Chronique N°44 – « Un redéconfinement retardé avec couvre-feu avancé, avant rereconfinement planifié : Pourquoi faire simple quand les énarques peuvent faire compliqué »
Tribune : Petit lexique illustré de la gestion de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus
Redéconfinement : Souvenez-vous, nous avons eu successivement le confinement généralisé (annoncé par Emmanuel Macron le 16 mars 2020, pour une mise en place le 17 mars à midi, un prolongement jusqu’au 11 mai, annoncé le 13 avril par le même omniprésent), le déconfinement progressif à partir du 11 mai, préparé par un certain Jean Castex, et annoncé par Edouard Philippe, Premier Ministre de l’époque. Puis, le 22 octobre, Jean Castex qui a remplacé Edouard Philippe, annonce un couvre-feu entré en vigueur à 0h00 le samedi 24 octobre. Emmanuel Macron annonce le 28 octobre un reconfinement de 4 semaines minimum, débutant le 30 octobre et prévu durer jusqu’au 1er décembre. Le 24 novembre le Président de la République annonce donc un nouveau déconfinement progressif en 3 étapes commençant le 28 novembre, qui pour ne pas se perdre dans toutes ces mesures politico-administratives, se doit d’être qualifié de redéconfinement (puisqu’il y a déjà eu un premier déconfinement). Mais, ce n’est pas terminé. L’exécutif obnubilé par une pseudo stagnation des nouveaux cas, une presque remontada, a déjà planifié pour janvier le rereconfinement eh bien oui, si la 3ème vague qu’ils appellent de leurs vœux se concrétise, alors le troisième confinement devra se nommer rereconfinement. Vous avez suivi ? C’est à ne plus rien comprendre. Encore une histoire de Shadoks qui pompaient, pompaient, pompaient…
Mais avant de voir comment cette nouvelle phase palpitante a été mise en place, essayons de trouver quelques repères pour comprendre où nous en sommes réellement :
Taux d’incidence et de positivité en France à la date du 12 décembre (3ème fichier téléchargeable le 15 décembre sur cette page : ici)
Rappelons que le reconfinement a pris place 4 jours seulement avant le pic de la reprise épidémique, ce qui est un peu court vous en conviendrez pour lui attribuer le moindre effet sur la courbe d’incidence. Le virus a une nouvelle fois fait ce qu’il a voulu. Nous sommes descendus à 107 cas + sur une semaine pour 100.000 habitants le 3 décembre (jour de la conférence Castex and Co, sur la stratégie vaccinale) et légèrement remontés à 118 le 12 décembre, deux niveaux qui ne sont pas épidémiques pour un virus respiratoire (habituellement l’épidémie est confirmée lorsque le taux d’incidence dépasse 150 ou 200…)
D’ailleurs, il se pourrait que nous observions à la descente du pic, une petite bosse symétrique à celle objectivée sur le graphique à la montée vers le 20 septembre 2020. Nous en serons plus dans les prochains jours…
Nombres de nouveaux cas positifs, proportionnels aux nombres de tests réalisés :
Ce graphique montre bien que nous sommes restés à un niveau élevé de tests réalisés chaque jour, en tout état de cause, entre 200.000 et 250.000 tests quotidiens (j’aime bien de temps à autres m’exprimer comme un énarque…). Cela n’a pas empêché la baisse rapide des nombres de nouveaux cas positifs au sars-cov-2. N’oublions pas non plus que de sérieux doutes pèsent sur la fiabilité de ces résultats (problématique du nombre excessif de cycles d’amplification réalisés et qui génèreraient de très nombreux faux positifs…)
Retards nombreux dans le rendu des résultats des tests
Ce graphique superpose les courbes de taux d’incidence obtenues à partir de 10 des 11 derniers fichiers téléchargeables entre le 5 et le 15 décembre 2020 vers 19h15 chaque soir (ici)
Enfin, le plus important, le bilan des décès attribués au covid-19 par million d’habitants, des chiffres que bien entendu aucun média « main stream », à la botte du gouvernement, n’osera vous donner :
En date du 15 décembre au soir, à partir des données du site Worldometers (ici) et pour la France en tenant compte de l’estimation, aujourd’hui très sous-évaluée, faite par le syndicat MG France en avril 2020, de 9.000 décès covid survenus à domicile, et toujours sans chiffre officiel de la DGS ou de SPF
Ces chiffres sont bien sûr susceptibles d’évoluer encore, en particulier dans le mauvais sens dans les pays qui connaissent actuellement une flambée de nouveaux cas avec reprise épidémique décalée par rapport à nous.
Il n’en demeure pas moins que si la France avait suivi la stratégie Suédoise de la sagesse, nous aurions déjà pu avoir évité près de 22.000 décès et n’aurions pas détruit nôtre économie et nos vies sociales, culturelles, sportives…
Le 10 décembre 2020, Anne-Sophie LAPIX, en édition spéciale sur France 2 #RESTONS PRUDENTS « Bonjour, Bienvenus dans cette édition spéciale consacrée à la conférence de presse du Premier Ministre. Une intervention très attendue de Jean Castex, puisqu’il devrait dévoiler les modalités de la nouvelle phase du déconfinement et on s’attend à de mauvaises surprises, car en deux semaines le contexte a changé (mais pas le Castex), l’épidémie n’a pas régressé autant qu’on l’espérait. On s’attend donc à un rétropédalage. Va-t-on poursuivre le confinement ? Avancer le couvre-feu qui devait être instauré à 21h ? Les théâtres, les cinémas, les salles de spectacle, pourront-elles rouvrir mardi prochain ? Pourra-t-on réveillonner en famille ? Réponses dans quelques minutes ».
Le suspense est insupportable…
Le Premier Ministre commence par décrire l’état de la situation sanitaire et les conséquences tirées sur l’évolution des mesures de gestion de l’épidémie d’ici à la fin de l’année, ainsi que sur les perspectives pour la rentrée de janvier :
« Pour aller à l’essentiel, la situation sanitaire s’est considérablement améliorée au cours des dernières semaines, mais elle marque le pas depuis quelques jours. Olivier Véran vous en présentera le détail dans un instant, mais retenez que si la France était parmi les pays européens les plus touchés par l’épidémie à la fin du mois d’octobre, la situation s’est inversée depuis. C’est probablement aujourd’hui en France que la situation a le mieux évoluée depuis six semaines et c’est en France que l’épidémie est aujourd’hui la mieux maitrisée par rapport à nos voisins européens ».
