délivrer une nouvelle autorisation, vue la dégradation de la situation sanitaire » (Source : France Info, 18 août ici)

Sur quelles données dégradées aurait pu s’appuyer le Préfet, Benoît Brocart (ENA 1987), pour cette décision, alors qu’il avait précédemment accepter de déroger jusqu’à 9.000 participants par soirée pour le second parc d’attraction le plus visité en France après Disneyland Paris ?

En Vendée, le taux d’incidence des nouveaux cas observés la semaine du 8 au 14 août était de 5 pour 100.000 habitants, parmi les taux les plus bas de France ???

Incompréhensible ! On se dit que c’est plutôt une population jeune qui visite le Puy du Fou la nuit.

 

Le Nord, Lille et Roubaix,

Sur France Info il était question le 31 juillet du Préfet du Nord, Michel Lalande, énarque aussi, et le Maire de Roubaix, Guillaume DELBAR (Chef de projet dans une agence de communication entre 1996 et 2006 à Paris, avant d’être élu conseiller municipal à Roubaix en 2008, puis Maire depuis 2014) :

Journaliste « Les municipalités entendent lutter contre le relâchement estival des bonnes pratiques de luttes contre le covid-19. Dernière ville en date, Lille et sa métropole où le virus est en recrudescence. Là-bas le masque sera obligatoire dès dimanche minuit (le 2 août) dans certaines zones, décision du préfet tout à l’heure : ça concerne tous les espaces très fréquentés, les zones piétonnes, les marchés de plein air, les abords des galeries commerciales, mais aussi, l’ensemble des espaces verts de la métropole… Cette décision a été prise suites à une hausse inquiétante ces derniers jours des cas de contamination dans la métropole lilloise et y compris chez les plus jeunes. L’ARS a annoncé également renforcer les dépistages, surtout à Lille et dans les communes voisines, et puis les visites dans les EHPADs de la métropole seront aussi désormais limitées à une personne. L’objectif comme l’a martelé le préfet c’est de casser l’épidémie et surtout d’imposer ce respect des gestes barrières pour éviter un reconfinement qui serait selon le préfet dramatique ».

La journaliste poursuit par une interview en direct « Bonjour Guillaume DELBAR, Vous êtes donc le maire de Roubaix qui fait partie de la métropole lilloise. Cette décision de rendre le masque obligatoire dans la métropole, est-ce que pour vous c’est une bonne décision ? »

Réponse de Guillaume DELBAR « Ecoutez, c’est une décision qui s’impose à nous, et c’est la nécessité de prendre toutes les mesures pour éviter comme l’a dit le préfet, de reconfiner, ce qui serait la pire des situations. Pas de doute, c’est la bonne décision »

La journaliste « Comment ça va se matérialiser dans votre commune ? »

GD « On va continuer comme au début à faciliter la distribution de masques, les mesures barrières et toutes les mesures qui vont pouvoir concrètement aider à la mise en place de ces dispositifs ». Pas très concret le maire…

La journaliste « Mais, il y a des zones dans Roubaix, par exemple des marchés de plein air, des choses très précises que vous pouvez nous dire ? »

GD « Oui, nous, par exemple, on a un grand parc qui est le parc Barbieux, qui est un parc où il y a une certaine densité, donc on avait déjà proposé il y a quelques semaines au préfet des mesures pour éviter de le fermer, alors qu’on ne pouvait pas faire respecter la situation, alors on trouve que ça va vraiment dans le bon sens »

 

Pas très précis notre maire : « une certaine densité », « faire respecter la situation », « on avait proposé des mesures » (lesquelles ?), « ça va dans le bon sens » (ah bon, et pourquoi ?)

Selon Wikipédia, ce parc s’étend sur 1,5 km et 34 hectares. Difficile d’imaginer une forte densité…

La journaliste « Est-ce que les gens vont vraiment jouer le jeu, par ce que c’est aussi ça le problème ? »

GD « C’est pour ça qu’il faut être clair sur l’objectif. L’objectif c’est ne pas reconfiner ce qui serait la pire des situations (bis repetita). Je pense que si l’on explique aux gens, on a vu pendant la période de confinement que les gens étaient tout à fait capable de comprendre les mesures et la nécessité de les respecter, et pour ça il faut un travail de pédagogie, et on aura un travail de dépistage aussi, et c’est là où le lien entre le préfet et le maire est important et où le couple doit fonctionner pour que les mesures générales qui sont décidées au niveau de la métropole soient bien mises en place au niveau de nos villes ».

