Chronique N°78 – « On ne peut dire qu’Emmanuel Macron ne s’en est pas si mal sorti, que la situation était compliquée. Ce n’est pas vrai ! »
CHRONIQUE — Débriefing de la neuvième allocution présidentielle au cours de la pandémie.
Le 7 novembre 2021, moins de 48 heures avant l’allocution présidentielle, dans l’émission culte de France Info « Les bien mal informés » (Pour réécouter, cliquer sur le lien : ici).
Voix féminine « 20 h 33, sur France Info, on retrouve tout de suite Jean-Rémy Baudot et ses invités, dans les informés ». Jingle, voix masculine « Les informés, Jean-Rémi Baudot « Le retour des informés dimanche soir, sur le plateau avec moi, Sarah Paillou, journaliste au service politique du JDD, Cecilia Gabizon, vice-présidente et directrice éditoriale de TX Studio, François Ernenwein, rédacteur en chef à La Croix, et François Beaudonnet rédacteur en chef Europe à France Télévision, présentateur du podcast « Au comptoir de l’info ». Puis jingle, voix masculine « Les informés, Jean-Rémi Baudot « Et si ça n’allait pas si mal en France ? C’est le message que tente de faire passer le gouvernement, chiffres à l’appui [1]. La reprise est bien là. Olivier Dussopt, ministre des Comptes publics, était là ce matin sur France Info ».
[1] Un message propagandiste
Olivier Dussopt « Quand on parle d’une croissance trimestrielle de 3 %, faut avoir en tête que c’est la plus forte progression, la plus forte croissance trimestrielle depuis 1969 [2]. Et donc, on parle de chiffres historiques parce que c’est significatif d’une reprise. Et c’est une reprise qui s’accompagne à la fois de croissance mais aussi de création d’emploi. Avec des dizaines de milliers de créations d’emplois. Et aujourd’hui, nous avons un taux de chômage à 7,6%. C’est le plus bas depuis 15 ans. Et donc, la reprise est bien là. Qu’allons-nous faire des fruits de cette croissance ? D’abord, faire en sorte qu’elle soit durable. Faire en sorte qu’elle profite à l’emploi et aux Français ».
[2] Selon l’INSEE, ce n’est qu’un retour du PIB sur ses niveaux d’avant la crise en 2019, après un plongeon sans précédent !
Il est intéressant, de resituer la (contre) performance de la France par rapport aux autres pays de l’Union européenne, ce qui n’a été fait par aucun des intervenants « bien mal informés » de France Info. L’OCDE dans ses dernières prévisions (page 33 du rapport publié en septembre 2021 : ici ; données en OPEN DATA : ici), table sur une croissance du PIB entre les quatrièmes trimestres 2019 (avant la crise) et 2022 (après, faut-il l’espérer) de presque 5 % pour la Suède, contre à peine 2 % en France.
Il faut rappeler à nos intervenants macronistes si mal informés, que toutes les décisions de mesures prises par la Suède étaient fondées sur des preuves scientifiques, et que par conséquent, les Suédois n'ont ni confiné, ni fermé les entreprises, les écoles, les restaurants, bars, cinémas, théâtres, musées, salles de sport, de concert, ni masqué, ni rendu la vaccination obligatoire (on ne trouve pas la Suède sur la liste établie par Reuters : ici), et viennent seulement d'instaurer un passe sanitaire. À noter, que les taux de couverture en vaccination complète (deux doses) sont identiques chez les Suédois et les Français. À savoir 68,55 %. Voir l’histogramme en vert foncé dans le graphique ci-dessous.
J-RB « Alors, croissance, 6,25%, en 2021. Taux de chômage à 7,6%, et pourtant, Cécilia Gabizon, et pourtant. Et pourtant (rires), je vous vois rire et en fait, et pourtant, on a l’impression que personne ne s’en rend compte ou que personne n’y croit vraiment ».
Cécilia Gabizon « Alors, il y a deux choses. Ça frémit quand même, c’est-à-dire que sur l’emploi. Euh, par exemple, moi qui m’occupe d’une école de journalisme que j’ai cofondée. Ben, les jeunes, là, ils ont tout le temps des propositions, hein [3]. C’est-à-dire. On commence à ressentir. Il y a des propositions, il y a des tensions sur certains postes, etc. il y a des gens qui changent d’entreprises. Il y a des gens qui quittent leur entreprise. C’est peut-être en soi un phénomène d’ailleurs intéressant à explorer. Mais, donc, sur le marché de l’emploi, on commence à le ressentir. Il y a des tensions partout, donc ça devient plus favorable aux salariés. Par contre, la morosité est là. C’est-à-dire que finalement. Mais on a été tous, quelque part amortis par la crise covid. Euh, la reprise en fait. Il y a une sorte de reprise de la consommation. Donc, c’est une reprise des services. Alors, c’est les services qui avaient plongé en France. Parce que vous savez qu’on est une économie de services principalement, contrairement à l’Allemagne qui est plus industrielle. Donc, ça avait énormément plongé. Là, les services ont repris, notamment les restaurants [4].
[3] Tant mieux, mais ne faisons pas d’un cas une généralité. Une hirondelle ne fait pas le printemps !
[4] Pourquoi les avoir fermés ?