Il n’y a que la foi qui sauve… Le Premier Ministre, s’est bien garder de faire une « analyse intermédiaire » des données de mortalité due au covid par million d’habitants
Nous retrouvons un peu plus loin Jean Castex : « Le nombre de cas quotidiens est passé de près de 50.000 à environ 10.000, c’est-à-dire une diminution par 5. La prévalence de l’infection dans la population générale se situe en France à 107 cas pour 100.000 habitants [1]
[1] Le Premier Ministre a dû se prendre les pieds dans le tapis. Il ne s’agit pas de la prévalence, mais de l’incidence. La prévalence de l’infection correspond au nombre de personnes qui ont eu l’infection et ont développé des anticorps (sérologie positive) à une date donnée, tandis que l’incidence, comme chacun sait (sauf Jean Castex), ce sont les nouveaux cas positifs au Sars-cov-2 (RT-PCR positive), sur une période de temps (24h ou ici, 7 derniers jours). Selon les données publiées dans le Point épidémiologique hebdomadaire national du 10 décembre (ici) et la définition des cas covid19 confirmés par Santé Publique France (ici), la prévalence dans la population française de l’infection à sars-cov-2 est de 2.324.216 / 67.063.703 = 3,5%.
Jean Castex poursuit en comparant avec d’autres pays « Quand elle est encore à 150 en Allemagne, 250 en Italie, ou 300 en Suisse [2] ».
[2] La raison en est simple, les pics de reprises épidémiques ne sont pas synchrones, mais sont décalés entre les différents pays qui ont confiné, fermé, masqué, déconfiné, reconfiné… Les différences enregistrées manifestement ne s’expliquent pas par des mesures différentes ou un respect différent des gestes barrières. Cette comparaison n’a pas d’intérêt, sinon de faire croire à tort à la population que l’exécutif français aurait mieux géré la pandémie que ses voisins. Encore une fois, le seul juge arbitre, sera le nombre de décès covid par million d’habitants. Pour l’heure, la place de la France figure parmi les bilans humains les plus sombres de cette pandémie…
Cela n’empêchera pas le Premier Ministre d’avoir l’audace d’attribuer les bons chiffres d’incidence en France par rapport aux trois pays qu’il a lui-même choisis, aux mesures de couvre-feu et de reconfinement prises précocement par l’exécutif français. Quel toupet ! Quelle mauvaise foi ! Faut-il être crédule pour croire une telle affirmation !
JC « Cela est bien sûr dû aux mesures que le gouvernement a prises de manière suffisamment précoce avec la mise en place du couvre-feu mi-octobre, puis du confinement à partir du 30 octobre, mais également aux efforts et sens des responsabilités que vous avez su consentir ».
Soulignons encore que le Chef de l’État le 28 octobre, jugeait lui-même que le couvre-feu avait été « indispensable, mais insuffisant »
Et comme nous le rappelions avec le premier graphique au début de cette chronique, le reconfinement, très assoupli par rapport à celui du printemps, n’a été mis en œuvre que seulement 4 jours avant le pic de la reprise épidémique. Un délai bien évidemment beaucoup trop court pour expliquer le moindre effet sur l’inversion brutale de la courbe de transmission virale.
Encore un mensonge effronté de la part de Jean Castex
Puis il cède le micro au Ministre des Solidarités et de la Santé pour qu’il donne davantage de détail sur la situation sanitaire en France et dans le Monde
Olivier Véran « Monsieur le Premier Ministre, Mesdames, Messieurs, la vague épidémique que nous connaissons est mondiale, elle atteint des niveaux inégalés. Un chiffre pour s’en rendre compte, un virgule cinq millions de personnes ont perdu la vie en raison du virus depuis le début de cette pandémie [3] ».
[3] On ne peut pas laisser passer ça. Il y a une grande différence entre mourir avec le sars-cov-2 et mourir à cause de ce nouveau coronavirus. Il faut rappeler qu’en France notamment, les autopsies ont été interdites et que la définition des cas covid19 confirmés, et donc d’un décès covid19 confirmé est la suivante :
Ce mode de comptage est propice à de nombreux surdiagnostics. L’oublier conduit à banaliser ces chiffres et, comme Olivier Véran, à faire l’amalgame entre le diagnostic biologique de l’infection et la cause clinique du décès.
Ces propos sont aussi insupportables que ceux relevés lors de sa prise de parole à l’occasion de la conférence de Jean Castex du 3 décembre sur la stratégie vaccinale, au cours de laquelle notre Ministre de la santé avait affirmé sans sourciller que « Les résultats cliniques des candidats vaccins semblent converger pour montrer que la vaccination permet de réduire massivement la mortalité due au virus et à ses formes graves ».
Une assertion évidemment fausse et inqualifiable dans la bouche d’un Ministre de la Santé… Voir ma chronique N°43 (ici)
Plus loin, Olivier Véran, peut-être par mimétisme du Premier Ministre, attribuera aussi la baisse de l’incidence des nouveaux cas aux mesures prises :
OV « Le couvre-feu et le (re)confinement en France étaient urgents et nécessaires et ils ont permis d’avoir une efficacité. Une courbe pour pouvoir s’en rendre compte. De 50.000 nouveaux malades diagnostiqués par jour, nous sommes passés à 11.000 malades diagnostiqués par jour. C’est bien, c’est important. Cela a permis de sauver des milliers de vies [4] ».
[4] Il n’a évidemment aucun rationnel scientifique à présenter qui permette d’étayer cette affirmation gratuite. Laquelle est formellement contredite par le tableau comparatif au début de ma chronique. Il ne sort évidemment aucune donnée comparative avec ces pays, de mortalité covid cumulée par million d’habitants.
Monsieur le Ministre vous n’êtes qu’un menteur, un manipulateur, et un beau parleur… Cela en devient lassant de voir comment vous et l’exécutif, jusqu’au plus haut sommet de l’État, manipulez l’opinion par des mensonges éhontés.