Un peu plus loin dans l’interview (à réécouter en intégralité ici), le maire déclarera que « La peur du gendarme, c’est le début de la sagesse »

Oui, évidemment, à coup de 135 € la première fois, 1.500 € la deuxième fois, nous les administrés, nous comprenons très vite…  Est-cela « la pédagogie » ?

Guillaume DELBAR finira par répéter une troisième fois « Respecter les mesures barrières, utiliser les masques, c’est le meilleur moyen de pas devoir reconfiner, qui serait, je le redis volontiers, la pire des situations »

Sauf, mais il l’ignore totalement, qu’il y a très probablement un bien meilleur moyen de fermer l’épidémie sans avoir à tous se cacher derrière un masque ou chez soi… Et ce n’est pas un hypothétique vaccin.

 

A Paris et en Île-de-France

Le 17 août 2020, le projecteur était braqué sur Paris et l’Île-de-France. France Info diffusait une interview de Nicolas Péju, Directeur-adjoint de l’ARS Île-de-France, études de droit, ancien directeur d’hôpital (EHESP), divers cabinets ministériels (à réécouter dans son intégralité ici)

Journaliste : « La résurgence de l’épidémie de coronavirus et l’inquiétude des autorités sanitaires à Paris. En quinze jours le nombre de nouveaux cas multiplié par six dans la capitale. Pour la deuxième journée consécutive la France a donc enregistré plus de 3.000 nouveaux cas de covid-19 en 24h. Un seuil inédit depuis mai et la fin du confinement. La circulation du virus particulièrement active à Paris. Le directeur général adjoint de l’ARS Île-de-France assure que la reprise épidémique s’accélère dans la région [1] ».

Nicolas Péju « On assiste finalement depuis la mi-juillet à une augmentation du nombre de cas continue mais qui s’accélère fortement [2] depuis, je dirais une quinzaine de jours et en particulier effectivement à Paris et en petite couronne, avec des taux d’incidence élevés. Pour vous donner juste un chiffre, en 15 jours le nombre de cas sur Paris a été multiplié par 6 [3]. C’est une reprise épidémique, c’est une évidence, mais c’est une reprise épidémique dont la tendance s’accélère. Et c’est ça qui doit nous préoccuper. On est vraiment face à un moment où on voit la courbe s’inverser et monter fortement [4]. Donc, il est encore temps d’essayer de casser cette courbe, c’est pour cela qu’il faut qu’il y ait une prise de conscience de tous. Il faut agir maintenant [5] ».

[1] Ce terme usurpé est totalement abusif. Nous ne sommes en aucun cas à un niveau épidémique des taux d’incidence, qui classiquement se situent toujours lors d’infections virales respiratoires au-delà de 150-200 cas pour 100.000 habitants.

[2] Pas très scientifique notre DGA. « Augmentation continue » signifie « linéaire » (vitesse constante), « accélération » veut dire que la vitesse augmente. Il faudrait savoir.

[3] Cette assertion est complètement erronée. Ci-dessous le tableau des valeurs extraites de SI-DEP.   Que l’on prenne les dates du 6 et du 20 août ou du 2 et du 16 août, qu’il s’agisse des nombres de cas positifs par jour ou cumulés sur les 7 derniers jours, le multiple d’augmentation n’est en aucun cas de 6, mais compris entre 2 et 2,5. Fake news…

 

[4] Il faudrait savoir, la courbe montait, si elle s’inverse, alors elle devrait baisser. On ne comprend rien…

[5] Il est un peu trop anxieux et devrait prendre ses gouttes…

Paris – « Dispositif exceptionnel » le Dimanche 23 août 2020 pendant la finale de la Ligue des Champions, Paris-Saint-Germain contre Bayern de Munich

« 5.000 supporters parisiens suivront eux la rencontre au Parc des Princes, et en cas de victoire il n’y aura pas de fête jusqu’au bout de la nuit sur les Champs-Elysées. Les forces de l’ordre disperseront les rassemblements deux heures après la fin du match. Des supporters qui devront obligatoirement porter un masque sur la plus belle avenue du monde. Dans le cas contraire ils seront verbalisés, assure ce matin sur France Info la porte-parole du Ministère de l’Intérieur ». Réécouter le fil info de France Info (ici)

Ces 5.000 supporters du PSG, essentiellement des jeunes en bonne santé, pourquoi les masquer ? D’ailleurs, pourquoi seulement 5.000 ?