Cécilia Gabizon « Donc, ça repart. Mais, est-ce que c’est de la reprise durable. Est-ce que ça constitue un modèle de développement ? »
J-RB « La question, c’est qui en bénéficie réellement ? François Beaudonnet, est-ce que l’exemple que donne Cécilia ce n’est pas finalement, la France qui va bien ? Qui a des qualifications, qui a des capacités de prendre le train qui est en train de repartir ? »
François Beaudonnet « Alors le ministre parlait de croissance historique. Mais, une croissance historique qui vient après un trou, historique. Donc, il y a quand même un, d’abord un phénomène de rattrapage qu’il faut pas… »
J-RB « Il y a un effet de base… »
François Beaudonnet « Ah, voilà, qu’il ne faut pas, exactement, qu’il faut pas sous-estimer. Après, on peut quand même se réjouir de quelque chose. C’est-à-dire que on nous annonçait la fin du Monde économique et social, quand on était en pleine pandémie de covid, avec des millions de chômeurs, avec des entreprises qui allaient fermer de façon, enfin, énormément d’entreprises qui allaient fermer. On nous annonçait une crise économique bien pire que celle de 2008 et bien pire peut-être que celle de 1929-1930. En fait, ça ne s’est pas produit. Et ça, c’est quand même, euh, c’est quand même une très très bonne nouvelle ».
J-RB « Ah, c’est une bonne nouvelle (rires). J’écoutais la fin de la phrase pour savoir si vous étiez finalement heureux de cette situation ».
François Beaudonnet « Je suis très heureux de cette situation, sachant quand même qu’il y a 240 milliards d’euros qui ont été investis dans l’économie française pour que on soit aujourd’hui dans cette situation. Et après, il y a un autre aspect. C’est-à-dire que le chômage baisse, mais il y a encore quand même 3 millions et demi de chômeurs. Ce qui est quand même un nombre très important. Et si on prend en compte aussi les personnes qui travaillent très peu, quelques heures par semaine par exemple, on est quasiment, on est à 5,9 millions, on est quasiment à 6 millions de chômeurs, en France. Ce qui est un chiffre encore très important. Donc, oui il y a une éclaircie, il y a des choses formidables qui se passent… »
J-RB « mais, ça ne bénéficie peut-être pas à tout le monde »
François Beaudonnet « Ça bénéficie peut-être pas à tout le monde et puis faut voir effectivement comment ça va se poursuivre dans les mois qui viennent ».
J-RB « Sarah Paillou, dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on dit que c’est souvent dans les temps de reprise que les révolutions arrivent. Vous êtes d’accord avec ça ? Vous en avez parlé avec l’entourage du président, avec des ministres ? »
Sarah Paillou « Ce qui est sûr c’est qu'au sein de l’exécutif, on ne crie pas victoire. Évidemment les résultats économiques et sociaux sont bons. Bien meilleurs qu’attendus. Mais on s’inquiète quand même parce que, on sait pas si c’est ressenti dans la population, et pour l’instant, c’est même plutôt non. J’ai accompagné récemment la ministre du Travail Elisabeth Borne en porte à porte. Et qui interrogeait les Français notamment sur leurs sources d’inquiétude, leurs sources d’espoir, et les thèmes qui revenaient systématiquement, c’était, le niveau des salaires, le niveau de ma future retraite, l’accès à l’emploi, le pouvoir d’achat. Alors, on est aussi dans un contexte où les prix de l’énergie augmentent. Donc, forcément ça a un impact réel, sur le pouvoir d’achat des gens. Mais, donc, cette situation favorable dans laquelle la France est aujourd’hui, économiquement, est pas forcément ressentie sur le terrain ? Donc, forcément, dans l’exécutif, on s’en inquiète ».
J-RB « Politiquement, en fait c’est pas payant, je dirais. Puisque, il y a la question de l’inflation, il y a la question du pouvoir d’achat, il y a la question de la baguette de pain, qui prend 5 ou 10 centimes. Et donc, tout ça est annulé. Enfin, tous ces milliards dépensés sont politiquement… »
François Beaudonnet « Et puis il y a un décalage dans le temps admis… »
J-RB « François Beaudonnet ».
François Beaudonnet « Enfin, je veux dire, il y a les bonnes nouvelles économiques qui arrivent. Et puis après, effectivement, il faut le temps qu’elles se manifestent sur le terrain. Il peut se passer plusieurs mois et on voit dans le cadre de la campagne électorale, évidemment, ce temps-là, le gouvernement ne l’a pas ».
J-RB « François Ernenwein, ça dit quoi de notre pays, quand les chiffres sont bons, on est quand même négatif ? »
François Ernenwein « Ben, on est négatif parce qu’on ne vit pas de chiffres, on ne se nourrit pas de chiffres. La vie ne se résume pas à des statistiques, des données, des milliards investis. Et l’effet retard qu’on évoquait à l’instant est juste. Il n’est pas certain qu’on puisse ressentir aujourd’hui tous les effets positifs de la politique conduite par le gouvernement [5]. Donc, il y a cet effet retard. L’autre aspect des choses et il faut être honnête, face à tous les phénomènes récents, la confiance dans Emmanuel Macron, bouge peu. Il a perdu un petit point, mais il se balade entre 32 et 37%. Ce qui est quand même assez exceptionnel pour un président de la République à ce stade de son mandat. Ses prédécesseurs avaient tous fait beaucoup moins bien. Donc, là, il y a quand même quelques raisons de se rassurer du point de vue du président de la République et de son gouvernement. Ça c’est des bonnes nouvelles [6] ».
[5] Comme il n’est pas certain non plus que l’on puisse aujourd’hui ressentir tous les effets négatifs de cette politique…
[6] Manifestement, nous avons à faire à une table ronde entièrement macroniste. On retrouve un peu « Radio Moscou », la « voix du Kremlin », bref la « radio d’État » (Voir ma chronique N°72 « France Info, la radio qui voulait laver plus blanc que blanc l’info covid » : ici)
J-RB « Euh, Sarah Paillou « Effectivement, c’est très vrai ce que vous disiez. On entend beaucoup ça quand on est sur le terrain auprès des Français et évidemment tous les ministres, toutes les personnes qui entourent le président de la République, s’en félicitent. On entend beaucoup cette idée de « il s’est quand-même, il s’est quand même pas trop mal débrouillé [7]. Et il a quand même bien géré la crise. Tant d’un point de vue économique que sanitaire. Euh, il y a cette idée que c’était tellement compliqué, c’était tellement difficile à gérer. On avait tellement, c’était tellement inédit [8] que finalement, il s’en sort pas trop mal. Et ça c’est vrai qu’on l’entend beaucoup et c’est ce qui explique peut-être la cote de confiance du président ».