« Le risque est donc, si nous ne changeons rien, que la deuxième vague reparte dans les prochaines semaines, que les cas graves se remettent à augmenter. Nous l’avons déjà connu [5] ».
[5] Cela n’a échappé à personne, Olivier Véran est neurologue, et pas infectiologue. Être redescendu à un taux d’incidence de 107 nouveaux cas covid19 + sur les 7 derniers jours pour 100.000 habitants (observés dans le point épidémiologique hebdomadaire national du 10 décembre : ici), signifie que nous ne sommes plus sur un seuil épidémique. Habituellement, pourquoi dois-je continuellement répéter la même chose, une épidémie d’infection à virus respiratoire, que ce soit de syndromes grippaux ou de covid-19, n’est déclarée que lorsque l’on observe un taux d’incidence supérieur à 150 ou 200. Donc, si l’on repasse au-dessus de 150 ou mieux 200, ce sera un nouveau pic épidémique (3ème vague)
Jean Castex remercie Olivier Véran et reprend la parole :
JC « Les éléments que vous venez de nous présenter, appellent deux conclusions. Nous ne sommes pas encore arrivés au bout de cette deuxième vague [6] et nous ne serons pas le 15 décembre à l’objectif que nous nous étions fixés de passer en dessous des 5.000 nouveaux cas par jour [7] ».
[6] En réalité, nous ne savons pas prédire l’évolution de l’incidence. Si celle-ci remonte et franchi le seuil épidémique entre 150 et 200, alors la « deuxième vague » sera terminée et il faudra parler d’une « 3ème vague » dans le jargon de l’exécutif français. Dans le cas contraire, où la baisse un temps suspendue, reprendrait, il sera possible d’en déduire la fin de l’épidémie. Mais, je n’aime pas du tout ce terme qui me parait infondé. Il faudrait à mon humble avis plutôt parler de « 1ère reprise épidémique », « 2ème reprise épidémique », « nième reprise épidémique ». Chaque fois, que ne nouvelles mesures restrictives sont prises (enfermement, obligation du port du masque, fermetures…), sans stopper net le virus, elles ne font que retarder un peu sa progression. Dès que l’on réouvre, évidemment cela repart (Sans compter les mesures contre-productives, comme par exemple fermer les petits commerces, ce qui lors de la réouverture pousse en masse les clients à s’agglutiner pour enfin réaliser leurs achats). Freiner la propagation du virus chez les bien-portants, c’est retarder et même tourner le dos à l’acquisition d’un immunité collective… Il est vraiment primordial et maintenant urgent de s’interroger sur la pertinence réelle de ces mesures et de la stratégie poursuivie. Quand on observe le peu d’effet freinateur de ces mesures drastiques malgré tous les efforts des français depuis de longs mois, le confinement, le port obligatoire du masque, la distanciation physique, rien de tout cela n’a arrêté le virus.
[7] Cet objectif était-il réaliste, atteignable ? Les efforts demandés aux français étaient-ils de nature à atteindre cet objectif ? Quel inconvénient y-a-t-il à ne pas l’avoir atteint, alors que nous ne sommes désormais plus sur un niveau épidémique ? Autre éclairage : selon le fichier SI-DEP niveau France quotidien téléchargeable à 19h20 le 18 décembre, le nombre de nouveaux cas positifs du 15 décembre était de 15.758, mais dans le même temps ce sont 308.059 tests qui avaient été réalisés ce jour-là, soit un taux de positivité de 5,1% en baisse, puisque la veille il était de 6,0% !
JC « Dès lors que nous ne serons pas à 5.000 [le 15 décembre], mais vraisemblablement au double, dès lors que les chiffres ne baissent plus, et se remettent même à légèrement augmenter, il est de notre devoir d’en tirer les conséquences et d’adapter les mesures que nous avions envisager de prendre à l’échéance du 15 décembre. S’y ajoutent deux raisons supplémentaires d’agir. La semaine, les semaines à venir présentent en effet un certain nombre de facteurs de risques que nous n’avions pas rencontrés en mai dernier, à la levée du premier confinement. Outre la question des températures évoquée par le Ministre des Solidarité et de la Santé, nous savons que les fêtes de fin d’année, à Noël ou pour le nouvel an, constituent des moments particulièrement à risque. Le retour d’expérience de ce qui s’est passé aux États-Unis ou au Canada pour les fêtes de Thanksgiving (26/11/2020) [8] le démontrent amplement »
[8] Jean Castex nous prend pour des imbéciles et cela frise la malhonnêteté. Il n’est absolument pas pertinent de comparer la situation de la France au 10 décembre ou à l’échéance du 15 décembre, à celles que connaissaient les USA et le Canada le 26 novembre pour les fêtes de Thanksgiving, pour une simple raison : Outre-Atlantique, l’épidémie était en pleine expansion, alors que les 10 et 15 décembre en France nous sommes redescendus sous les seuils épidémiques, après une phase de décroissance des nouveaux cas qui nous avait fait passer d’un taux d’incidence à 502 nouveaux cas positifs sur les 7 derniers jours pour 100.000 habitants le 2 novembre à 118 le 10 décembre.
Le 26 novembre 2020, jour de la fête traditionnelle américaine, les contaminations augmentaient jours après jours aux USA.
Le 26 novembre le Canada aussi, connaissait une forte croissance des nouveaux cas de covid-19
Mais, la France après une forte décroissance des contaminations se situait au moment où Jean Castex s’exprimait en dessous des seuils épidémiques. Une situation aux antipodes de ce que connaissait au même moment l’Amérique du Nord et qui n’aurait pas dû susciter la moindre inquiétude chez nous d’une reprise épidémique à court termes… Encore une tentative de manipuler l’opinion publique. Les conseillers ne pouvaient pas ignorer que cette comparaison était absurde.