Il est évident que cette décision impliquait non seulement le Ministère de l’Intérieur (Darmanin, diplômé de l’IEP Lille), mais aussi la Mairesse, Anne Hidalgo, études sciences sociales et droit, ancienne inspectrice du travail et le Préfet de Paris, Didier Lallement, diplômé de l’Institut Supérieur de Gestion

 

A Marseille et dans les Bouches-du-Rhône

Le même jour (17 août), toujours sur France Info, nous apprenions que « Le virus qui se propageait beaucoup aussi à Marseille. La cité phocéenne étendait les zones où le port du masque était désormais obligatoire. Et pour faire respecter la mesure, le gouvernement durcissait le ton, 130 CRS allaient être envoyés pour renforcer les contrôles dans les Bouches-du-Rhône ».

Encore et encore de la pédagogie…

On apprenait par la même occasion qu’Angers (Maine-et-Loire) et Toulon (Vars) venaient à leur tour de rendre obligatoire le port du masque dans certaines rues et sur les marchés

Mais, le 24 août, le préfet des Bouches-du-Rhône, Christophe Mirmand, ENA 1986, sur BFMTV, jugeait la situation « suffisamment alarmante », bien qu’il ait reconnu qu’elle n’avait pour l’instant aucune traduction sur les chiffres d’hospitalisation. Pensez-donc qu’au niveau national le taux d’incidence sur 7 jours était de 33 pour 100.000 habitants, celui des Bouches-du-Rhône à 110 et celui de Marseille à 145 (soit, encore en-dessous de celui de la Mayenne le 24 juillet, alors le département qu’il administre compte près de 7 fois plus d’habitants… Idem pour les taux de positivité, 3,5 pour la France, 6,2 pour le département (13) et 7,3 pour Marseille…

 

Cette intervention ne suffisant pas, le Préfet de police des Bouches-du-Rhône, Emmanuel Barbe, études de droit, Ecole Nationale de la Magistrature, en rajoute une couche : « C’est que la nation toute entière, a consenti un effort considérable pour essayer que les conséquences de l’épidémie soient le plus atténuées possible, et là par une forme de réflexe un petit peu égoïste [6] de prendre un risque et bien on risque quoi, de se retrouver de nouveau à être obligé de confiner [7]. Porter un masque finalement, ça doit être une habitude la plus développée possible et les décisions qui ont été prises dans les bouches-du Rhône ça consiste quand même à obliger au port du masque dans les endroits où il y a beaucoup de monde. Je crois qu'on n’a pas dit de faire ça en pleine campagne. Donc, je crois que c’est raisonnable quand on voit les enjeux… qu’il y a dans tous les domaines par rapport aux problèmes de confinement. Donc, ce que je dis à la population des Bouches-du-Rhône, c’est que nous avons défini ces endroits, il y aussi d’autres endroits, par exemple les arrêts de bus, les surfaces commerciales à l’extérieur [8]. Ces endroits ont été définis avec soins par ce que précisément ça correspond à des endroits où l’on va rester en face d’autres personnes et où on risque tout à fait d’être contaminé. Je pense que ceux qui remettent cela en cause, manquent peut-être un peu de sens de la responsabilité. Au fond, les intérêts en jeu (ne) sont pas de la même nature. D’un côté un risque de déconfinement [9], et de l’autre une petite contrainte, je sais, je la vis aussi, dans le midi, c’est pas très agréable, il fait chaud. Mais, franchement, je trouve qu’il faut que chacun y mette du sien, et c’est le cas d’ailleurs puisque l’on a aujourd’hui un taux de port du masque qui est relativement bon [10], qui doit progresser et je tiens à remercier aujourd’hui tous ceux qui font cet effort de porter un masque ».

[6] Bien au contraire, ce serait plutôt une démonstration de générosité de la part des plus jeunes (15-50 ans par exemple) qui en se protégeant moins, mais que risquent-ils au fond, pas grand-chose en réalité, puissent contribuer à compléter notre immunité collective, et terrasser enfin le virus, ce qui ne risque évidemment pas de se produire si tout le monde continu à jouer à cache-cache avec le virus…

[7] Nous n’étions pas du tout obligés de confiner, c’est Emmanuel Macron qui a pris cette très mauvaise décision…

[8] C’est quoi une « surface commerciale à l’extérieur » ? Parle-t-il des marchés en plein air ?