J-RB « La réalité, c’est que les oppositions ont même du mal à, ou en tout cas hésitent à aller sur ce terrain-là, sur la question notamment du sanitaire. Puisque finalement, beaucoup disent, pas devant les micros, mais une fois que les micros sont coupés [9], beaucoup disent, finalement il ne s’en est pas si mal sorti, en parlant d’Emmanuel Macron ».
[7] Comment ça, il s’est quand-même pas trop mal débrouillé, il a quand-même bien géré la crise, il s’en sort pas trop mal ! ».
[8] Comment « tellement compliqué », « tellement difficile à gérer », « tellement inédit » !
[9] « Une fois les micros coupés » Mais, cela s’appelle de l’insinuation. C’est indigne de la part de la rédaction d’une radio publique d’information continue. Le travail sérieux, honnête, éthique du journaliste aurait été d’interviewer sur ces questions les représentants des oppositions, pas d’insinuer. Même s’il est exact que les partis opposés à Macron ont brillé par leur incapacité à se positionner sur les mesures sanitaires à prendre ou à éviter, ou pour certains, ont pris contre toute attente des positions saugrenues. Je pense bien évidemment au groupe socialiste dont le projet de loi déposé au Sénat imposait la vaccination obligatoire à toute la population française, sauf contre-indication médicale. Un projet sombre et sans utilité démontrée qui dieu merci a été rejeté…
Le mardi 9 novembre 2021, à 20 heures, le président de la République entamait sa neuvième allocution depuis le début de la pandémie.
Emmanuel Macron « Depuis près de deux ans, nous sommes confrontés à une pandémie exceptionnelle. Nous avons tous ensemble tenus et, je le crois [10], fait à chaque étape des choix collectifs [11] indispensables pour protéger chacun d’entre nous [12], et pour nous protéger comme nation. Nos décisions se sont toujours fondées sur la connaissance scientifique [13], sur l’impératif de nous protéger [14], sur la volonté d’agir de manière proportionnée [15]
[10] S’il y croit, il n’avait pas besoin de le dire…
[11] « Choix collectifs », mais non. Il a décidé de tout !
[12] Absolument pas, les jeunes, les bien-portants, toutes celles et tous ceux qui disposent de défenses immunitaires robustes, bref, l’immense majorité d’entre nous (50 millions de Françaises et de Français, soit 75 % de la population) capables de se protéger eux-mêmes, n’avaient nullement besoin des soi-disant « protections » que vous avez imposées (confinement, masques, vaccination).
[13] Quel mensonge, c’est tout le contraire. Aucune mesure n’a été décidée sur la base de preuves scientifiques robustes. Le Président Macron à chaque occasion a refusé d’appliquer les principes raisonnables de la « médecine fondée sur les preuves » (« Evidence based medicine » ou EBM), leurs préférant le hasardeux « principe de précaution » en l’appliquant aux hypothèses les plus sombres afin de choisir les mesures les plus dures pour ne pas être critiqué de ne pas en avoir assez fait ! Le résultat de ses choix énarchiques, nous le verrons s’est avéré catastrophique.
[14] Mais non ! C’est encore la médecine qui en fait trop, et ce n’est pas bon. Il fallait protéger (isoler, vacciner, soigner) les fragiles, les vulnérables, le grand âge et les comorbidités prédisposant aux formes sévères. Point ! Au grand maximum, 17 millions de nos concitoyens (25 % de la population)
[15] Non justement, « Qui trop embrasse, mal étreint ». À vouloir appliquer la même potion magique à toute la population, vous n’avez rien fait de proportionné, vous avez agi sans aucun discernement et surtout vous n’avez rien mis en place qui n’ait démontré clairement son efficacité sur des critères pertinents (confinements, port du masque obligatoire, obligation vaccinale déguisée, passe sanitaire…)
Emmanuel Macron, juge et partie, poursuit son auto-bilan flatteur « Et sur la conviction que la responsabilité individuelle et collective sont (est) notre première force. C’est cela qui nous [16] a conduit à décider à deux reprises d’un confinement, quand il le fallait [17] au printemps puis à l’automne 2020. Ensuite, à tenir bon, avec un couvre-feu et des règles adaptées [18] à chaque territoire [19]. Au début de cette année 2021, alors que beaucoup de nos voisins fermaient tous ».
[16] Pourquoi parlez-vous à la première personne du pluriel, alors que vous avez pris seul ces décisions tellement absurdes ?