JC poursuit « Puisque chaque fois ces fêtes ont entrainé une accélération de l’épidémie. Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons pas baisser la garde. Nous devons rester cohérents et négocier les prochaines semaines avec beaucoup de vigilance. Nous devons adapter nos mesures autour d’un objectif : Permettre à chacune et chacun de profiter des vacances et des fêtes de fin d’année, mais sans nous exposer à un risque de rebond de l’épidémie, ni maintenant, ni dans les premières semaines de janvier. Car je pense que nous serons tous d’accord sur ce point, faisons tout ce que nous pouvons pour réduire le risque de devoir vivre un troisième confinement [9] dans les prochains mois ».
[9] donc un rereconfinement. Ce Castex est vraiment une « poule mouillée ». Nous sommes sous les niveaux d’un seuil épidémique, mais il craint déjà une troisième vague. Si ça, ne relève pas du « principe de précaution » ! Le Premier Ministre semble ne pas avoir compris que nous avions déjà tout fait pour éviter une deuxième vague. Et que donc, les gestes barrières, le port du masque, la distanciation physique, les fermetures, n’ont malheureusement pas démontré leur efficacité pour contrôler une épidémie à virus respiratoires…
JC « C’est pourquoi nous avons décidé, sous l’autorité du Président de la République, d’adapter la stratégie de déconfinement, en pleine cohérence avec ce qui vous avait été présenté le 24 novembre dernier. Mardi prochain, le 15 décembre, comme nous l’avions annoncé, nous passerons à une nouvelle étape, mais les règles seront plus strictes que ce que nous avions initialement envisagé. Les établissements recevant du public, dont nous avions prévu la réouverture au 15 décembre, resteront fermés trois semaines de plus. Les conditions posées pour leur réouverture ne sont hélas pas réunies. Il s’agit principalement des cinémas, des théâtres, des salles de spectacle, des musées, mais aussi de l’accueil du public dans les enceintes sportives, dans les cirques, les parcs zoologiques ou encore les salles de jeu et les casinos. Cela signifie également que les règles posées récemment pour les lieux de culte, ne seront pas revues à la hausse. Je mesure combien ces décisions sont difficiles à accepter. Car, il s’agit là d’activités très attendues pendant cette période de fin d’année. Et que ces secteurs souhaitaient pouvoir retrouver leur public. Même si tous ces établissements disposent de protocoles sanitaires, la logique que nous devons suivre est d’éviter d’accroitre les flux, les concentrations, les brassages de publics à un moment où nous devons continuer de les réduire autant que possible. Je sais à quel point le secteur culturel s’était préparé. Que les artistes ont répété, que toutes les filières étaient mobilisées, que tout était prêt pour que les rideaux se lèvent et les écrans s’illuminent. Prendre ces décisions avec le président de la république et la ministre de la culture nous a été particulièrement douloureux. Croyez-le bien. [10]
[10] Quelle hypocrisie. Pas très convaincant, aucun charisme, aucune compassion, pas même de l’empathie. On dirait qu’il lit stoïquement son texte sur un prompteur ! Pas étonnant qu’il ait déclencher l’ire des professionnels de la culture. Nous en reparlerons plus loin. Mais, a-t-il seulement compris que lorsque les cinémas se remplissent, les transports publics se vident, que ceux qui seraient au restaurant ne pourraient être en même temps dans un musée. Que si on avait ouvert les bars, ceux qui s’y trouveraient ne pourraient au même moment être au supermarché… Plus on ouvre, plus on disperse la population. Les vases communicants, y-a-t-il pensé ? Non ! Mieux vaut ne rien faire, et rester enfermé chez soi, mais tous ensemble pour mieux se contaminer en famille. Si l’on tente de réfléchir, on ne trouve aucune base scientifique à toutes ces mesures aussi liberticides qu’inutiles.
Mais, voilà que ses propos le trahissent un peu plus loin :
JC « Si nous nous laissons tenter par l’ouverture des salles pour les fêtes de fin d’année, ce que nous avons tous espéré, la situation sanitaire pourrait être pire en janvier [11] et nous décalerions d’autant les perspectives d’un retour à la normale [12] ».
[11] Vous voyez bien qu’il emploie le conditionnel, donc il n’est sûr de rien. Au passage, l’exécutif rate encore une bonne occasion, mais il y en eu tellement, de mesurer l’effet de la réouverture des cinémas, théâtres, salles de spectacle… Il aurait été aisé de tirer au sort les départements qui réouvraient au 15 décembre, et ceux qui devraient attendre 3 semaines de plus, tout en mesurant l’impact sanitaire. Ce gouvernement s’obstine à mettre en œuvre des mesures dont l’efficacité n’a jamais été évaluée. Il n’a rien fait pour que l’on puisse apprendre de cette pandémie !
[12] Il est encore plus rageant d’avoir loupé cette opportunité de progresser dans la connaissance des effets des diverses mesures administratives de restriction, alors que ce qui était redouté par l’exécutif, n’était qu’un décalage…
Jean Castex se justifiant « Voilà pourquoi, nous avons décidé ce décalage de 3 semaines pour tout assouplissement. Je sais aussi que les supporters sportifs rêvaient de retourner au stade voir leurs équipes préférées. Nous réexaminerons donc la possibilité de les rouvrir à partir du 7 janvier en fonction de la situation sanitaire à cette échéance, et de l’analyse que nous pourrons faire des effets des fêtes de fin d’année sur la situation épidémique [13] ».
[13] Mais, mon pauvre ami, vous n’y êtes pas du tout, vous ne pourrez tirer aucune conclusion à partir d’observations non comparatives. Votre démarche n’a rien d’expérimentale ni de scientifique. Vous procédez de cette façon depuis le début de cette pandémie, vous êtes pitoyable… Le « doigt mouillé » ne permet jamais de démontrer une causalité. Tant que nous ne ferons pas d’essais contrôlés randomisés (RCT : randomized controlled trial). Pour celles et ceux qui souhaitent en savoir plus sur la démarche nécessaire pour prouver une relation de cause à effet. Consulter : ici.
JC « Nous maintenons par ailleurs l’échéance du 20 janvier pour les autres établissements et activités fermés [14] ».