[9] « Gros bug » du préfet de police. A moins que ce ne soit un lapsus révélateur ou qu’il maitrise mal le sujet. Il voulait probablement dire « confinement » ou « reconfinement ». Ce n’est pas bien, il n’avait pas appris par cœur sa récitation ! Il mériterait une mutation…

[10] Il serait intéressant qu’il nous dise quel est ce taux et comment a-t-il été mesuré (Reconnaissance faciale ?)

Lyon et le département du Rhône

Sur BFMTV, le 21 août, un reportage nous informe sur « ces nouveaux panneaux dans certaines rues de Lyon depuis ce vendredi matin, la signalisation indiquant les secteurs concernés par le masque obligatoire est en place. A partir de demain en effet et jusqu’au 15 septembre, le masque est imposé dans certaines rues comme ici à La Part-Dieu. Tous les quartiers ne sont pas concernés et pas tous au même horaire… Le non-respect de cette obligation expose à une amende de 135 euros ».

La chaîne d’information en continue qui revendique la première place dans l’audimat, poursuit avec une interview de Jean-Yves Grall, Directeur général de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, Médecin, Cardiologue :

La journaliste « En une semaine les chiffres, les testés positifs ont quasiment doublé dans le département du Rhône. Les tests restent au même niveau, donc on ne peut pas dire comme on a entendu beaucoup à une époque, que c’est par ce qu’on testait plus qu’avant qu’il y avait plus de cas positifs. Le virus circule. Est-ce que c’est inquiétant pour vous, est-ce que la rentrée qui approche vous inquiète ? »

JYG « Je crois que tout ceci appelle, si encore fallait le dire, à la vigilance de tout le monde et au civisme de tout le monde. Le virus qui circule, circule beaucoup chez les jeunes. On voit bien que c’est les tranches d’âges entre 20 et 30 ans et entre 30 et 40 ans qui cumulent l’essentiel des cas. Tout l’enjeu c’est d’abord de casser les chaînes de contamination pour éviter la contamination vers les plus fragiles, notamment les personnes âgées ou les malades. Et pour l’instant, cette contamination qui touche essentiellement les jeunes, n’a pas de traduction vraiment importante dans les hôpitaux. Mais nous suivons ça de près. Nous n’avons pas d’augmentation significative des hospitalisations, à fortiori, en réanimation. Mais, l’enjeu, il est là. Donc, nous sommes très vigilants et il faut que tout le monde fasse attention. C’est des choses simples, se dépister, et les mesures barrières, et c’est comme ça qu’on arrivera à éviter une évolution défavorable ».

Poursuivons nos investigations par un petit tour dans le Sud-Ouest, dont j’ai déjà parlé dans ma précédente chronique :

 

Lacanau-Océan

Décision du maire, Laurent Peyrondet (cadre du secteur privé)

 

Arcachon

Au vu de l’évolution de la situation sanitaire, le Maire, Yves Foulon (avocat), en lien avec la Préfecture de la Gironde (Fabienne Buccio, préfète de la Gironde et de la Nouvelle-Aquitaine, DUT de gestion des entreprises et des administrations, maîtrise de droit public), a pris un arrêté rendant obligatoire jusqu’au 31 août le port du masque dans plusieurs rues de la ville, à proximité de la plage centrale (voir plan ci-dessous)

 

Bayonne

Le Maire, Jean-René Etchegaray, avocat, a demandé au Préfet des Pyrénées-Atlantiques, Eric Spitz, ENA, de prendre un arrêté, donc préfectoral, du 4 août, en vigueur dès le 5, pour un port obligatoire du masque dans certaines rues de la ville et sur les marchés de plein air. C’est une des toutes premières villes à avoir pris cette disposition.

 

Biarritz

Arrêté municipal, puis préfectoral (après que le gouvernement ait demandé par décret du 30 juillet aux Préfets de prendre la main sur le port du masque obligatoire en extérieur), malgré le fait que le Pays Basque ne comptait aucune personne hospitalisée ou en réanimation

Ecoutons Maider Arostéguy, Mairesse de Biarritz (Trente ans d’activité professionnelle dans le conseil aux entreprises privées et publiques à travers le monde ; cogérante avec son frère d’un commerce familial créé en 1875) expliquer les raisons de sa décision :