[17] Il n’aurait jamais fallu confiner. C’est votre première bourde monumentale, la pire de vos décisions. Comment avez-vous pu suivre les projections les plus folles de l’épidémiologiste anglais Neil Ferguson, qui s’est toujours si lourdement trompé (Voir ma chronique N°2 « Les prophéties ubuesques des épidémiologistes modélisateurs » : ici)
[18] Quelles règles auraient été adaptées ? Je n’en vois aucune. Tous ces enfermements de la population, toutes ces jauges abaissées, n’ont eu comme seul effet que de déplacer les contaminations dans le temps et dans l’espace et plus particulièrement dans les foyers français. Le premier et si désastreux confinement à laisser au virus huit semaines pour passer d’un membre de la famille à l’autre. Idem pour le télétravail qui ne réduit que de 20 % les contaminations sur le lieu de travail, alors que dans le même temps, il multiplie par plus de deux les contaminations à la maison (voir l’étude japonaise Miyaki et al. que je détaille à la fin de ma chronique N°38 : ici). Tout ceci n’a été que gesticulations contreproductives ! Car au total, si l’on prend le critère de jugement le plus pertinent, à savoir le nombre cumulé de décès confirmés covid-19 rapporté au million d’habitants, et que l’on compare la France à la Suède, seul pays développé en Europe à n’avoir pris que des mesures ayant démontré leur efficacité, le résultat est sans appel : En date du 14 novembre 2021, nous avions un cumul de décès en France de 118 154, auquel il faut ajouter les 9 000 décès covid-19 survenus au domicile des patients (et non pas à l’hôpital ou en établissement sociaux et médico-sociaux, seuls décomptes de Santé Publique France), estimés en avril 2020 par le syndicat de médecins généralistes « MG France » (ici), soit donc au total 127 154 décès, pour une population de 67 407 241 habitants (estimation officielle de l’INSEE : ici), ce qui donne 1 886 décès par million d’habitants en France. La Suède, dont la population estimée au 1er janvier 2021 est de 10 186 145 habitants (ici), comptabilisait quant à elle, 15 051 décès cumulés confirmés covid-19 le 14 novembre 2021. Soit seulement 1 478 décès pour un million d’habitants en Suède. Avec donc une surmortalité attribuée au covid-19 de 408 décès par million d’habitants en France par rapport à la Suède, soit + 27,6 %, est-il encore possible de dire que Macron ne s’en est pas si mal sorti ? Alors qu’une gestion de la crise calquée sur la sagesse suédoise aurait donc pu permettre d’éviter plus de 35 000 décès covid-19 chez nous, il faudra bien que l’on tire en France les leçons de cette gestion si différente et exemplaire de la part de l’exécutif et des autorités de santé suédoises !
[19] Quel enfumage, mais ça n’est pas possible !
Emmanuel Macron « Nous avons, depuis le début de cette année 2021, pu disposer de vaccins, en acheter, puis en produire [20]. L’Union européenne a ainsi produit plus de 2 milliards de doses de vaccins durant cette année, soit plus qu’aucune autre puissance du Monde [21]. S’agissant de la France, depuis la première vaccination en décembre 2020, nous avons injecté en 10 mois, plus de 100 millions de doses. 51 millions d’entre vous sont aujourd’hui complètement vaccinés [22]. Ce qui fait de nous l’un des pays du Monde les mieux protégés [23].
[20] Sous-entendre sans le moindre scrupule que la France produit des vaccins ARN messager, est particulièrement malhonnête et tendancieux. Il ne s’agit que d’une mise en flacon, c'est-à-dire d’une simple opération de conditionnement. Rien à voir avec la production des principes actifs entrant dans la composition de ces vaccins. Il serait d’ailleurs intéressant de connaitre le « deal » avec Pfizer/BioNtech et Moderna (Ce dernier ayant été écarté dans l’Hexagone pour la troisième dose…). Laisser à penser que la France maitrise industriellement ces technologies, tient de la tromperie (Source : article publié le 6 avril 2021 dans l’Usine Nouvelle : ici). Voilà comment le Président fait de l’enfumage, en abusant de la crédulité et de l’ignorance de la très grande majorité des téléspectateurs à l’écoute de son allocution.
[21] Le rictus de Macron et la moue de l’interprète en langue des signes, en disent long sur son nouveau mensonge. En effet, avant la pandémie l’Inde produisait plus de la moitié de la production mondiale des vaccins. Et selon un autre article de l’Usine Nouvelle daté du 8 septembre 2021 (ici), la Chine produirait la moitié des 12 milliards de doses de vaccins anti-covid19 produites en 2021.
[22] Avoir vacciné 51 millions de Françaises et de Français n’a pas de sens. Il suffisait de vacciner les seuls fragiles ou vulnérables. Au grand maximum, 17 millions de personnes du grand âge (80 ans et plus) ou présentant des comorbidités qui les exposent réellement à des formes sévères. En réalité, certainement beaucoup moins que 17 millions. Mais, Macron nous a fait basculer dans la médecine qui en fait trop ! Mais, parfois aussi qui n’en fait pas assez. La pertinence des soins en a pris un sacré coup. Car encore une fois de plus, quel intérêt à vacciner des personnes qui ne feront qu’au pire des formes légères et même très souvent complètement asymptomatiques ? D’autant, qu’il est bien connu à présent que la vaccination n’empêche pas de transmettre le virus.
[23] « Les mieux protégés », mais qu’est-ce que ça veut dire monsieur le Président ? Avec seulement un point de moins que nous sur le taux de couverture vaccinale double dose (67%), au Royaume-Uni, 75% des plus de 50 ans décédés dans les 28 jours qui ont suivi leur test positif au variant delta du covid-19 étaient vaccinés ! (Voir au début de ma chronique N°76 : ici)
Emmanuel Macron « Grâce au passe sanitaire et à la stratégie mise en œuvre depuis le mois de juillet dernier [24], nous sommes parvenus à maitriser l’épidémie. En rappelant ces choix et nos résultats, j’ai en cet instant une pensée à la fois respectueuse et émue [25] pour tous nos compatriotes qui ont disparu et pour leurs familles. Et je veux à nouveau remercier nos soignants, nos volontaires, nos associations, toutes celles et ceux qui ont contribué à tous ces efforts [26].