[14] Fausse joie, car dès le 15 décembre, Jean Castex sur Europe 1 allait se dédire :
La journaliste « Les restaurants ne croient plus à la perspective d’une réouverture le 20 janvier. Ils attendent ce matin un langage de vérité. Cette date, elle est réaliste ? »
Jean Castex « Un temporaire qui dure, Chère Madame, mais c’est, ça s’appelle l’épidémie. Est-ce que, je pose une question. Pardonnez-moi de ne pas répondre à une question par une question. Sommes-nous le seul pays concernés par ces mesures ? Sommes-nous le seul pays où le virus continue de circuler. On a même des performances, je le revendique devant vous, plutôt meilleures que les autres pays. Meilleures que l’Allemagne désormais [15]. Bon. Alors s’agissant des restaurateurs. Là aussi, je vous ferai la même réponse que pour le secteur de la culture. C’est un crève-Cœur pour moi Madame de fermer les restaurants, c’est un crève-cœur, mais c’est nécessaire [16]. Et l’étude du Professeur Fontanet le confirmera. Donc, est-ce qu’on peut leur garantir aujourd’hui qu’on rouvrira le 20 janvier ? La réponse est non ! »
[15] De quoi parle-t-il, des nombres de nouveaux cas en France et en Allemagne. Le 10 décembre l’Allemagne a eu 23.475 nouveaux cas en 24h, le 18 décembre, 30.491. Cela ne faisait que monter. Castex a oublié vraisemblablement que le 2 novembre, au pic en France, nous avions eu 70.030 nouveaux cas + en seulement 24h. La bonne affaire. Nous ne savons pas où culminera notre voisin allemand. Mais, il faut savoir que ce pays qui compte 24% d’habitants de plus que nous (83,2 millions contre 67 millions), avait encore le 3 décembre seulement 220 décès à déplorer par million d’habitants contre 942 en France. C’est ça faire mieux que l’Allemagne ? 4,3 fois plus de décès en France par million d’habitants qu’en Allemagne (Voir le tableau de ma chronique N°41 ici). Monsieur Castex est d’une rare mauvaise foi. En réalité, il trompe sciemment son monde, il manipule l’opinion publique. Comment se fait-il qu’il ne soit jamais contredit par aucun journaliste. Sur Europe 1, RMC ou France Info ? Les journalistes ne vérifient aucune donnée. Lamentable !
J’espère que si vous avez payé à prix d’or les (trop) nombreux épidémiologistes qui soutiennent vos théories fumeuses, nous aurons toutes les informations relatives à leurs prestations sur les plateaux TV, les radios ou dans la presse écrite, dans la base de données Transparence santé…
L’incidence des nouveaux cas de covid19 + en Allemagne, notamment le 10 décembre :
La situation en France au pic, le 2 novembre, dont Castex ne parle pas évidemment !
[16] Alors, non, cela n’était pas nécessaire. D’ailleurs, la Suède qui n’a à aucun moment fermé ses restaurants, je vous renvoie au tableau plus haut, enregistre entre 28% et 107% de moins de décès par million d’habitants que tous les autres grands pays européens qui n’ont cessé de les fermer (UK, Italie, Espagne, France, Belgique)
La journaliste, poursuivant l’interview « Donc, là encore, vous allez prolonger les aides, le chômage partiel… »
JC « La réponse est, nous verrons, Madame. Ça va dépendre de nous tous. Ça va dépendre de la façon dont nous aurons passé cette période de fête dont j’ai déjà dit qu’elle pourrait être propice à une circulation accélérée du virus si nous n’étions pas collectivement responsables ».
Mais revenons à la conférence de Presse du 10 décembre.
Jean Castex poursuit l’énoncé des nouvelles mesures : « Comme prévu, nous rétablirons un couvre-feu dès le 15 décembre, mais il sera durci par rapport à ce que nous avions annoncé. D’une part, il débutera dès 20h00 et non, à 21h00, d’autre part, il sera strictement contrôlé avec des possibilités de dérogation limitée… Troisième décision. Ce couvre-feu concernera aussi, contrairement à ce que nous avions envisagé initialement, le réveillon du 31 décembre. Ce réveillon est en effet un moment traditionnellement festif. Nous l’apprécions d’ailleurs pour cela. Mais, il concentre tous les ingrédients d’un rebond épidémique [17]. Si la circulation avait continué à se réduire fortement, nous aurions pu assumer ce risque [18]. Mais, ce n’est pas le cas. Nous devons être raisonnables. Respecter la règle du couvre-feu. Rester chez soi, donc, le 31 décembre. Et suivre la recommandation d’un maximum de six adultes ».
[17] Quel paranoïaque ! Et si finalement, c’étaient les contaminations entre bien portants non à risque qui favoriseraient l’acquisition d’une immunité collective chez les françaises et les français qui n’auraient pas déjà une immunité innée ou croisée avec les autres coronavirus responsables de rhumes banaux ?
[18] Monsieur le Premier Ministre, si vous aviez un tant soit peu quelques connaissances épidémiologiques sur les virus respiratoires, comme ceux qui sont responsables chaque année des syndromes grippaux, vous ne diriez pas cela. Cliquez sur ce lien ici, et passez le pointeur de votre souris, successivement sur chacune des 36 courbes épidémiques de syndromes grippaux de 1984 à 2020 (par exemple remontez vers le passé), pour mieux en apprécier les contours. Qu’avez-vous observé, sinon que de nombreux pics épidémiques présentent des bosses (avec remontée temporaire) avant de disparaître. Mais, c’est encore et toujours le « principe de précaution » qui vous guide, une maladie qui rongent les énarques…
Regardons d’un peu plus près la belle bosse de l’épidémie 1989
JC poursuit la lecture du téléprompteur qui se trouve devant lui et dont il a évidemment rédigé le contenu et qu’il s’est sans doute entraîné à lire. De la pure communication pour nous bourrer le crâne :
« Nous savons parfaitement que plus nous multiplions les contacts dans des lieux de surcroit clos, où il est difficile de respecter les gestes barrières, plus les risques sont importants. C’est la raison pour laquelle nous voulons aussi limiter au maximum les occasions de se retrouver chez les uns ou les autres. Notamment en soirée, pour un apéritif, un dîner, une fête. On mange, on boit, on est proches les uns des autres, et il est beaucoup plus difficile de garder ses distances ou de porter un masque. Ce sont des moments formidables, nous les apprécions tous, moi le premier, croyez-le bien. Mais, c’est le facteur numéro un de contamination [19]. C’est aussi la raison pour laquelle nous maintenons la fermeture des bars, et des restaurants. Toutes les études scientifiques le prouvent désormais [20] ».