« Chères Biarrotes et chers Biarrots, alors en effet, nous avons cette chance que à Biarritz et dans tout le Pays-Basque, nous n’avons à ce jour personne hospitalisée ou en réanimation, tout comme la première vague, nous n’avons pas aujourd’hui de cas d’infection au covid-19. Mais nous sommes dans une période de très forte migration à travers tout le territoire ? Dans les médias vous entendez dire qu’en Mayenne, dans le Nord de la France, ou dans l’Est, il y a des clusters. Aujourd’hui ces populations viennent en vacances, viennent dans les familles. Il y a un très fort risque de contamination de la part de ces personnes qui transitent sur tout le territoire français. Et donc, il était important pour vous protéger de vous permettre d’utiliser le seul moyen qui est aujourd’hui un moyen de protection, qui est le port du masque [11]. Et donc, j’ai pris l’initiative, au même titre que d’autres villes en France, d’imposer le port du masque également à l’extérieur, dans un périmètre très délimité qui est le périmètre de l’hyper-centre… »

[11] Elle ne doit pas avoir lu mes chroniques sur le masque (ici et )

Hendaye

Le Maire, Kotte ECENARRO (aucun CV, aucune biographie retrouvés)

 

Bordeaux

Le Maire, Pierre Hurmic, avocat, en lien avec la Préfecture (Fabienne Buccio, voir plus-haut) et l’Agence Régionale de Santé (Directeur général, Michel Laforcade, Etudes de droit, IEP Bordeaux, ayant fait valoir ce mois ses droits à la retraite, et intérim assuré par Hélène Junqua, directrice générale adjointe de l’agence, inspectrice IGAS, même si la situation épidémiologique n’était pas alarmante, mais vu l’augmentation des cas positifs depuis quelques semaines, a décidé de rendre obligatoire le port du masque à partir du 15 août dans les rues Sainte Catherine et Porte Dijeaux, très fréquentées. Il n’est que recommandé ailleurs…

 

Ci-dessous le tableau des taux d’incidence et de positivité sur 7 jours entre le 14 et le 20 août 2020 pour les dix départements dont il a été question dans cette chronique.

Aucun n’égale ou dépasse le taux d’incidence de 154 nouveaux cas pour 100.000 habitants atteint le 24 juillet dans la Mayenne, le moins peuplé de ces départements et qui en a terminé avec ce que l’on pourrait qualifier d’épisode épidémique, désormais à 27 cas. On ne peut que souhaiter que les départements qui alarment à présent nos administratifs décideurs et craintifs, suivent le modèle de la « vaguelette mayennaise… »

Il est donc notoire que ce sont bien les Préfets, Maires, Directeurs d’ARS, qui interviennent à la place des médecins dans la prise de décision médicale d’imposer à toutes et à tous, le port du masque en extérieur. Quelle est leur légitimité ? Quelles sont leurs compétences ? Que connaissent-ils de l’efficacité des masques et de leur utilité ? Que connaissent-ils des stratégies les plus pertinentes pour arrêter l’épidémie ? Est-ce bien constitutionnel de déposséder les médecins de leurs prérogatives ?

A noter, que seul Jean-Yves Grall, parmi les 28 maires, préfets, directeurs d’ARS, ministres, …, est médecin. Encore qu’il soit cardiologue de formation et pas infectiologue, virologue, immunologiste, ou épidémiologiste…

A noter que les Directeurs d’agence régionale de santé (DARS) sont nommés par décrets signés conjointement du Président de la République, du Premier Ministre et du Ministre de la Santé. Voir quelques exemples ici. Inutile de dire que partant de là, ils sont totalement soumis à leurs bienfaiteurs auxquels ils obéiront le petit doigt sur la couture du pantalon…

Quelle absurdité ce principe de précaution crétin ! Franchement, pourquoi ne pas se tirer plutôt une balle dans la tête pour être certain de ne jamais être contaminé par ce virus ?

Ne vaudrait-il pas mieux que nous profitions de ce que le virus circule encore un peu pour parachever l’acquisition de notre immunité collective. Ce qui nécessiterait de lever enfin les obligations de distanciation sociale et de port du masque pour les personnes bien portantes lorsqu’elles sont ensemble.

Bien entendu, vis-à-vis des malades, des personnes vulnérables porteuses de comorbidités, de nos aînés les plus âgés (plus de 75 ans), la distanciation sociale et les gestes barrières (lavage des mains essentiellement) doivent être maintenus.

Enfin, est-il constitutionnel que des décisions médicales soient prises par des Préfets, Maires, Premiers-Ministres, Président de la République ?

 

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