[24] Il évite malicieusement de détailler cette stratégie méprisable qui a consisté, rappelons-nous, à harceler, maltraiter les non-vaccinés, prendre à leur encontre des mesures de privation discriminatoire de leurs libertés. D’abord, avoir conditionné l’accès aux lieux culturels à une obligation vaccinale déguisée ou à la réalisation d’un test, puis une extension de ce cynique dispositifs à l’accès aux restaurants (le 9 août 2021 de mémoire). Puis l’ignoble obligation vaccinale des soignants et des personnes au contact de publics, avec le chantage à l’emploi puisque les récalcitrants se voyaient suspendus sans salaire. Bafouant ainsi la loi du droit des malades et le Code de santé publique qui avait pourtant acté que « Toute personne a le droit de refuser ou de ne pas recevoir un traitement » et encore « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment » et aussi « Le médecin à l’obligation de respecter la volonté de la personne après l’avoir informée des conséquences de ses choix et de leur gravité ». Quelle épouvantable régression de la médecine pratiquée en France ! (Voir ma chronique N°71 : ici). Mais la fin justifie les moyens selon Macron (Voir ma chronique N°76 : ici)
[25] Je pensais qu’il voulait parler des résidents d’EHPAD en détresse respiratoire aiguë que l’hôpital à refuser d’hospitaliser et qui ont fait l’objet d’une euthanasie active qu’il avait légalisée (Voir ma chronique N°52 : ici)
[26] Quel passage de la brosse à reluire dans le sens du poil et totalement désintéressé. Cela sonne quand même bien faux…
Emmanuel Macron « Pour autant, nous n’en avons pas terminé avec la pandémie. D’abord, parce que des dizaines de milliers de nos compatriotes sont touchés par ce qu’on appelle le « covid long », dont les symptômes qui sont la perte de goût, d’odorat, l’épuisement, la dégradation de la santé mentale, font l’objet d’une prise en charge spécifique. Ensuite, parce que nous le savons, il nous faudra vivre avec le virus et ses variants jusqu’à ce que la population mondiale dans son ensemble soit immunisée [27]
[27] Pourquoi prendre encore une fois, l’hypothèse la plus sombre. Mais c’est encore et bien sûr, toujours le « principe de précaution ». Pourtant, le SARS-COV, que je préfère personnellement appeler le SARS-COV-1, apparu en novembre 2002, et qui « aurait infecté 8.096 personnes dans une trentaine de pays, principalement en Asie, causant 774 décès jusqu’au 31 août 2003 », a disparu énigmatiquement au bout de 11 mois, sans traitement curatif, et sans vaccin ! Monsieur le Président, le pire n’est jamais certain… Ce qui est certain, c’est qu’il n’est pas nécessaire de vacciner tous les terriens (humains et animaux). Seuls les fragiles et les vulnérables… Au-delà, nous sommes encore dans la « médecine qui en fait trop ».
Emmanuel Macron « C’est pour cela que dès le début de la pandémie, la France s’est engagée pour donner des doses aux pays les plus pauvres et les pays en voie de développement. Nous sommes au rendez-vous de cette solidarité internationale. Et nous continuerons de le faire [28] ».
[28] Bizarre, il ne donne plus aucun chiffre. Forcément, après avoir évoqué les 2 milliards de doses produites en 2021 dans l’Union européenne, après avoir précisé qu’en seulement 10 mois la France avait injecté 100 millions de doses, il aurait été très mal à l’aise d’évoquer les miettes, les malheureux 435 millions de doses offertes si généreusement par les pays riches aux pays pauvres, via l’organisation COVAX (ici).
Emmanuel Macron « Nous n’en avons pas terminé, car à court terme, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le dit, une cinquième vague a commencé en Europe. Au Royaume-Uni et en Allemagne, plus de 30 000 nouveaux cas supplémentaires sont enregistrés chaque jour [29]. Et si grâce à vos efforts [30], la situation en France est plus favorable, l’augmentation de 40% en une semaine de notre taux d’incidence et la remontée des hospitalisations sont des signaux d’alerte ».
[29] La population pour ces deux pays est respectivement estimée à 68 374 171 (UK) et à 84 150 739 (D). Ce qui permet de calculer les taux d’incidence sur les sept derniers jours pour 100 000 habitants, 307 pour l’Angleterre et 250 pour nos voisins Allemands. Nous sommes effectivement au niveau d’un seuil épidémique, tel que définit habituellement pour une grippe saisonnière. En revanche, le seuil d’alerte fixé à 50 nouveaux cas sur une semaine glissante pour 100 000 habitants est une pure invention de l’exécutif français. On retrouve là encore le « principe de précaution », la médecine qui en fait trop et conduit à des surdiagnostics sur la véritable situation sanitaire. Les Anglais ont eu en janvier 2021 un pic de près de 68 000 nouveaux cas en 24 h, puis en juillet 2021 près de 55 000, puis 51 000 le 21 octobre, les chiffres semblent baisser depuis. L’Allemagne plutôt épargnée jusque-là, vient d’établir un nouveau record avec plus de 50 000 cas en 24 h, alors qu’elle n’avait jamais sensiblement dépassé les 30 000 à l’automne 2020 et au printemps 2021…
[30] Le président, pas encore officiellement déclaré candidat, excelle parfaitement dans la flagornerie (« Flatterie basse et généralement intéressée ». Source : Le Petit Larousse Illustré 2020).
Emmanuel Macron « Parce que nous avons fait le nécessaire pour nous protéger [31], nous pouvons continuer à maitriser la situation, si chacun d’entre nous prend sa part. Mon premier message est ainsi un appel. Un appel à l’esprit de responsabilité des six millions d’entre vous qui n’ont encore reçu aucune dose de vaccin [32]. Vaccinez-vous ! [33] Vaccinez-vous pour vous protéger. La vaccination est ouverte à tous, sauf aux enfants de moins de 12 ans. Je rappelle qu’une personne vaccinée à 11 fois moins de chance de se retrouver à l’hôpital, en soins critiques [34]. Je rappelle aussi que des milliards d’individus sur la planète ont déjà eu le vaccin et que nous avons maintenant déjà un certain recul [35]. Vaccinez-vous pour pouvoir vivre normalement. Avec le vaccin il vous sera possible d’obtenir un passe sanitaire, et ainsi de vous rendre librement dans les cafés, les restaurants, les lieux de cultures, de sports, de loisirs, sans tests PCR [36] ».