[19] C’est marrant (ironie de ma part) qu’ils n’aient toujours pas compris que les repas sont aussi et surtout le facteur de risques numéro 1 en EHPAD. C’est pourquoi, si l’on avait vraiment voulu protéger nos aînés, il aurait fallu ne plus leurs servir aucun repas en salle à manger pendant les périodes épidémiques. C’est d’ailleurs l’une des seules choses qu’il fallait absolument mettre en place et qu’ils n’ont pas fait ! Empêcher les bien portants de faire la fête ensemble n’est pas porteur de risque sérieux. Ne pas le faire pour les personnes très âgées est une faute gravissime et impardonnable…
[20] Première nouvelle. Encore un « argument d’autorité » (ici). Il n’a cité aucune étude publiée dans une grande revue médicale avec relecture des pairs, aucune source… Quelle audace !
« Nous devons faire collectivement l’effort d’y renoncer les prochaines semaines. La même logique aurait probablement commandé de faire la même chose pour Noël [21]. Mais Noël occupe une place à part dans nos vies et nos traditions. C’est un moment de rassemblement familial où peuvent se retrouver toutes les générations, enfants, parents, grands-parents, un moment où se forgent les premiers grands souvenirs des plus petits. Nous autorisons donc les déplacements pour cette soirée du 24 décembre. Mais en vous rappelant la règle que je vous ai indiquée la semaine dernière, pas plus de 6 adultes à la fois [22]. J’y ajoute une autre recommandation. Si vous deviez retrouver au cours des prochaines semaines, soit pour Noël, soit d’ailleurs pour un autre jour, une personne âgée ou vulnérable au coronavirus, limitez vos interactions au cours des 5 jours précédents, restez le plus possible chez-vous [23]. L’ensemble de ces mesures nous permettent de maintenir la possibilité de se déplacer sur tous le territoire à partir du 15 décembre [24] ».
[21] Mais Monsieur le Premier Ministre, pour quoi ne l’avez-vous pas fait, cela ne vous ressemble pas, vous qui êtes si responsable. Vous êtes « un monstre » de laisser les vulnérables prendre le risque d’être contaminés à Noël ! Vous parlez d’un cadeau de Noël !
[22] Règle ou recommandation, il faudrait savoir ?
[23] Oh ben alors, s’isoler pendant 5 jours avant tout contact avec une personne très âgée, est mieux qu’un vaccin. 100% d’efficacité !
[24] Mais, Monsieur le Premier Ministre, êtes-vous vraiment sérieux ? L’interdiction de se déplacer dans une autre région au printemps avait permis de stopper le virus, qui s’était immobilisé aux portes du Grand-Est, des Hauts de France et de l’Île-de-France, peut-être la mesure la plus efficace pour retarder les contaminations (Mais pas pour arrêter l’épidémie…). Bon, c’est vrai, en octobre-novembre, le virus était partout… Votre plus grosse erreur, probablement celle de ne pas avoir interdit les déplacements inter-régionaux au déconfinement dont vous étiez le maître d’œuvre faut-il le rappeler…
Parmi les réponses aux questions des journalistes à la fin de la Conférence de Presse, je ne pouvais pas laisser passer celle qu’a faite Olivier Véran, le Ministre en charge de la Santé, à propos du Vaccin Pfizer :
Olivier Véran « Il y a également une publication aujourd’hui dans la revue New England Journal of Medicine, qui est extrêmement favorable sur le vaccin de Pfizer, tant en termes d’efficacité que de sureté. Notamment, ce que je retiens de la lecture de cette publication, indépendante [25], c’est que sur les près de 40.000 personnes qui ont été testées dans le cadre de la campagne de vaccination dans l’essai de phase 3, il y a eu des effets indésirables bénins, tels qu’une rougeur au point d’injection ou de la fatigue, ce que l’on voit d’ailleurs dans toutes les injections de médicaments, que ce soit des vaccins ou non, il n’y a eu aucun effet indésirable grave ».
[25] « Indépendante » cette publication, les bras m’en tombent ! La quasi-totalité des auteurs de cette publication étaient des salariés de Pfizer qui détenaient des actions ou des stock-options Pfizer. Cela montre évidemment le peu d’intérêt qu’à le Ministre sur la question pourtant si cruciale des conflits d’intérêts. Un autre constat, mais je m’en doutais un peu, il ne lit pas mes chroniques, car j’en avais parlé dans la précédente (ici). Ou bien encore, est-il incapable de lire une publication en anglais. En tous cas, mes lecteurs pourront aisément retrouver (ici) la déclaration obligatoire dans le NEJM pour les auteurs de leurs éventuels liens d’intérêts pour être autorisés à publier les résultats de leurs travaux dans les plus grandes revues médicales. Ci-dessous, surlignés en jaune les salariés de Pfizer auteurs de cet article…
La colère du monde de la culture suites aux décisions de l’exécutif français à son encontre présentées par Jean Castex avec un manque d’empathie et un cynisme à peine caché, était très palpable dès le lendemain, notamment sur les ondes de France Info (Compilation d’extraits de la grille de programmes de la radio, capturés au lendemain et surlendemain de l’intervention du Premier Ministre, d’une durée de 8 minutes 58 secondes : ici)
« Avant cela, la colère du monde de la culture, toujours pas de réouverture des cinémas et salles de spectacle. Grand Corps Malade, fait part de son incompréhension dans un instant. Merci d’être avec nous, il est 14h00. France Info, 14h-17h, Edouard Marguier (Jingles de Jean-Michel Jarre) Pauline Renoir pour le fil info :
« Un nouvel horizon pour les professionnels de la Montagne, le gouvernement envisage de rouvrir les remontées mécaniques le 7 janvier. Les exploitants des stations de ski avaient rendez-vous à Matignon ce matin. Ce sera possible si la courbe épidémique est maîtrisée. Roselyne Bachelot demande au Premier Ministre de débloquer 35 millions d’euros supplémentaires pour aider la Culture. La Ministre estime que ce n’est pas sûr que les théâtres, les musées, les cinémas rouvrent début janvier. Plus de la moitié des français se disent opposés à la fermeture prolongée, c‘est le résultat d’un sondage Odoxa Consulting pour France Info et Le Figaro. Emmanuel Macron défend les restrictions sanitaires annoncées par Jean Castex. Nous aurions été irresponsables d’ouvrir davantage. Le Président retenu à Bruxelles pour le sommet européen appelle tous les français à redoubler de vigilance à Noël ».