[31] Non, vous en avez trop fait. Il n’était pas nécessaire de vacciner autant de personnes. La vaccination anti-covid n’était justifiée que chez les seuls vulnérables et fragiles. Vous avez sans aucune précaution, exposé aux événements indésirables des vaccins les Françaises et les Français jeunes, en bonne santé et tous ceux qui ne risquaient pas de faire une forme grave et n’aurait donc pas tiré un bénéfice de la vaccination. Encore et toujours la médecine qui en fait trop.
[32] Qu’est-ce que c’est que cette manière de stigmatiser une fois de plus les non-vaccinés. Mais, c’est leur affaire. Vous n’avez pas à vous en mêler, encore moins à tenter de manipuler les opinions, et de dresser les uns contre les autres. Alors que la vaccination n’empêche nullement les transmissions. Alors que votre stratégie à la gomme et dispendieuse de « tester, contacter, isoler » (Voir ma chronique N°55 : ici), n’a jamais été capable d’identifier plus d’un sixième des personnes contagieuses, elle est où la responsabilité ? Vos arguments sont fallacieux. Vous qui avez piétiné les droits les plus élémentaires des malades à décider d’être ou de ne pas être vacciné, de se faire ou de ne pas se faire tester, d’être ou de ne pas être masqué…
[33] Vous avez entendu, il emploie l’impératif. Ce sont des ordres qu’il nous donne…
[34] Cette affirmation est une imposture totale. De toute évidence l’étude EPI-PHARE qui l’a produite (sans doute sur commande), est frauduleuse. J’avais espéré que devant une suspicion aussi grave de la part d’institutions publiques (l’ANSM et l’Assurance maladie), une enquête de l’IGAS soit diligentée au plus vite (Voir ma chronique N°74 : ici). Avoir osé la proférer lors de votre allocution en fait un mensonge d'État...
[35] Quel recul pouvez-vous avoir Monsieur le Président, alors que près de 600 000 cas individuels pour lesquels un ou plusieurs événements indésirables ont été déclarés dans la base de données Eudravigilance rien que pour le vaccin « COMIRNATY® » de Pfizer/BioNtech ? Qui fera l’expertise de ces déclarations qu’il faudra confronter aux dossiers médicaux complets de chaque cas pour pouvoir statuer sur l’imputabilité au vaccin des événements indésirables déclarés ? Où sont ces experts ? Combien de dossiers ont-ils déjà été examinés sérieusement ? En réalité, et vous le savez bien, nous ne saurons jamais quelle aura été la réalité des événements indésirables imputables aux quatre vaccins qui ont été autorisés en France, et cela vous arrange bien !
[36] Mon Dieu, quelle ignominie que cette discrimination des non-vaccinés, aussi injuste qu’inefficace sur le plan sanitaire. Un odieux chantage à la vaccination, monnaie d’échange de leurs libertés suspendues. Suspendus comme le sont les professionnels de santé non-vaccinés, privés en plus de leurs salaires. Immonde Présidence de la République !
Emmanuel Macron « Les plus vulnérables sont nos aînés et ceux qui souffrent d’obésité, de maladies cardiovasculaires, de maladies respiratoires, ou de diabète sévère. Toutes les études montrent en effet que six mois après le vaccin, l’immunité diminue, et donc, que le risque de développer une forme grave réaugmente. La solution à cette baisse d’immunité, est l’injection d’une dose de vaccin supplémentaire. Ce qu’on appelle, le rappel. Une campagne a été lancée depuis la fin de l’été pour tous les plus de 65 ans et les plus fragiles. Il nous faut aujourd’hui l’accélérer. Si vous avez été vacciné il y a plus de six mois, je vous appelle à vous protéger [37] en prenant rendez-vous dès maintenant, auprès d’un centre de vaccination, de votre médecin ou de votre pharmacien. Il est possible de faire ce rappel en même temps que le vaccin contre la grippe. À partir du 15 décembre, il vous faudra justifier d’un rappel pour prolonger la validité de votre passe sanitaire [38]
[37] Encore une fausse promesse du chef de l’État. L’étude clinique randomisée évaluant l’efficacité d’une troisième dose du vaccin Pfizer/BioNtech versus placebo, menée par la firme américaine chez 10 000 participants, dont les résultats ont été partiellement publiés, non pas dans une grande revue médicale, mais dans deux communiqués de la firme, n’a pas démontré que le rappel permettait d’éviter une hospitalisation, une forme grave, un séjour en soins intensif, ou un décès (Voir ma chronique N°76 juste après le commentaire [22] : ici). Cela questionne fortement l’intérêt de cette troisième dose…
[38] Une nouvelle obligation vaccinale déguisée, cette fois-ci pour contraindre à la troisième dose, avec un ultimatum rapproché au 15 décembre.
Emmanuel Macron « Les personnes qui ont moins de 65 ans, voient aussi la protection conférée par le vaccin, diminuer au fil du temps. D’ailleurs, au moment où je vous parle, plus de 80% des personnes en réanimation ont plus de 50 ans [39]. C’est pourquoi une campagne de rappel sera lancée à partir du mois de décembre pour nos compatriotes âgés de 50 à 64 ans [40]
[39] Formuler ainsi, laisse à croire que le risque d’aller en réanimation démarre à 50 ans. Comme il est facile de manipuler l’opinion avec des chiffres, lorsque l’on veut faire peur. Il est bien préférable de donner une information complète et non pas tronquée. La réalité des taux d’occupation des lits en réanimation par tranche d’âges, montre à quel point cette phrase réductrice est trompeuse. Effectivement, les plus de 50 ans représentaient 82% des lits de soins intensifs le jour de l’allocution présidentielle. Mais, parmi cette population les 50-59 ans représentent seulement 21,3% (17,5/82), les 60-69 ans 37,3 % (30,6/82), les 70-79 ans 32,4%, les 80-89 ans 8,4% (6,9/82) et les 90 ans et plus, un microscopique 0,9%. Autant dire que ces deux dernières tranches d’âges sont exclues des soins intensifs à l’hôpital (Voir ma chronique N°7 « Nos aînés, les plus de 75 ans, ont été massivement exclus des réanimations » : ici)
[40] Quel bénéfice à attendre de ce rappel, si l’essai randomisé de Pfizer portant sur l’efficacité de la troisième dose, conduit chez 10 000 participants (âge médian de 53 ans, 55,5% des participants étaient âgés de 16 à 55 ans, et seulement 23,3% avaient 65 ans ou plus), n’a pas permis de montrer une réduction des hospitalisations, des formes sévères, des séjours en soins intensifs, ni même des décès ?
Emmanuel Macron « Dans ce contexte de reprise épidémique, il nous faut en même temps redoubler de vigilance. Tous les assouplissements, un moment envisagés, seront donc reportés pour conserver les règles actuellement en vigueur. Même si je sais combien cela est difficile, le port du masque à l’école sera donc pour le moment maintenu [41]. L’application des gestes barrières protège autant contre le covid-19 que contre les maladies contagieuses de l’hiver [42], doit aussi faire l’objet d’une attention accrue. Nous avions tous un peu relâché nos efforts, et c’est bien normal. Il faut donc les reprendre. Les contrôles pour l’application du passe sanitaire dans les établissements concernés et pour les entrées dans les ports, les aéroports, les gares, seront renforcés ».
[41] Soit il ignore l’inefficacité démontrée des masques à réduire les contaminations de maladies infectieuses à virus respiratoires, et c’est un signe d’incompétence notoire et d’incapacité à s’être entouré d’experts médicaux dignes de ce nom. Soit cela ressemble à de la malveillance ou du sadisme (je remets la définition du Petit Larousse Illustré 2020 « Cruauté, plaisir à faire souffrir les autres »). Faire croire à la population qu’elle est protégée avec le port du masque, alors que ce n’est pas du tout le cas, peut par exemple conduire à relâcher la distanciation physique et le lavage des mains, seules barrières présentant une relative efficacité, peu documentée d’ailleurs. Bien sûr que les bons peuples de France, de Navarre et d’ailleurs, face à une pandémie du type de la covid, préfèrent toujours se rassurer et croire aveuglément au pouvoir filtrant des masques. Alors qu’il ne fait plus de doute que le principal mode de transmission du covid et des autres virus respiratoires, ne se fait pas par des grosses gouttelettes, mais en inhalant des aérosols de virions capables de rester dans l’air pendant des heures, une dizaine d’études cliniques randomisées bien conduites attestent de leur incapacité à faire barrage au virus (Voir notamment la fin de ma chronique N°77 qui traite de ce sujet : ici)
[42] Et l’épidémie de bronchiolite, vous l’expliquez comment ?
Après avoir consacré exactement 8 minutes et 30 secondes à sa gestion de la crise sanitaire, Emmanuel Macron, revêtant le costume de Président candidat à la présidence, va alors employer les 18 minutes et 48 secondes restantes de son allocution, soit près de 70 % de son temps d’antenne, à dresser un auto-bilan flatteur de son quinquennat, et présenter son programme de campagne. Celles et ceux qui souhaitent réécouter l’intégralité de son allocution, pourront le faire en cliquant sur ce lien : ici). Nous nous contenterons ici, de souligner un autre point saillant de son intervention, la santé retrouvée de notre économie au travers de son PIB.
Emmanuel Macron, Candidat non encore déclaré à sa réélection comme Président de la République « Cette stratégie du « quoi qu’il en coûte », couplée aux 100 milliards du plan de relance que nous avons décidé grâce à notre initiative européenne, non seulement nous a permis de résister à la crise, mais de rebondir, plus fort aujourd’hui. Notre croissance dépasse les 6%. La France est en tête des grandes économies européennes [43] »
[43] Quel mensonge ! Quelle audace ! Il nous prend pour des idiots. « La France en tête des économies européennes ». Non seulement, les dernières prévisions vues plus haut de l’OCDE, tablent sur une croissance du PIB T4 2022 versus T4 2019 plus du double en Suède qu’en France, mais nous faisons même moins bien que la moyenne des 22 pays de l’Union européenne, également membres de l’OCDE…
Le 13 novembre 2021, Clémentine Autain, La France Insoumise, réagissait sur France Info à l’allocution présidentielle (réécoutez cette interview : ici).
Jules de Kiss, animateur radio sur France Info « Toutes les oppositions s’accordent à le dire, le président Emmanuel Macron est un président en campagne, qui cacherait son jeu pour le moment, en tout cas. Et l’allocution présidentielle de mardi dernier, un point sur la situation sanitaire avant de détailler un programme économique et une vision pour la France, a remis une pièce dans la machine. C’est l’avis de Clémentine Autain, députée « La France Insoumise », de Seine-Saint-Denis, soutien de Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle. Elle était l’invitée du 8h30 France Info, ce matin ».