Édouard Marguier, à 1:12 de l’enregistrement audio (ici) « Dur dur pour la culture, dans le secteur qui doit donc rester à l’arrêt malgré l’allègement du confinement. Pas de réouverture des cinémas, des musées, des salles de spectacles comme espéré. Le Premier Ministre a mis fin aux espoirs. Faudra attendre au mieux le 7 janvier, Ersin Leibowitch, il faut souligner ce « au mieux » car la Ministre de la Culture, met une clause de « revoyure » avant la réouverture. Oui, Edouard, c’est déjà ce que disait Emmanuel Macron, lorsqu’il avait annoncé l’allègement du confinement en fonction du fameux seuil de 5.000 contaminations par jour. Manifestement, tout le monde ne l’avait pas bien entendu. Voilà pourquoi, Roselyne Bachelot a redit ce matin que la date du 7 janvier n’était pas une date de réouverture, mais le moment où l’on réévaluera à nouveau la situation sanitaire. Et là, on verra si l’on a dérapé dit Roselyne Bachelot. A ce moment-là, elle a un sourire dont elle s’excuse immédiatement, évidemment, face au très grand désarroi du monde de la culture, par ce que l’immense majorité des réactions vont dans le même sens. Incompréhension totale. Quand on compare avec ce qui se passe dans les secteurs des transports ou dans les lieux de culte. Incompréhension et aussi une grande peur pour l’avenir. Forcément, on se dit qu’au-bout d’un moment les aides financières ne suffiront peut-être pas à tout rattraper. Et par ailleurs, l’État ne pourra sans-doute pas faire des chèques indéfiniment. En attendant, la Ministre affirme qu’elle se bat pour de nouvelles sources financières. Elle demande 35 millions d’euros supplémentaires, dit-elle. Roselyne Bachelot affirme que le gouvernement ne laissera tomber personne et que le pire en fait, serait d’ouvrir, pour refermer plus tard, ça veut dire, un nouveau stop and go. Sauf, quand réalité on est quand même dedans, puisque beaucoup de théâtres, par exemple, expliquent qu’ils s’étaient préparés à la réouverture, qu’ils avaient embauché des gens, payé des comédiens, des répétitions et tout ça, au final, pour rien ».
Édouard Marguier « Est-ce que la Ministre prend des distances avec les décisions prises annoncées hier par Jean Castex ? »
Ersin Leibowitch « Pas du tout, Roselyne Bachelot est d’accord avec Jean Castex pour maintenir les lieux de culture fermés pendant, donc, encore au moins trois semaines supplémentaires. Elle sait que les salles ne sont pas des lieux dangereux [26]. C’est le brassage de population autour qui l’est. D’après Roselyne Bachelot, la culture n’est pas victime d’une injustice [27]. Elle ajoute aussi, pour rassurer, pour donner un peu d’espoir, que pendant cette période la création ne s’arrête pas et que la culture ne va pas mourir. Mais, ceux qui travaillent dans ce secteur, pensent au contraire que beaucoup d’entre eux ne survivront pas à cette crise sans précédent ».
[26] Non, ce qui serait plus dangereux, c’est qu’elle contredise le Premier Ministre. Ce serait la porte immédiatement et la fin de son maroquin…
[27] Et à la sortie des églises, il n’y aurait aucun brassage, et dans les transports en commun, les commerces… Foutaises !
Édouard Marguier, à 3:30 de l’enregistrement audio (ici) « Merci Ersin Leibowitch, du service « culture » de France Info. Les artistes qui sont en colère de ne pas pouvoir se produire en public. C’est le cas par exemple de Grand Corps Malade qui a sorti un nouveau titre sur la plateforme Youtube, intitulé « pas essentiel », une chanson qui évoque le malaise du monde du spectacle et la frustration provoquée par les nombreuses restrictions des derniers mois, en raison de l’épidémie de covid-19 [28] ».
[28] Voilà le type d’assertion de la part de France Info qui m’exaspère au plus haut point. Non, non, et non. Ce n’est pas la faute de ce virus qui a bon dos. C’est celle des décideurs de toutes ces mesures tant restrictives que jamais évaluées, aux effets contre-productifs.
Grand Corps Malade « Ce sentiment d’injustice, il est quand même là, par ce que, on voit que les transports en commun sont blindés de monde, que les commerces sont blindés de monde, et que bon voilà, une nouvelle fois, le monde de la culture reste fermé et il y a beaucoup, beaucoup de métiers qui ne se relèveront pas, des techniciens, voilà, tous les métiers qui gravitent autour du spectacle vivant, donc voilà, ouais, il y a de la frustration, ouais, c’est sûr ».
Frédéric Carbonne « D’ailleurs, il le disait Jean Castex, hier, ce n’est pas un problème de protocole sanitaire, ils sont effectivement au point, utiles, on ne se contamine pas dans ces endroits-là, mais il s’agit d’éviter trop de circulation, alors, il y a des endroits où on peut circuler, d’autres pas, vous comprenez cet argument ? »
Grand Corps Malade « Ben, on a un peu de mal, ouais, que c’est, moi, j’habite à Paris, je suis à Paris depuis le début du confinement, il y en a de la circulation, il y en a même beaucoup. Donc, à partir du moment où on ouvre les magasins, les grands magasins, les grandes surfaces, où tout le monde touche les mêmes produits, les flux de personnes, ça il y en a beaucoup. Donc, de rouvrir des salles de concert en adaptant les horaires, en faisant rentrer les gens petit à petit, comme ça a été fait pendant un moment, bon, j’ai l’impression que ce serait jouable, mais une nouvelle fois, moi je ne veux pas contester les règles sanitaires [29], je dis juste que du coup, il y a quand même toute une culture, toute une industrie, qui est complètement à l’arrêt. On sait, hein, que l’industrie de la culture représente beaucoup de sous. On avait entendu, pendant le premier confinement, des chiffres que l’industrie de la culture c’était même plus important que l’industrie automobile en France. On sent bien la volonté de relance économique du gouvernement en rouvrant les magasins etc…, Bon, ben apparemment, la relance de l’économie culturelle, elle n’est pas essentielle ! »
[29] Ben si, mon grand, il faudrait les contester. Elles n’ont jamais prouvé leur efficacité. Elles pourraient même s’avérer plus meurtrières. Dans le doute il faut s’abstenir. C’est tout le contraire auquel on assiste. Le principe de précaution, où les pires hypothèses justifient les pires mesures…
Édouard Marguier, à 5:30 de l’enregistrement audio (ici) « Grand Corps Malade au micro de Frédéric Carbonne sur France Info. On entend cette incompréhension, alors que les transports en commun fonctionnent normalement et que les commerces sont ouverts. J’ajoute une autre réaction, celle du comédien Michel Boujenah, sur France Info, qui dénonce un manque de pédagogie et de clarté alors que les professionnels de la culture répètent que leurs protocoles sanitaires, sont exemplaires, qu’en est-il précisément ? La cellule du « vrai-du faux » nous répond avec Émilie Gautreau. Émilie, est-ce qu’il y a des études qui comparent scientifiquement les différents lieux potentiels de contamination ? ».
Émilie Gautreau « Il y en a à l’étranger, mais qui ne mentionnent pas cinémas et théâtres. Alors, l’organisation mondiale de la santé (OMS) avait alerté l’été dernier sur les risques que représentent le fait d’être présent pendant longtemps dans des lieux qui ne permettent pas la circulation d’air. Mais, tout dépend ensuite des systèmes de ventilation mis en place. S’ils sont chauffants ou pas, ce qu’ont montré les rares études sur le sujet. L’une d’elles, allemande a recherché le risque de transmission lors des grands événements sportifs et culturels. Les participants avaient des appareils qui permettaient de collecter les données. Plusieurs préconisations avaient été tirées. Éviter au maximum que les gens se croisent, ventiler efficacement, utiliser des masques, ou mettre en place du personnel dédié au respect des mesures sanitaires dans les salles ».
Édouard Marguier « Des études, qu’on pourrait sans doute multiplier pour avoir des données et adapter si besoin les protocoles, sachant Émilie, que cinémas et théâtres ont déjà mis en place des protocoles stricts ».
Émilie Gautreau « Pas moins stricts que ce qui est fait dans les commerces ou les transports, martèlent avec désarroi les acteurs culturels. Comparatif rapide, ça passe dans le cinéma et salles de spectacle par le port du masque, par le fait de garantir un siège d’écart entre les spectateurs ou entre groupes de six personnes maximum arrivant ensemble. Eviter que les gens se croisent à l’entrée et au départ, désinfecter les lieux et autant que possible, aérer. Les protocoles dans les commerces passent par une jauge fixée à 8m2 par client, des lavages de mains, un port du masque obligatoire et une obligation là aussi d’assurer le renouvellement de l’air. Le protocole national en vigueur dans les transports enfin prévoit lui-aussi, port du masque, désinfection au moins une fois par jour, et maintien de la meilleure distanciation physique possible, sans désormais dans les trains d’obligation de laisser libre un siège sur deux. Ce qui fait dire aux acteurs de la culture que leur protocole avec un siège sur deux d’écart est plus strict. La différence réside quand même dans les systèmes de renouvellement de l’air. Air entièrement renouvelé toutes les 9 minutes dans les TGV, avance par exemple la SNCF ».
Édouard Marguier « Merci Émilie Gautreau de la cellule du vrai-du faux, sur France info ».
Le 11 décembre 14h30 au lendemain de la conférence de presse de Jean Castex, sur France Info, à 8:05 de l’enregistrement audio (ici) : « Le fil info », Pauline Renoir « La région PACA commande 100.000 tests pour dépister le covid, des PCR et des antigéniques. Les élus veulent faire face à la demande très forte avant les fêtes de Noël. Nous ne sommes pas près de nous faire vacciner 100% « made in France », Sanofi annonce que son médicament ne sera pas mis sur le marché avant la fin de l’année prochaine. La réponse immunitaire des personnes âgées est inférieure aux projections ».
Le 12 décembre 14h00 au surlendemain des annonces du Premier Ministre, toujours sur la première radio d’information de notre pays, à 8:30 de l’enregistrement audio (ici) : « Toute l’info Yasmina Adila ».
Yasmina Adila « La colère sur France Info de Charles Berling, « C’est l’exception culturelle à l’envers » dit l’acteur et le directeur de théâtre. Le comédien demande la réouverture des lieux de culture fermés à cause de la crise sanitaire. Il veut déposer un référé au Conseil d’État. Son initiative est soutenue par plus de 300 professionnels du secteur.
Pour terminer, selon une source tenue confidentielle, il se pourrait qu’une grande catastrophe se prépare. Jean-François Delfraissy aurait découvert une faille dans le dispositif prévu par le gouvernement pour Noël et s’apprêterait à recommander à l’exécutif d’interdire la distribution des jouets le 24 décembre à partir de minuit. Les pères Noël seraient interdits de descendre dans la cheminée, sous peine d’une super amende. Darmanin veillera à ce que les policiers soient en nombre suffisant pour verbaliser les contrevenants. En effet, les cadeaux de Noël pourraient être un vecteur à la propagation du virus qui conduise à une troisième vague dès le 25 décembre ! A-t-on testé, alerté, isolé ceux qui emballent les cadeaux, martèle-t-il. Pour sécuriser Noël il faut un protocole sanitaire strict adéquat. La solution : passer tous les jouets au gel hydroalcoolique. Mais, y en aura-t-il suffisamment ? C’est la grande question qui agite nos énarques dans les cabinets ministériels… Décidemment, « ce ne sera pas un Noël comme les autres » …
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