Clémentine Autain « Moi, j’ai écouté le président de la république. Euh, c’est un discours de campagne. D’ailleurs, il s’est fait une promotion quand même, extraordinaire, aux frais du contribuable. Puisque sous couvert d’intervention sur le covid, on a vu qu’il nous présentait à la fois un bilan très flatteur de ses quatre années de mandat… »
Jean-Rémi Baudot ou Ersin Leibowitch « Vous voulez dire qu’il est déjà en campagne ? »
Clémentine Autain « et qu’il était, et qu’il était déjà en train de nous expliquer la suite. C’est-à-dire, un discours de candidat. Euh, un discours de candidat. Et ce discours de candidat, euh, est clairement à droite. Et ce qu’il a dit sur les chômeurs, fait partie des choses les plus choquantes avec les retraites aussi. Euh, aussi des choses sur l’environnement. Mais, je dirais, moi, ce qui m’a vraiment, vraiment heurté, c’est ce qu’il a dit sur les chômeurs. Traiter des gens de faignants, estimer qu’on se la coule douce avec le RSA, c’est inadmissible. Donc, nous ce qu’on propose, c’est d’avoir une politique d’abord d’investissement, notamment dans la transition écologique pour créer de l’emploi, notamment aussi dans les métiers du soin. Je vous parlais de l’hôpital tout à l’heure, pour créer de l’emploi et enclencher une dynamique. Par ailleurs, il faut que à gauche, nous remettions à l’ordre du jour, la question du partage du temps de travail, et donc de la réduction du temps de travail. Parce que si elle se fait de façon massive, elle est de nature à créer de l’emploi. Par ailleurs, il faut qu’on aille chercher de l’argent pour tout cet investissement et qu’on arrête d’abreuver des grands groupes qui continuent y compris au moment de la crise du covid, à donner des profits pharamineux, pendant qu’ils suppriment des postes. Je pense… »
Jean-Rémi Baudot ou Ersin Leibowitch « Est-ce que ça, c’est de nature à rassembler la gauche autour de votre programme ? On voit qu’aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon, est globalement le mieux placé, euh, à gauche. Mais, il ne semble pas en mesure de rassembler. Car il y a des problèmes programmatiques. Il y a des tas de sujets sur lesquels les candidats de gauche au sens large, ne sont pas d’accord. Comment est-ce que demain, vous pouvez rassembler ? Et si vous ne le faites pas, vous ne serez pas au deuxième tour ».
Clémentine Autain « Euh, écoutez, ce qu’il faut c’est maintenant rassembler dans le pays. Moi, vous savez, j’avais pris une initiative, notamment avec ma collègue communiste, Elsa Faucillon et d’autres, au lendemain des Européennes. C’était le big bang dans la gauche sociale et écologique. Et à ce moment-là, nous avions dit, il faut enclencher un processus pour se parler. Se parler entre le mouvement social et l’espace politique. Se parler entre partis de gauche… »
Jean-Rémi Baudot ou Ersin Leibowitch « Et vous avez l’impression que ça fonctionne pour l’instant ? »
Clémentine Autain « Non, ce que je suis en train de vous dire, c’est que nous n’avons pas réussi notre pari. Voilà. Mais je pense que nous avions le bon timing. C’est-à-dire que c’était à ce moment-là qu’il fallait se mettre au travail, prendre les questions les unes après les autres, et chercher à travailler des convergences. Nous n’avons pas réussi. Maintenant, je vous le dis, vous voyez, je regarde ma montre. Euh, l’élection présidentielle est dans 5 mois. Voilà, c’est comme ça… Voilà, c’est dans 5 mois »
Jean-Rémi Baudot ou Ersin Leibowitch « Est-ce que Jean-Luc Mélenchon est trop intransigeant ? Est-ce qu’il devrait plus tendre la main à ses partenaires de gauche ? »
Clémentine Autain « Là, la question, c’est de convaincre les Français, maintenant. Nous avons le paysage politique. Je ne crois pas. Peut-être va-t-il bouger. Peut-être peut-on encore le faire bouger. Mais, le plus probable, c’est qu’on n’y arrive pas. Donc, moi je pense que Jean-Luc Mélenchon, parce qu’en effet, il est le mieux placé à gauche, et aussi parce qu’il porte un projet cohérent, de rupture, sociale et écologique. Qu’il arrive à allier ces deux enjeux [44] hein, on l’a dit, la crise sociale et la crise climatique, c’est quand même deux enjeux fondamentaux et nous les articulons, il les articule. D’accord, de façon à mon sens la plus cohérente [45]. Donc, c’est pourquoi je le soutiens. Donc, maintenant, il faut en effet aller convaincre les Français [46], devant le raz de marée… »
Clémentine Autain, imperturbable « parce que l’on parle, là, mais, vous vous rendez compte de ce qui se passe dans ce pays. C’est-à-dire que, on a un déferlement. Un concours Lépine d’idées fachistes, comme j’en ai rarement vu. Vous avez vu le porte-parole du Rassemblement Natio… ».
Jean-Rémi Baudot ou Ersin Leibowitch « On va devoir s’arrêter là »
Clémentine Autain « National, qui explique que, il faut laisser mourir de froid les migrants. Vous entendez Éric Zemmour, avec toutes ses horreurs, non seulement racistes, mais aussi misogynes. Dans ce climat-là, avec un Macron qui marche à droite, et une droite qui coure après l’extrême droite. Franchement, notre responsabilité est immense. Donc, je suis lucide, mais déterminée. Il faut construire, convaincre, et que ce cœur de gauche, qui existe, en fait, dans les têtes en France… »
Jean-Rémi Baudot ou Ersin Leibowitch « Merci, merci, Clémentine Autain…[47] »
Clémentine Autain « Il est là, hein. Puisse trouver une traduction politique ».
Jules de Kiss « Clémentine Autain, députée « La France Insoumise », Seine-Saint-Denis, invitée du 8h30 au micro de Jean-Rémi Baudot et d’Ersin Leibowitch ».
[44] À ce moment précis, alors qu’elle n’avait pas terminé son propos, le jingle marquant la fin de l’émission « les bien mal informés » commence à retentir, comme pour lui couper la parole et la pousser vers la sortie. Forcément, Clémentine Autain gêne les journalistes macronistes de France Info…
[45] Soupir de l’un de Jean-Rémi Baudot ou d’Ersin Leibowitch dans un micro ouvert et qui s’entend à l’antenne. Geste très certainement d’impatience ou d’agacement…
[46] Jean-Rémi Baudot ou Ersin Leibowitch, se faisant plus (op)pressants « Bien ».
[47] Quelle goujaterie !
Voir aussi : Emmanuel Macron, arrêtez de dire n’importe quoi !
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